























Le roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud (1906-1975) était le troisième roi du Royaume de l’Arabie Saoudite et le troisième fils du roi Abdelaziz. Il monta sur le trône en 1964, succédant à son frère, roi Saoud ben Abdelaziz . Il régna pendant onze ans, avant d’être assassiné en 1975. Le roi Fayçal était connu pour ses opinions concernant la défense des causes arabes, de l’unité du monde arabe et de la solidarité islamique. Son successeur fut le roi Khaled ben Abdelaziz.
Le roi Fayçal ben Abdelaziz
De son nom complet, Fayçal ben Abdelaziz ben Abderrahmane ben Fayçal ben Turki ben Abdallah ben Mohammed ben Saoud ben Mohammed ben Muqrin ben Markhan ben Ibrahim ben Musa ben Rabi’ah ben Mani’ al-Muraydi de Banu Hanifah, de Bakr ben Wail, de Rabi’ah ben Nizar, de Ma’ad ben Adnan.
Le roi Fayçal est né dans la ville de Riyad en avril 1906, à l’époque où son père avait remporté la victoire sur son adversaire, Ibn Rashid, lors de la bataille de Rawdat Muhanna. Nommé après son grand-père, Imam Fayçal ben Turki, il est le deuxième Imam du deuxième État saoudien. Sa mère était Tarfa bint Abdallah ben Abdellatif Al al-Cheikh. Elle est décédée cinq mois après lui avoir donné naissance. Il a alors été élevé par sa grand-mère maternelle, Haya al-Muqbel, dans la maison de son grand-père, Cheikh Abdallah ben Abdellatif.

L’éducation du roi Fayçal
Le roi Fayçal apprit à lire le coran dès son plus jeune âge et en termina la lecture à l’âge de neuf ans. Il a également appris à lire et à écrire au kuttab, l’enseignement traditionnel qui prévalait dans la péninsule arabique à cette époque. Son grand-père du côté de sa mère, Cheikh Abdallah ben Abdellatif Al al-Cheikh, lui inculqua une éducation religieuse. Son père, le fondateur, lui transmit par ailleurs des connaissances équestres, politiques et sur le tir, parmi d’autres nobles leçons. Le roi Fayçal était connu pour son courage, sa sagesse et sa sagacité dès l’enfance.
Il passa sa prime jeunesse dans la maison de son grand-père maternel et continua à y résider jusqu’à partir en Europe pour la première fois en 1919. À son retour, il grandit au sein de sa famille paternelle. Il reçut une grande attention de la princesse Hussa al-Sudaira, la femme du roi Abdelaziz et la mère de ses frères, le roi Fahd et le Gardien des deux Saintes Mosquées, le roi Salmane. De retour auprès de son père, il obtint une expérience pratique dans les domaines de la politique et des affaires militaires, apprit l’art de la négociation en temps de paix et de guerre. Il apprit aussi de son père, la discipline, la patience et la prudence.
La personnalité du roi Fayçal
L’éducation sociale précoce du roi Fayçal a eu une grande influence sur son éloquence. Il se distinguait notamment par ses compétences linguistiques en arabe. C'était un fin tacticien, sachant décrire précisément ses projets, tout en évitant les sujets qu’il ne souhaitait pas aborder. Selon certaines sources, il est décrit comme une personnalité réservée, contemplative et silencieuse. C’est quelqu’un qui écoute beaucoup, parle avec parcimonie, choisit soigneusement ses mots, a tendance à être concis et se renseigne souvent sur les moindres détails de n’importe quel sujet qui lui est présenté. Le roi Fayçal s’est distingué comme le membre de la famille responsable des négociations internationales dans les relations diplomatiques du Royaume de l’Arabie Saoudite en raison de sa nature à s’adapter rapidement. Il a démontré une aptitude à facilement s’adapter, indépendamment de l’environnement général. Il était dans ses habitudes de montrer ouvertement ses émotions en public, rendant difficile la distinction entre ses pensées et ses sentiments.
L’une de ses qualités était l’humilité ; il refusait de laisser quiconque, y compris ses propres enfants, baiser sa main. Ce refus concernait tout le monde, quel que soit leur lien ou leur statut. Il était également connu pour sa simplicité, sa loyauté, sa générosité, sa dignité, son estime de soi, sa tolérance, son honnêteté, son sens de l’organisation et son empathie. Il était décrit par ses qualités, telles que la patience et la prévoyance. Il possédait une connaissance approfondie de la négociation avec tout type de personnalité. Selon ses proches, il ne prenait pas de décisions hâtives et fuyait l’extravagance. Impartialité et objectivité étaient ses maîtres-mots, même en cas de désaccord.
Le rôle du roi Fayçal ben Abdelaziz dans l’unification du Royaume de l’Arabie Saoudite
Contribution militaire
Le roi Fayçal a fait ses premiers pas dans les affaires politiques et militaires à un jeune âge, y passant près de cinquante-huit ans d’histoire, à commencer par son premier engagement. Ce processus s’est déroulé sur trois périodes : le règne de son père, le roi Abdelaziz, le règne de son frère, le roi Saoud, et enfin son propre règne à travers lequel il a acquis de l’expérience dans divers domaines. Il commença très tôt, sous le règne de son père, son engagement militaire par l’accompagnement de ce dernier à la bataille de Yatib, au sud-est de la ville de Haïl, en 1918, à l’âge de neuf ans. Par la suite, il rejoignit son frère, le prince Saoud, pour la bataille de Shaiba à Haïl en 1920.
En 1922, il mena une campagne militaire à Asir afin de faire face aux troupes d’Al Aied qui y régnaient, marquant ainsi son premier commandement de brigade. Au succès de sa campagne, il rentra à Abha, le siège administratif de la province d’Asir, et l’intégra à la législation saoudienne avant de retourner à Riyad. En 1925, il participa au siège de la ville de Djeddah, aux côtés des forces armées de son père. Le siège se conclut par la reddition de la ville, le départ de Sharif Ali et l’arrivée du roi Abdelaziz à Djeddah la même année. En 1934, il prit le commandement d’un secteur des forces saoudiennes du Hedjaz en direction du Yémen. Cette campagne était à la fois une victoire politique et militaire, se traduisant par la signature du Traité de Taïf en 1934. Ce traité résolut tous les conflits frontaliers entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et le Yémen.
Ses participations et son travail diplomatiques
Sur le plan politique, le roi Fayçal dirigea plusieurs délégations représentant le Royaume de l’Arabie Saoudite lors de visites et d’événements officiels. Il accomplit sa première mission à l’âge de treize ans. Parmi ses participations notables :
1919 : la visite officielle de l’Angleterre au nom de son père, sur invitation du roi George V à participer aux célébrations de la victoire de la Première Guerre mondiale. Il se rendit ensuite en France en réponse à une invitation similaire, puis en Belgique. Le voyage dura environ six mois, faisant de lui le premier membre de la famille Al Saoud à se rendre en Europe de l’Ouest. Ce voyage marqua le début de sa grande implication dans les affaires étrangères tout au long de sa vie.
1924 : il a émis sa première déclaration politique officielle au nom du Royaume de l’Arabie Saoudite depuis Riyad intitulée Pour la Vérité et l’Histoire en réponse à un article publié par Sharif Hussein et ses sympathisants contre son père. Il émit une autre déclaration deux mois plus tard, faisant de lui le premier porte-parole officiel du Royaume de l’Arabie Saoudite. La même année, le roi Fayçal signa, au nom de son père, la déclaration de conclusion de la Conférence de Riyad. Cette dernière s’est tenue en considération de la loi en vigueur de Sharif Hussein sur la prévention des habitants de Nejd sur la pratique du Hajj pour la cinquième année consécutive. La déclaration officialisa la guerre contre Sharif Hussein.
1926 : il dirigea une délégation diplomatique en Europe afin d’améliorer les relations politiques avec ces pays, nommément l’Angleterre, la France et les Pays-Bas. Le voyage dura près de deux mois. Environ cinq mois après son retour, il représenta son père dans les négociations avec Sir Gilbert Clayton. Celles-ci se conclurent par la signature du Traité de Djeddah dans lequel l’Angleterre reconnut l’entière indépendance du règne du roi Abdelaziz.
1932 : le roi Fayçal embarqua pour son troisième voyage en Europe, marquant sa première visite en tant que ministre des Affaires étrangères saoudien. Au cours de son séjour, il se rendit en Italie, en Suisse, en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne et en Union soviétique. À son retour, il se rendit en Turquie, en Iran et en Irak, pendant une période de trois mois.
1932 : il signa, au nom de son père, le décret déclarant l’unification du Hedjaz et du Nejd en un État unique nommé le Royaume de l’Arabie Saoudite.
1933 : il présida le Conseil des agents et le Conseil de la Choura pour le serment d’allégeance de son frère, le roi Saoud, à la suite de l’émission d’un édit royal à cette fin. Il a également reçu le serment d’allégeance de la part du grand public pour son frère Saoud au bureau du gouvernement du Hedjaz. Plus tard, il se rendit à Riyad, conduisant une délégation à participer à la cérémonie d’annonce du serment d’allégeance.
1939 : il mena une délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence des représentants des gouvernements arabes indépendants se tenant au Caire concernant le problème palestinien en vue de préparer la Conférence de Londres. Lors de cet événement, il rencontra le roi Farouk. Il dirigea par la suite une délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence de Londres, la Conférence de la Table ronde organisée pour discuter de la question de la Palestine.
1943 : en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, le roi Fayçal a signé des accords d’amitié et relation de bon voisinage, de sécurité et d’entente économique avec l’État du Koweït. Il a également représenté son père lors d’une visite aux États-Unis en réponse à une invitation du président Franklin Roosevelt, accompagné par son frère, le prince Khaled. Ce voyage a marqué leur première visite aux États-Unis. À leur retour, ils se sont rendus en Angleterre sur une invitation du roi George VI, qu’ils ont rencontré, ainsi que le Premier ministre Winston Churchill. Il s’est ensuite rendu en Algérie pour rencontrer le président Charles de Gaulle, chef de la France Libre à cette époque, à son quartier général. Cette rencontre a donné suite à une invitation officielle au nom de la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Après quoi, il s’est rendu en Tunisie et au Caire, où il est resté dix jours, avant de rentrer à Riyad. Ce voyage dura environ trois mois.
1945 : il participa à la réunion de Radhwa entre son père et le roi Farouk, qui s’était rendu au Royaume de l’Arabie Saoudite. La même année, il présida la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence de San Francisco, où il signa la Charte des Nations Unies au nom du Royaume, en vertu duquel ce dernier devint membre de l’organisation internationale. Son père délégua ensuite à son frère, le prince Mansour, alors ministre de la Défense, et à lui, la visite en Syrie et la participation aux célébrations marquant le premier anniversaire du retrait français. Lors de cette visite, il rencontra le président Shukri al-Quwatli. Par la suite, il se rendit à Beyrouth et s’entretint avec le président Bechara al-Khoury. Environ cinq mois plus tard, invité par la Ligue arabe, il mena la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence d’Alexandrie, pour discuter de la question de la Palestine en vue de préparer les négociations britanniques à ce sujet. Il a ensuite mené la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence de Londres sur la Palestine, sur invitation du gouvernement britannique.
1946 : il se rendit aux États-Unis à la suite de la première séance des Nations Unies à Londres. Lors de cette visite, il s’entretint avec le président Truman pour échanger au sujet des relations bilatérales entre les deux pays et de la question de la Palestine. Il se rendit aussi en Jordanie, en réponse à une invitation officielle du roi Abdallah, pour discuter également de cette même question. Il mena la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite aux réunions des Nations Unies à New York, au cours de sa deuxième séance ordinaire, axée sur la question de la Palestine et du plan de partage. Il s’opposa fermement au plan au nom des délégations arabes, avertissant qu’il marquerait le début de troubles au sein du Moyen-Orient. Le voyage dura environ quatre mois.
1947 : il présida la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite lors des réunions des Nations Unies à New York à la suite de l’approbation du plan de partage. Il annonça son rejet de la décision et la non-conformité du Royaume de l’Arabie Saoudite vis-à-vis de celle-ci. En outre, il mena la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite à la Conférence des chefs d’État et des représentants des gouvernements de la Ligue arabe au Caire visant à débattre de leur position à la suite de la décision de partition.
1948 : il rencontra le roi Abdallah de Jordanie lors d’une visite officielle au sein du Royaume de l’Arabie Saoudite, sur invitation du roi Abdelaziz. Il mena la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite aux réunions des Nations Unies tenues à Paris, où il présidait le groupe arabe.
1951 : il signa, au nom du Royaume de l’Arabie Saoudite, le Traité de défense commune entre les États membres de la Ligue arabe.
1953 : il rencontra le président libanais Camille Chamoun lors d’une visite officielle, au sein du Royaume de l’Arabie Saoudite, le 7 février, sur invitation du roi Abdelaziz. Plus tard, il se rendit aux États-Unis et rencontra le président Eisenhower, le 2 mars, à la Maison-Blanche. Les deux parties se sont entretenues en privé afin de discuter de la situation du Moyen-Orient, en la présence du secrétaire d’État des États-Unis, Dulles. Il accueillit le président égyptien Mohammed Naguib, à l’aéroport deTaïf le 3 septembre, lors de sa visite au Royaume de l’Arabie Saoudite pour la saison du Hadj.

Les postes officiels précédant son règne
Ministère des Affaires étrangères
Le roi Fayçal ben Abdelaziz était le Premier ministre des Affaires étrangères du Royaume de l’Arabie Saoudite et celui qui a occupé ce poste le plus longtemps, soit approximativement 45 ans (1930-1975). Depuis le décret du roi Abdelaziz transformant la Direction des Affaires étrangères en ministère des Affaires étrangères, ce dernier nomma le roi Fayçal, alors âgé de 25 ans, comme son ministre. Il est resté en fonction au poste de ministre des Affaires étrangères jusqu’à sa mort. Depuis sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, et sous le règne de son père, il a effectué plusieurs missions et voyages à l’étranger pour renforcer les relations diplomatiques entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et d’autres pays, à commencer par l’Europe, les États-Unis et les pays arabes et islamiques, et ce pendant environ 23 ans. Le Royaume de l’Arabie Saoudite acquit un haut statut au sein des cercles et des forums internationaux et arabes. Il fut l’un des membres fondateurs des Nations Unies en 1945, et un membre actif de celles-ci et de la Ligue des États arabes la même année. Il défendit les causes et les intérêts des pays arabes et islamiques, gagnant le respect et l’appréciation au sein des forums internationaux. Il fut désigné par les délégations arabes comme leur porte-parole officiel. En 1947, les délégations arabes se sont mis d’accord à la conférence des Nations Unies pour nommer le roi Fayçal comme leur porte-parole officiel. Cette nomination lui a permis de connaître les représentants régionaux et internationaux dans le domaine des affaires diplomatiques. Il a également reçu les plus hauts honneurs des rois et des présidents des différents pays.
Vice-royauté de Sa Majesté le Roi
Le 13 janvier 1926, il fut nommé vice-roi du Hedjaz, agissant comme le chef des départements officiels au titre de la « vice-royauté de Sa Majesté le Roi ». Il devint le premier vice-roi du Hedjaz au sein de l’État saoudien moderne. Le roi Fayçal était responsable du pèlerinage, fournissant des provisions et des soins aux pèlerins, et recevait les délégations officielles du Hajj et les représentants de gouvernement. Le 29 août 1926, il se chargea de la présidence du Conseil de la Choura , en plus de sa fonction de vice-roi.
Présidence du Conseil des agents
Le roi Fayçal occupa le poste de président du Conseil des agents le 14 janvier 1932, après la promulgation de la loi sur le Conseil des agents. Le roi Fayçal fut nommé président du conseil, supervisant les départements suivants : cour royale, affaires étrangères, finance, militaire, conseil de la choura, intérieur, présidence du système judiciaire et les princes des régions affiliées.

Prince héritier et président du Conseil des ministres
Après la passation du roi Abdelaziz le 8 novembre 1953, son fils, le prince Saoud ben Abdelaziz, devint le roi du Royaume de l’Arabie Saoudite. Le prince Fayçal fut nommé comme prince héritier et occupa le poste de président du Conseil des ministres. . En tant que Premier ministre et président du Conseil de la Choura , le prince Fayçal initia les occasions d’emploi généralisées à tout l’État. Le prince Fayçal a conservé ses fonctions de ministre des Affaires étrangères.
Au cours de cette période, le roi Fayçal a élaboré la politique étrangère du Royaume de l’Arabie Saoudite, centrée sur l’unité et la solidarité arabe, adoptant une position opposée à la présence coloniale dans la région. Il a soutenu les mouvements de libération arabe contre le colonialisme. Il présida la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite lors d’une réunion d’urgence des chefs d’État arabe au Caire. Celle-ci fut convoquée par Gamal Abdel Nasser au siège de la Ligue arabe le 22 janvier 1955 pour discuter du Pacte de Bagdad et de son opposition. Il mena également la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite lors de la Conférence de Bandung ou la Conférence afro-asiatique en Indonésie le 18 avril 1955, pour aborder la cause de la Palestine, une conférence qui a renvoyé les participants au non-alignement.
Le 27 octobre 1955, le roi Fayçal signa, au nom du roi Saoud, l’accord de défense commune avec l’Égypte, que le Yémen a rejoint le 21 avril 1956. Parmi ses résultats était la mise en œuvre du commandement arabe commun, qui a duré jusqu’à l’union de l’Égypte et de la Syrie. Le 20 avril, il participa à la réunion de Djeddah, tenue entre le roi Saoud, Gamal Nasser, Imam Ahmed et les parties signataires du Pacte de sécurité de Djeddah, qui constituait l’accord de défense commune. À la suite de l’agression tripartite (Royaume-Uni, France, Israël) contre l’Égypte, le roi Fayçal, en tant que Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, a exprimé, dans une déclaration officielle du 29 octobre 1956, qu’il soutenait pleinement l’Égypte contre les agresseurs et a déclaré la mobilisation générale pour la mise en œuvre de l’accord de défense conjoint. Le Royaume de l’Arabie Saoudite offrit la possibilité à ses citoyens de se porter volontaires pour défendre l’Égypte. De plus, il arrêta l’exportation de pétrole saoudien vers l’Angleterre et la France, et cessa les relations diplomatiques avec ces derniers.
L’élaboration des politiques intérieure et étrangère du Royaume de l’Arabie Saoudite
Le 24 mars 1958, le roi Saoud transmit tous ses pouvoirs au roi Fayçal par décret royal et ce dernier assuma ses nouveaux devoirs. En avril 1959, le prince Fayçal prit la direction du ministère de l’Intérieur en plus de ses autres responsabilités. Il géra aussi les affaires de l’État en l’absence de son frère, le roi Saoud, en voyage à l’étranger pour des raisons de santé en novembre 1961. Au retour du roi Saoud, le prince Fayçal fut nommé vice-premier ministre, tout en conservant ses fonctions de ministre des Affaires étrangères. Il inaugura la Conférence des délégations du monde islamique à La Mecque, tenue après la saison du Hadj, aspirant à échanger sur les problématiques islamiques. La conférence se conclut par la création de l’Organisation de la coopération islamique, dont le siège fut établi à La Mecque.
Le 15 septembre 1962, il entreprit des voyages aux États-Unis pour assister aux séances ordinaires de l’Assemblée générale des Nations Unies. Lors de cette visite, il assista à la réunion des ministres des différents États arabes et s’entretint avec le président John F. Kennedy à la Maison-Blanche. Le président Kennedy fut impressionné par sa personnalité et ses aptitudes en politique. Au retour du roi Fayçal à Riyad, il se chargea de la présidence du Conseil des ministres. Il constitua un nouveau gouvernement le 31 octobre 1962, qui resta en place tout au long de sa vie et que son successeur, le roi Khaled, conserva par la suite.
Le roi Fayçal travailla sur la réforme intérieure, ainsi que la construction et le développement des forces armées saoudiennes. Lors de la première réunion tenue par son nouveau gouvernement le 6 novembre 1962, il fit une déclaration historique constituant en un programme de réforme intégrale en dix parties. Dans sa déclaration, il a annoncé la promulgation imminente de la Loi fondamentale de la gouvernance, de la Loi sur les provinces, de la Loi sur le système judiciaire, la création d’un Conseil de l’Ifta, la réforme de la Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, ainsi que l’amélioration des normes sociales et économiques.
En juin 1963, le roi Fayçal émit un décret royal pour la création de la Société saoudienne du Croissant-Rouge visant à superviser les services ambulanciers et accomplir ses missions humanitaires. En septembre 1963, il mena la délégation du Royaume de l’Arabie Saoudite lors de la séance ordinaire des Nations Unies. En outre, un décret royal fut émis en octobre 1963 concernant la réglementation de l’administration locale des provinces. La Loi des provinces évoquée plus haut définissait les missions des gouverneurs provinciaux, délimitait leurs pouvoirs et exposait la procédure de sélection des conseils locaux. En outre, le Conseil des ministres, présidé par le roi Fayçal, a adopté plusieurs réglementations, dont l’adoption du système métrique pour les poids et mesures, et la Loi sur les matériaux imprimés pour réglementer la presse et mettre fin aux privilèges individuels des journaux et des magazines, en les transformant en institutions de presse. Le conseil adopta la création d’un Haut Comité pour la réforme administrative présidé par le Premier ministre et constitué des ministres de la Défense, du Pétrole, des Transports et de l’Information.
Le roi Fayçal a poussé les dirigeants arabes à surmonter leurs différences au cours du premier Sommet arabe au Caire le 13 janvier 1964, portant sur la crise du Jourdain et ses affluents. Cette question fut soulevée par l’amorce d’un projet israélien pour détourner le cours du Jourdain. Le roi Fayçal rencontra le Bureau des biens du Comité de médiation arabe le 24 février 1964, afin de résoudre le différend entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et l’Égypte, conformément aux résolutions prises lors du premier Sommet arabe. L’entretien se conclut par l’annonce de la restauration des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le 31 mars 1964, en sa qualité de vice-roi et de Premier ministre, le roi Fayçal s’est vu confier la responsabilité de gérer toutes les affaires intérieures et étrangères de l’État, y compris le Commandement suprême des forces armées, en présence et en l’absence du roi.
Le deuxième Sommet arabe se tint à Alexandrie en 1964, afin de traiter des mesures exécutives nécessaires à la confrontation avec Israël. Le roi Fayçal présida le Sommet, annonçant une donation de la part du Royaume de l’Arabie Saoudite de 1 million d’EGP pour l’établissement de l’Armée de libération de la Palestine. À la suite de la conférence, l’accord d’Alexandrie fut déclaré le 14 septembre 1964. Dans cet accord, le Royaume de l’Arabie Saoudite et l’Égypte affirment la résolution des conflits existants concernant le Yémen, prévenant les conflits armés. Le roi Fayçal retourna au Caire le 5 octobre 1964 afin de participer à la Conférence des non-alignés. Il rencontra à cette occasion le président Gamal Abdel Nasser. Ensemble, ils conclurent un accord de collaboration afin de résoudre les conflits en cours concernant le Yémen et de remplir le rôle de médiateurs pour les parties concernées. Ils s’entendirent aussi sur l’organisation d’une conférence de réconciliation à Arkawit, au Soudan. Cette conférence fut inaugurée le 29 octobre 1964, avec la présence de deux délégations yéménites, l’une royaliste et l’autre républicaine. La conférence s’acheva par la conclusion d’un accord de cesser le feu.

L’ascension au pouvoir du Royaume de l’Arabie Saoudite
L’allégeance au roi Fayçal
Le roi Fayçal prêta allégeance en tant que roi le 1ᵉʳ novembre 1964, après l’abdication du roi Saoud. Il présenta dans une déclaration à la nation ses politiques intérieures et étrangères, exprimant sa détermination à poursuivre les réformes dans l’ensemble des domaines de l’État. Après son serment d’allégeance, il émit un ordre royal modifiant les articles sept et huit de la Loi du Conseil des ministres. Dans le cadre de ces modifications, le roi devint le Premier ministre, présidant les assemblées du conseil, par mandat confié au vice-premier ministre. Par ailleurs, la nomination, la révocation et l’acception des démissions des membres du conseil étaient alors définies par décret royal et tous les membres étaient tenus responsables de leurs actions devant le roi. Le roi Fayçal assista également aux festivals se déroulant dans des certaines de villes du Royaume de l’Arabie Saoudite pour célébrer son ascension au trône et reçut les délégations étrangères officielles venues le féliciter.
Première décision en tant que monarque
Le roi Fayçal commença par émettre les premières mesures concernant l’organisation de son gouvernement. Le 30 mars 1965, il nomma son frère, le prince Khaled, prince héritier. Il inaugura la Faculté du pétrole et des mines dans la ville de Dharan le 9 février 1965, qui devint ensuite l’Unversité du Pétrole et des Mines. L’université était la première en son genre dans le monde arabe à cette période et visait à fournir une expertise technologique dans les domaines pétroliers et miniers. Depuis sa création, elle présente les industries pétrochimiques absentes auparavant. Le roi Fayçal inaugura la route de Taïf le 1ᵉʳ juin 1965, reliant la ville à La Mecque par les célèbres montagnes d’al-Hada.
Le 11 juin 1965, le roi Fayçal émit un décret royal approuvant le système politique de l’Institut supérieur de la Justice. Deux jours plus tard, il émit un autre décret royal pour la création d’un comité ministériel supérieur composé des ministres de l’Intérieur, des Finances, du Travail et des Affaires sociales. Ce comité fut chargé de mener des études et des recherches sur les communautés bédouines, soumettant des recommandations pour leur développement et l’amélioration du niveau de vie dans ces régions. En 1965, le roi Fayçal émit un décret désignant le jour où l’unification du Royaume de l’Arabie Saoudite fut déclarée comme la Journée nationale. Cette journée tombe le 23 septembre.
La réforme interne de la législation nationale
Les années de règne du roi Fayçal furent marquées par de nombreux accomplissements visant à améliorer la vie des citoyens saoudiens. Depuis le début de son règne, il reconsidéra la réglementation et l’organisation de la réforme administrative, remplaçant le Conseil suprême de planification créé en 1960 par une nouvelle entité nommée l’Organisation centrale de planification. Cette organisation devint plus tard un ministère. Il formula son premier plan de développement sur cinq ans et le rattacha au Plan général de développement. Depuis 1970, l’État a aligné sa stratégie, ses objectifs, ses programmes et son budget sur un plan de développement renouvelé tous les cinq ans. La première mesure du processus de réforme impliquait la mise en œuvre de diverses lois de réformes financières pour faire face à la crise économique de l’État. Le roi Fayçal mit la priorité sur l’éducation et la santé, reconnaissant la nécessité d’amélioration dans ces domaines.
Les actions du roi Fayçal pour le développement des secteurs de l’État
Ses efforts dans les secteurs de l’éducation et de la santé
Le roi Fayçal développa le secteur de l’éducation par la création de la première organisation suprême pour l’éducation, le « Comité supérieur pour la politique de l’éducation ». Sa mission était d’élaborer la politique du Royaume de l’Arabie Saoudite en matière d’éducation. En 1964, les allocations pour l’éducation atteignaient 13 % du budget de l’État. Le nombre d’écoles pour garçons augmenta pour tous les niveaux d’éducation, de même que le nombre d’écoles pour filles, qui virent également croître leur nombre d’élèves. L’éducation des filles fut initiée sous le règne de son frère, le roi Saoud. Le roi Fayçal a soutenu la résolution d’instruire les filles, ainsi que sa mise en œuvre. Par ailleurs, il s’intéressa à l’éducation technique et industrielle, envoyant des missions à l’étranger. Il accrut la lutte contre l’illettrisme pour tous les citoyens, indépendamment de leurs origines sociales. En 1972, il émit un décret en ce sens. Un plan complet d’éradication de l’illettrisme sur une période maximale de vingt ans fut développé. De plus, il créa des écoles mobiles pour les populations nomades.
Le roi Fayçal souhaita accroître le budget de l’Université islamique de Médine. En 1971, l’Université du roi Abdelaziz de Djeddah, jusque-là privée, fut transformée en une université gouvernementale. En 1974, une décision du Conseil des ministres approuva la création de l’Université du roi Fayçal à al-Ahsa. Le roi Fayçal étendit également les bourses d’étude supérieure aux étudiants étrangers et accrut celles pour les échanges internationaux.
Sous le règne du roi Fayçal, le budget dédié au secteur de la santé augmenta. Le gouvernement se concentra sur les soins préventifs, mit en place des bureaux de santé et des quarantaines, et renforça la construction d’hôpitaux, notamment celle de l’hôpital spécialisé du roi Fayçal à Riyad, dont la première pierre a été posée le 11 novembre 1970. En outre, des cliniques et des unités mobiles furent créées dans plusieurs régions, permettant l’accès à des spécialistes nationaux et des écoles de médecine. Le gouvernement offrit des traitements médicaux aux citoyens et aux habitants.
Le développement de l’économie de l’État
Le roi Fayçal s’appliqua à renforcer l’économie nationale et brisa progressivement le monopole de la Compagnie pétrolière arabo-américaine (ARAMCO) sur les affaires pétrolières. Cela mena l’Organisation générale du pétrole et des mines, connue sous le nom de Petromin, à entreprendre des projets d’État dans les domaines des ressources pétrolières et minières. Entre 1964 et 1968, Petromin acquit un réseau marketing des produits pétroliers d’ARAMCO. En 1965, l’entreprise saoudienne d’engrais arabe (SAFCO) fut créée et se vit accorder le droit d’explorer le pétrole dans la région centrale du Royaume de l’Arabie Saoudite. Cette création fut suivie de celles de diverses institutions, atteignant 66 institutions industrielles au total en 1967.
En 1972, le roi Fayçal réussit à convaincre Aramco d’accepter que 25 % de la participation de la société reviennent au gouvernement saoudien. Ils signèrent cet accord le 20 décembre 1972. En vertu de cet accord, la partie saoudienne détenait 51 % des parts à la fin du mois de janvier 1982. En 1974, le Royaume de l’Arabie Saoudite se plaça au premier rang mondial de l’export pétrolier et au troisième rang de la production. Le roi Fayçal dirigea la recherche d’autres ressources, telles que l’exploration minière, ce qui conduit à la découverte de gisements de différents types. Le roi Fayçal encouragea également l’agriculture et soutint la Banque agricole. Divers projets virent le jour sous son règne, y compris la construction de barrages, de systèmes d’irrigation et d’évacuation. Le Fonds de développement immobilier, le Fonds de développement industriel saoudien et le Fonds d’investissement furent également créés.
Le développement social et les services
Le règne du roi Fayçal fut marqué par des avancées significatives sur le plan social. Il adopta la Loi sur l’assurance sociale, garantissant un salaire mensuel aux segments vulnérables de la société, tels que les personnes âgées, les veuves, les orphelins et les personnes inaptes à travailler. L’urbanisation s’étendit à tout le pays, fournissant les services essentiels et les infrastructures nécessaires au quotidien, dont : l’électricité, l’eau potable, le ramassage des ordures, la télécommunication et les réseaux routiers. L’achèvement de la route d’al-Hada (La Mecque - Taïf) en 1965 se distingua particulièrement comme l’un des projets les plus importants, avec la route Dammam - Riyad - Djeddah. Sa phase finale fut inaugurée le 1ᵉʳ mars 1967. Cette route est considérée comme l’un des plus grands projets de cette période. Elle s’étend de Dammam, sur la côte est du golfe Persique, à Djeddah, sur la côte ouest de la mer Rouge, en passant par la capitale, Riyad, dans la région centrale. Sa longueur atteint approximativement 1 537 km, reliant plusieurs villes et villages qu’elle longe.
Le roi Fayçal posa les fondations de l’usine de fer et d’acier le 8 avril 1966. Ce projet marqua l’entrée du Royaume de l’Arabie Saoudite dans l’ère de l’industrialisation moderne, en plus de l’émission d’un décret royal le 28 septembre 1968, approuvant un système de distribution de terres réaménagées aux citoyens et d’institutions privées pour le développement. En 1969, le roi Fayçal émit un décret royal promulguant la Loi sur l’assurance sociale et des moyens pour sa mise en œuvre.
Le développement des forces armées
Sous le règne du roi Fayçal, les forces armées saoudiennes expérimentèrent des avancées dans l’ensemble de ses branches : terre, air et mer. Des villes militaires spécialisées furent établies à Khamis Mushait, Tabuk et al-Kharj, chacune disposant de ses propres écoles dédiées. Des délégations militaires furent envoyées dans différents pays du monde, à la fois à l’est et à l’ouest, et la Garde nationale fut créée. Le roi Fayçal s’intéressa à l’éradication de l’illettrisme dans l’armée, par le biais d’intermédiaire et d’écoles supérieures dont la présence des conscrits est obligatoire selon leur niveau d’éducation. Cela permet au service militaire du pays de devenir une extension de la vie civile.
Le développement des médias saoudiens
Les médias saoudiens ont commencé à se développer sous le règne du roi Fayçal. La radiodiffusion télévisuelle commença un an après qu’il a prêté allégeance en tant que roi, puis passa à la couleur. La radio de Riyad fut inaugurée en 1964 et sa diffusion fut développée pour atteindre toutes les parties du monde en plusieurs langues, dont l’arabe, l’anglais, le français, le perse, le swahili, l’ourdou et le malais. Pendant son règne, sept institutions de presse furent établies en vertu de la Loi des institutions de presse promulguées en 1963, élevant le nombre de journaux à quinze quotidiens, hebdomadaires et mensuels. L’Agence de presse saoudienne (SPA) fut également créée sous son règne, initiant une ère d’expansion horizontale rapide des organes de presse. Cette expansion s’accompagna d’avancées qualitatives du contenu et de la présentation, soutenues par une fondation de droit et le renforcement des médias avec de grandes capacités. Le 10 avril 1967, il inaugura la nouvelle construction du ministère des Médias dans la ville de Djeddah.

La politique du roi Fayçal ben Abdelaziz
Les politiques arabes et du Golfe
Dans le cadre de sa politique arabe et du golfe, le roi Fayçal cherchait à résoudre tout différend avec les États arabes voisins du golfe. Il en a résulté la conclusion d’accords de délimitation des frontières entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et à la fois le Koweït et le Qatar en mars 1966. En janvier 1968, lorsque le Royaume-Uni a annoncé son intention de se retirer du golfe Persique en 1971, l’Iran a tenté d’étendre son influence. Cependant, le roi Fayçal avait des positions de solidarité à l’égard des pays du Golfe, comme en témoigne la déclaration qu’il a faite au cheikh Isa, l’émir de Bahreïn, lors de la réception donnée à Riyad le 15 janvier 1968, que le Royaume de l’Arabie Saoudite se tenait aux côtés de Bahreïn contre toute attaque et qu’il le soutenait avec toutes les ressources disponibles.
Le souhait de l’Iran de renforcer les relations avec le Royaume de l’Arabie Saoudite nécessitait de s’occuper du conflit des frontières maritimes saoudiennes et iraniennes dans le golfe Arabo-Persique central. Les deux parties s’entendirent sur une division géographique de la région le 29 juin 1968 à Taïf, en plus d’un partage équitable du pétrole entre eux. Le roi Fayçal accepta afin de garantir le soutien de l’Iran quant à la création des Émirats arabes unis (EAU). Il fit face à une plus grande problématique : la tentative de l’Iran d’annexer les îles Émirati et son opposition au projet de création de l’EAU en raison des conflits pour ces îles. Le roi Fayçal chercha à soutenir la position des princes et des cheikhs du golfe Persique dans l’établissement d’une union entre eux, par un accord avec le Koweït afin de fournir plus de soutien à la position des émirats du golfe. Il maintint le contact avec les chefs d’État des émirats du golfe au moyen de visites mutuelles et de l’envoi d’émissaires entre eux. Il cherchait par là à résoudre des problématiques d’envergure et conclure l’union avant le retrait britannique. Il annonça également que les États-Unis aideraient à établir l’union entre les émirats arabes.
Le roi Fayçal aspirait à résoudre la crise du Yémen non résolue par la Conférence du Koweït. Une conférence se tint à Taïf en août 1965, poursuivant la série de conférences visant à trouver une solution concrète à la crise du Yémen. En outre, le roi Fayçal rencontra le président Gamal Abdel Nasser à Djeddah le 22 août 1965. Rencontre qui se conclut par la signature de l’accord de Djeddah. Ses principales dispositions comprenaient de quitter le peuple yéménite afin de déterminer le type de gouvernance qu’ils préféraient et le retrait des forces égyptiennes du Yémen. Par ailleurs, il aspirait à collaborer sur l’organisation d’une conférence transitionnelle pour atteindre la paix et déterminer la forme de gouvernance.
La présence du roi Fayçal eut une grande influence sur le règlement des différends du monde arabe. À l’approche du Sommet arabe à Casablanca en 1965, le roi Fayçal redoubla d’efforts pour unifier les nations arabes au plus vite. Le sommet débuta le 12 septembre 1965. La participation du roi Fayçal constitua une pierre angulaire soutenant les fondations de la solidarité arabe. Ce sommet fut baptisé le Sommet de la solidarité arabe, en raison de l’importance des résolutions prises par ses membres. Ses objectifs étaient d’unir les nations arabes, de réduire le nombre de différends et de préférer l’abstention de chacun à interférer avec les affaires des autres.
C’est au milieu du conflit arabo-israélien que le rôle du Royaume de l’Arabie Saoudite apparut et que ce dernier devint un acteur sur le devant de la scène arabe et islamique. Le roi Fayçal fut capable de jouer le rôle de médiateur principal entre les parties arabes concernant les problématiques les plus significatives. Il était l’un des dirigeants arabes ayant un point de vue des plus clairvoyants et avisés, dont la justesse lui permit de prendre les décisions appropriées dans l’intérêt de la cause arabe la plus importante, la question de la Palestine.
Le roi Fayçal déclara son soutien aux nations arabes sous attaque lors de la guerre de juin 1967. Il devint le premier dirigeant à envoyer des forces militaires en Jordanie et à annoncer une mobilisation générale au sein du Royaume de l’Arabie Saoudite. Le Royaume de l’Arabie Saoudite exprima sa volonté à s’engager dans le conflit aux côtés des pays arabes attaqués. Par la suite, par une action décisive le 10 juin 1967, le roi Fayçal annonça la suspension de l’exportation de pétrole en Angleterre et aux États-Unis en raison de leur soutien pour Israël. Le roi Fayçal s’efforça d’organiser des conférences arabes et islamiques afin de soutenir la cause arabe contre Israël. Cette position devint un principe inébranlable, régulièrement réaffirmé dans ses discours officiels et ses actions diplomatiques.
L’une des conférences les plus importantes à laquelle il a assisté, et durant laquelle il a joué le rôle de médiateur principal, fut le quatrième Sommet arabe tenu à Khartoum en août 1967, accueillant la participation de quatorze représentants d’État. Elle fut connue plus tard sous le nom de « Conférence des trois non », où il fut décidé d’apporter un soutien financier à la confrontation des États, afin de réarmer ces pays et de leur permettre de surmonter le coup politique et militaire infligé par Israël au monde arabe. Le Royaume de l’Arabie Saoudite apporta la contribution la plus élevée à ce soutien.

Solidarité islamique
Le roi Fayçal a élargi la solidarité arabe à un cercle plus large, celui de la solidarité islamique, à travers laquelle il a cherché à atteindre trois objectifs globaux. Premièrement : la coopération dans les domaines politique, social, économique et culturel entre les peuples et les gouvernements de l’ensemble du monde islamique. Deuxièmement : tenter d’expulser l’influence communiste et d’extrême gauche de la région arabe. Troisièmement : attirer le soutien de l’Islam en faveur de la position arabe contre Israël. Dans la poursuite de ces objectifs, le roi Fayçal a visité plusieurs pays islamiques et arabes en Asie et en Afrique, en commençant par l’Iran en décembre 1965, sur invitation officielle du Chah Mohammad Reza Pahlavi, puis la Jordanie en janvier 1966, sur invitation similaire du roi Hussein, suivi du Soudan en 1966, sur invitation d’Ismaïl al-Azhari, président du Conseil de souveraineté.
En avril 1966, le roi Fayçal se rendit au Pakistan en réponse à une invitation du président Mohammed Ayud Khan. Au cours de la même année, il accepta une invitation du président espagnol Francisco Franco. En outre, lors d’un voyage durant environ un mois, il se rendit dans cinq pays : la Turquie, le Maroc, la Guinée, le Mali et la Tunisie. Il fut un participant notoire lors d’importantes conférences islamiques, telles que la conférence d’Amman le 21 septembre 1967, ayant accueilli la présence de représentants de vingt-et-un pays islamiques afin de discuter de l’agression contre la Palestine.
Le premier Sommet islamique se déroula dans la ville de Rabat le 22 septembre 1969 en réponse à l’incendie de la mosquée al-Aqsa en Palestine. Ce sommet fut réuni à la demande du roi Fayçal au monde islamique pour une consultation au sujet de la fin de l’agression Israélienne. Les délégués de vingt-six pays islamiques ont assisté au Sommet. Il en a résulté la transformation de la question de la Palestine d’une cause arabe en une cause islamique, avec le soutien et la solidarité unanime des nations islamiques envers son peuple. Cet aboutissement était l’objectif recherché par le roi Fayçal lorsqu’il lança l’appel à la solidarité islamique. Le roi Fayçal atteint une victoire significative pour la solidarité islamique, réussissant à rallier certains pays ayant des liens diplomatiques avec Israël en faveur de la cause islamique. La conférence permit d’établir une date pour une deuxième rencontre à Djeddah, au cours de laquelle fut prise la décision de créer un secrétariat général pour les pays islamiques, avec l’intention d’en faire une organisation mondiale.
Lors de la deuxième réunion à Djeddah pour les membres des pays islamiques en 1971, les membres acceptèrent d’organiser les relations entre eux au moyen d’une charte écrite. L’année suivante, en 1972, la troisième conférence se tint et le nombre d’organisations membres atteignit trente pays, ayant tous accepté d’adopter la charte. L’organisation fut nommée l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Deux ans plus tard, les Nations Unies reconnurent l’organisation et sa charte après qu’elle a prouvé son efficacité aux niveaux islamique et international.
Le roi Fayçal changea la politique étrangère du Royaume de l’Arabie Saoudite axée vers les pays d’Asie de l’Est pour un plus grand soutien des causes arabes et islamiques. En 1971, il se rendit en Iran, puis en République de Chine, sur invitation du président Tchiang Kaï-chek, marquant la première visite d’un dirigeant arabe en Chine. Par la suite, il se rendit au Japon sur invitation de l’empereur Hirohito, suivi de visites aux États-Unis et en France.
Le 6 octobre 1973, la quatrième guerre arabo-israélienne éclata. Le roi Fayçal joua un rôle significatif aux côtés de l’Égypte et de la Syrie dans la préparation à la bataille et son organisation. Il fit pression sur les pays soutenant Israël au moyen de l’exportation du pétrole, réduisant la production de 5 % mensuel jusqu’à ce qu’Israël se retire des territoires occupés de 1967. Cette décision ne fut pas appliquée aux pays neutres et amis qui soutenaient les Arabes à cette période, y compris la France, l’Angleterre, l’Espagne et l’Inde. Malgré un soutien continu des États-Unis à Israël, le roi Fayçal annonça une réduction de 10 % de la production de pétrole de son pays destinée aux États-Unis. D’autres nations arabes ont suivi son exemple. Lorsque les demandes des pays arabes ne furent pas entendues, le roi Fayçal émit une déclaration le 9 octobre 1973, imposant un bannissement intégral des exportations pétrolières aux États-Unis, ainsi qu’aux Pays-Bas, au Portugal, en Rhodésie et en Afrique du Sud.
La guerre du pétrole menée par le roi Fayçal coïncida avec les actions militaires pour confronter l’agression initiée par l’Égypte et la Syrie. En outre, le roi Fayçal émit des ordres aux forces armées saoudiennes afin qu’elles se préparent et partent en Syrie pour soutenir les États frontaliers. Cette collaboration militaire contribua à la victoire arabe de la guerre. La guerre réussit à créer un front arabe uni. Il en a résulté que les États-Unis se pressèrent d’employer tous les moyens diplomatiques pour trouver une entente concernant le conflit arabo-israélien. Les pays européens soutenaient la cause arabe, aux côtés des pays socialistes non-alignés. De plus, en sont nées les solidarités africaine et islamique, en soutien à la cause arabe.
À travers ses efforts, le roi Fayçal cherchait à mettre en valeur la solidarité arabo-islamique aux yeux du monde. Cela atteignit son paroxysme lors du deuxième Sommet islamique tenu à Lahore au Pakistan en 1974, témoignant d’un rassemblement islamique significatif par la présence de tous les pays islamiques, à l’exception de la Guinée, qui s’en excusa. Le roi Fayçal soutint le mouvement de solidarité islamique, aboutissant à la reconnaissance de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et la création du Fonds de solidarité islamique. Ce dernier permit de financer les activités de l’Organisation de la coopération islamique. Parmi ces activités se trouve le soutien à la résilience du peuple palestinien à Jérusalem et des territoires palestiniens occupés. La même année, la première conférence des organisations islamiques convoquées au siège de la Ligue du monde musulman à La Mecque.
Le septième Sommet arabe à Rabat en 1974 se tint également dans le but de discuter du paysage politique arabe d’après la guerre d’octobre. Lors de ce sommet, un accord pour la création d’un fonds financier de soutien face à la problématique de la Palestine fut conclu. Les résolutions prises par les Nations Unies le 22 novembre 1974 furent perçues comme un succès pour la diplomatie arabe, avec les actions du roi Fayçal sur le devant de la scène. Ces résolutions affirmaient le soutien du droit d’autodétermination, de souveraineté et d’indépendance du peuple palestinien. Par ailleurs, ils accordèrent un statut d’observateur à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) lors de l’Assemblée générale et des conférences internationales organisées sous l’égide des Nations Unies.

La politique étrangère du Royaume de l’Arabie Saoudite sous le règne du roi Fayçal
La politique étrangère du Royaume de l’Arabie Saoudite visait à maintenir les bonnes relations internationales du pays, et plus particulièrement avec les nations alliées de l’est, sauf en cas de politiques conflictuelles. Elle visait plus précisément la question de la Palestine et les relations avec Israël. Le roi Fayçal n’hésita pas à rompre les liens diplomatiques avec les pays qui présentaient toute forme de soutien à Israël. La situation s’est produite avec l’Allemagne de l’Ouest le 14 mai 1965, lorsque cette dernière accepta de verser une somme d’un montant conséquent à Israël. Malgré le maintien des bonnes relations avec l’Angleterre, le roi Fayçal suspendit l’exportation pétrolière vers ce pays lors de l’agression israélienne contre les États arabes en 1967. Il poursuivit le dialogue diplomatique avec l’Angleterre jusqu’à réussir à persuader le pays de se rallier à la cause arabe, ce qui fut manifeste lorsque la question de la Palestine fut portée devant les Nations Unies en 1974.
Les relations entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et le gouvernement français ont connu un certain niveau de tension sous le règne du roi Fayçal, en raison du soutien du roi aux pays arabes colonisés par la France, comme l’Algérie, à laquelle il a apporté un soutien financier, militaire et moral. La réunion du roi Fayçal avec le président Charles de Gaulle à la veille de l’agression contre les pays arabes en 1967 fut un facteur décisif dans le changement de position de la France en faveur des droits arabes. En conséquence, les relations du Royaume de l’Arabie Saoudite avec le reste des pays européens et les pays de l’Asie de l’Est furent basées sur les principes d’amitié et de respect. Ces relations étaient généralement dénuées de tout défaut, à l’exception de certaines positions de pays sur les questions arabes et islamiques sur lesquelles le roi Fayçal avait des réserves et travaillait activement à renforcer.
Les relations entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et les États-Unis furent la pierre angulaire qui façonna principalement la personnalité du roi Fayçal. L’administration des États-Unis le respectait et l’appréciait, étant donné sa présence personnelle et les puissantes déclarations faites par le roi Fayçal lors de ses visites aux États-Unis et ses interactions avec les présidents américains. Cette crédibilité le propulsa sur le devant de la scène.
L’assassinat du roi Fayçal ben Abdelaziz
Le roi Fayçal fut assassiné le mardi 25 mars 1975. Son successeur, le roi Khaled ben Abdelaziz, prêta allégeance et le prince Fahd ben Abdelaziz fut nommé prince héritier.
Les enfants du roi Fayçal
Le roi Fayçal a eu plusieurs fils et filles. Leur nom : Abdallah, Mohammed, Khaled, Saoud, Abderrahmane, Saad, Bandar, Turki, al-Anoud, al-Jawhara, Hassa, Noura, Sarah, Mashail, Lolowah, Haifa, Munira, Falwa et Latifa.

Les entités portant le nom du roi Fayçal ben Abdelaziz.
Le prix international du roi Fayçal
La Fondation caritative du roi Fayçal a lancé le Prix du roi Fayçal, remis pour la première fois en 1979. Le prix vise à récompenser les individus et les institutions pour leurs accomplissements notables dans cinq catégories différentes : service rendu à l’Islam, les études islamiques, la littérature et la langue arabes, la médecine et les sciences. Le prix vise à servir les musulmans dans leur présent et leur avenir, les encourageant à s’impliquer dans tous les domaines de la civilisation. Il vise également à enrichir l’intellect humain et à contribuer au développement de l’humanité. Les gagnants sont sélectionnés selon leur éligibilité et leur mérite, avec des comités spécialisés évaluant leur travail rigoureusement. Ils sont choisis selon des critères internationaux précis et la remise de prix est présidée par Son Altesse Royale, le prince Khaled al-Fayçal, le troisième fils du roi Fayçal. Le patrimoine du prix du roi Fayçal s’est développé sur plus de quarante ans, avec 290 individus originaires de quarante-cinq pays différents ayant reçu ce prix.
La Fondation caritative du Roi Fayçal
Créée en 1976, elle constitue une fondation de charité aux dimensions mondiales, avec pour objectif de préserver l’héritage du roi Fayçal et de réaliser sa vision. La fondation a adopté la vision du roi Fayçal comme ses principes directeurs et conserve son indépendance financière, lui permettant de créer et de développer des programmes qui servent ses objectifs. De sa création jusqu’en 2020, la fondation a dépensé plus de 2,4 milliards de SAR afin de soutenir ses piliers, ses projets caritatifs et ses bouses d’étude. Elle acheva son projet caritatif en 1979.
Le Centre de recherche et d’études islamiques du Roi Fayçal
La Fondation caritative du Roi Fayçal a créé le Centre de recherche et d’études islamiques du Roi Fayçal en 1983, avec pour objectif de perpétuer la mission du défunt roi de diffuser le savoir entre le Royaume de l’Arabie Saoudite et le reste du monde à partir de ce moment-là. Le centre est devenu un phare de la recherche, du savoir et de la culture. Le rôle principal du centre repose en l’apport d’une plateforme de connaissances qui regroupe les chercheurs et les institutions de recherches locales, régionales et internationales. Cette plateforme vise à générer des recherches authentiques dans le domaine des sciences humaines et sociales, et à s’engager dans des échanges parmi les différentes cultures. Sa mission ne se limite pas aux seules recherches ; le centre remplit plusieurs rôles, de la publication et des bibliothèques à l’archivage et aux musées.
Le Centre de recherche et d’études islamiques du Roi Fayçal englobe un certain nombre de services de soutien, dont la Maison culturelle Al-Fayçal (Dar al-Faisal al-Thaqafiya), qui est la branche éditoriale du centre, spécialisée dans la publication d’ouvrages et de revues sur des sujets concernant le Royaume de l’Arabie Saoudite et les sociétés arabes, islamiques et mondiales. Il existe aussi la Bibliothèque du Centre du roi Fayçal, qui offre divers services pour aider les chercheurs. Les archives de la famille Fayçal (Darat Al Faisal) préservent l’héritage du roi Fayçal et de sa famille, sensibilisant à ce sujet. Le musée Al Fayçal contribue à préserver et à présenter des collections de valeurs des arts du monde islamique, des manuscrits rares et les mémoires du regretté roi Fayçal.
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