Ville de Jizan

La ville de Jizan est la capitale administrative de la province de Jizan, au Royaume d’Arabie saoudite. Elle regroupe les sièges du gouvernement et des services administratifs. Elle est la deuxième ville de la province en termes de population, après le gouvernorat de Sabya. Elle accueille le port de Jizan, troisième port du Royaume en termes de capacité de conception, situé sur le littoral de la mer Rouge.

Le nom de Jizan fait généralement référence à une célèbre vallée qui s’étend de la source à l’estuaire de son cours d’eau. Ce nom était inconnu dans l’Antiquité. Il n’est mentionné qu’une seule fois dans une inscription en alphabet sudarabique, sous le nom de Jzan. Cette inscription est considérée comme la première référence historique au nom de Jizan. Avant la naissance de l’islam et jusqu’au X siècle, la région était divisée en deux territoires distincts : le Mikhlaf de Hakam au sud et le Mikhlaf d’Athar au nord. Plus tard, Suleiman ben Taraf al-Hakami réunit ces deux Mikhlafs. En son honneur, la région a été baptisée Mikhlaf al-Sulaymani. Les documents historiques consacrés à la région ont toujours utilisé cette désignation. Après le règne des Idrissides dans la région, le nom de Jizan a été associé à celui de la ville côtière. Fondée à l’origine pour servir de port à la région, elle s’est ensuite développée et a prospéré au point de devenir une ville importante de l’époque contemporaine.

La ville de Jizan est située à l’ouest de la province, sur le littoral de la mer Rouge. Elle est délimitée au nord par le gouvernorat de Sabya, au sud par le gouvernorat d’Ahad al-Masarihah, à l’est par le gouvernorat d’Abou Arish et à l’ouest par la mer Rouge. La ville joue le rôle de station de transit vers l’île Farasan, située en mer Rouge, l’île la plus peuplée et la plus étendue du Royaume. Située à 38 km de la ville de Jizan, elle est le principal point de jonction de la province.

Le climat de la ville de Jizan est soumis à des vents tropicaux. En raison de sa localisation sur le littoral de la province, son climat est à dominante côtière. Le temps est doux en hiver, chaud et humide en été. Les températures augmentent de juin à septembre, avec une moyenne de 25 °C en janvier et de 35 °C en juin. Jizan est également caractérisée par son taux élevé d’humidité relative, en raison de sa localisation en bord de mer, dans la partie occidentale de la province. Son taux moyen est de 61 % en juillet et de 79 % en décembre, avec une valeur maximale de 99 % et une valeur minimale de 27 %.

Jizan est également soumise aux vents du nord-ouest de mai à septembre. Les vents saisonniers soufflent en juin et en août, accompagnés de tempêtes de sable, ce qui explique la présence importante de poussière dans la région. Les hauts plateaux situés à l’est de la ville de Jizan sont souvent le théâtre de fortes précipitations en été, en juillet, août et septembre ; elles provoquent des crues soudaines et violentes lorsque l’eau s’accumule dans les hauteurs et descend brusquement en direction du littoral. Les principales vallées de la province s’étendent d’est en ouest vers le littoral de la mer Rouge.

La population de la ville de Jizan n’a cessé d’augmenter au cours des années. En 1992, la ville comptait environ 56 000 habitants. En 2004, la population dépassait les 100 000 habitants et atteignait 127 000 en 2010. Entre 2010 et 2014, la population a augmenté pour atteindre 178 000 habitants. Le recensement saoudien de 2022 fait état d’une population de 200 911 habitants. La ville de Jizan concentre environ 14,3 % de la population de sa province, ce qui en fait la deuxième ville la plus peuplée après le gouvernorat de Sabya.

Siège de l’émirat de la province de Jizan. (SPA)

La ville de Jizan dispose de vastes zones agricoles qui lui permettent d’être l’une des villes les plus productives du Royaume en matière d’agriculture. Les marchés locaux proposent de nombreux produits alimentaires différents issus de l’agriculture. Ils revêtent également une dimension sociale dans la mesure où l’agriculture est liée à la vie des habitants, en tant qu’activité économique de premier plan et tradition populaire ancestrale. Par ailleurs, les ressources de base pour l’agriculture y sont importantes, les sols fertiles, le climat propice à la plantation de centaines d’espèces d’arbres, les nappes phréatiques renouvelables et les précipitations abondantes tout au long de l’année.

L’origine de Jizan remonte à l’âge de pierre, comme le confirment les études et recherches archéologiques menées dans la région, lesquelles ont montré que les premières installations humaines remontaient au Paléolithique inférieur. Des outils datant de l’époque de la civilisation acheuléenne ont été découverts et des études ont montré que la région s’étendant le long de la mer Rouge constituait l’une des meilleures sources d’information sur l’Acheuléen. Compte tenu des nombreux outils de chasse découverts lors des fouilles, les chercheurs en ont déduit que les habitants des sites acheuléens se nourrissaient de produits de la mer, tels que le poisson et les crustacés, en raison de leur disponibilité et de leur valeur nutritionnelle.

Grâce à sa position stratégique importante sur les anciennes routes commerciales entre le Yémen et le Hedjaz, d’une part, et entre le Levant et le reste de la région, d’autre part, la province de Jizan a entretenu des relations culturelles avec les anciens royaumes qui prospéraient à l’époque dans le sud de la péninsule Arabique. L’installation humaine à Jizan a été concomitante à ces royaumes, parmi lesquels figurent le royaume minéen, le royaume de Saba, le royaume de Qataban, le royaume de Hadramaout et le royaume de Himyar. Toutefois, Jizan n’était subordonnée politiquement à aucun d’entre eux. Les données archéologiques suggèrent au contraire que les habitants de la région n’étaient pas favorables à ces royaumes voisins et qu’ils gouvernaient selon leurs propres intérêts.

Avec l’émergence de l’Islam et sa diffusion dans toute la péninsule Arabique, la province de Jizan est devenue un territoire arabe islamique dès le début de l’ère islamique. Une délégation de la région, dirigée par le chef de la tribu al-Hakam, Abdeljad ben Rabia al-Hakami, s’est rendue auprès du prophète Mahomet (que la paix soit sur lui) à Médine au cours de la dixième année de sa migration et a déclaré qu’elle adoptait l’islam. Après la diffusion de l’islam dans le sud de la péninsule Arabique, le prophète Mahomet (que la paix soit sur lui) a désigné les principaux gouverneurs provinciaux de ces nombreux territoires, dont la province de Tihama, à laquelle Jizan était rattachée.

Après que le Roi fondateur Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud a repris le pouvoir à Riyad et établi le Royaume, celui-ci a mené des campagnes d’unification dans l’ensemble de la péninsule Arabique. À cette époque, la région de Jizan et de Tihama-Asir, située au sud-ouest de la péninsule Arabique, était gouvernée par une tribu locale dirigée par l’une de ses dynasties, les Idrissides. Le traité de La Mecque a été conclu entre le roi fondateur et le souverain de la région, al-Hassan al-Idrisi, le 21 octobre 1926. Ce traité a placé le territoire sous la responsabilité du Roi Abdelaziz pendant quatre ans, avant d’être révoqué par les souverains idrissides. En réponse à cette révocation, le roi fondateur envoya ses troupes pour reprendre le territoire et al-Hassan al-Idrisi dut renoncer à son pouvoir en 1930. Jizan fut ainsi la dernière région de la péninsule Arabique à rejoindre le Royaume d’Arabie saoudite.

Château culturel de Jizan. (Saudipedia)

Jizan comprend des vestiges historiques datant de différentes périodes, notamment des sites archéologiques désormais devenus des attractions touristiques, tels que le château d’al-Dosariyah, situé au sommet d’une colline dans le centre de la ville de Jizan. Construit en forme de carré, avec une superficie totale d’environ 900 m, il comporte deux étages et quatre tours cylindriques reposant sur de vastes fondations. Les tours et les murs sont pourvus d’ouvertures à usage militaire et de barricades au sud et à l’ouest qui servaient de lignes de défense au début de l’histoire de l’édifice, qui s’élève à environ 250 mètres au-dessus du niveau de la mer. La citadelle a servi de forteresse militaire à plusieurs époques. En 1932, le Roi Abdelaziz a ordonné sa restauration pour en faire le quartier général de l’armée saoudienne. Ces travaux ont été menés à bien au début de l’année 1933. La première garnison militaire saoudienne installée dans la région s’est établie dans le château.

Aéroport international du Roi Abdallah ben Abdelaziz à Jizan. (Saudipedia)

La ville de Jizan comprend le village patrimonial de Jizan, qui constitue une véritable exposition du patrimoine culturel et de la longue histoire de Jizan. Celui-ci donne un aperçu de la région à une époque de son histoire, en présentant les modes de vie qui y prévalaient, des maisons de type Tuhami, à flanc de montagne et Farasani aux outils utilisés par les habitants, tels que la Maifa, la Jibna ou les pots en terre. Autrefois, les hommes s’adaptaient à leur environnement en exploitant les ressources de la nature et en les transformant en habitations, en ustensiles ou en meubles. Ils ont donné naissance à une civilisation qui fait la fierté des hommes modernes, dans la mesure où le village attire les artisans et les producteurs saoudiens qui viennent y exercer leur métier. Il est également le théâtre de nombreuses manifestations culturelles et patrimoniales, ainsi que d’expositions artistiques de la région.

Il constitue l’un des 13 émirats des provinces du Royaume, représentant le Gardien des Deux Saintes Mosquées dans la province de Jizan. Sur le plan organisationnel, l’émirat dépend du ministère de l’Intérieur et ses responsabilités comprennent la coordination et la participation avec les entités gouvernementales lors des étapes de planification en vue de fournir tous les services aux citoyens et aux habitants, en plus de recevoir leurs plaintes, de suivre leurs affaires, de satisfaire leurs demandes et de résoudre leurs problèmes. L’émirat exerce ses activités depuis son siège situé dans la ville de Jizan, sur la route de la corniche, à environ six kilomètres de l’aéroport international du Roi Abdallah. Il a la même identité visuelle que le ministère de l’Intérieur.

Il s’agit de l’une des 17 municipalités réparties dans les 13 provinces du Royaume qui a pour missions le développement urbain de la province de Jizan, la coordination avec les agences gouvernementales en vue de préparer des plans structurels pour les villes, les gouvernorats et les centres locaux de la province, ainsi que la mise en place de services municipaux pour les citoyens et les habitants. Sur le plan organisationnel, la municipalité de la province de Jizan dépend du ministère des Affaires municipales et rurales et du Logement. Son siège se trouve dans la ville de Jizan, à environ un km du siège de l’émirat de la province. Elle supervise 25 municipalités, dont Sabya, Abou Arish, Samtah, Fayfa, at-Tuwal, Baish, Farasan et Damad.

La création de la municipalité de la province de Jizan remonte à 1932, année au cours de laquelle le Roi fondateur Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud a annoncé l’unification du royaume. Appelée initialement Service de surveillance des marchés et des impôts, elle est l’une des plus anciennes municipalités régionales du Royaume. Le premier maire de Jizan, Sheikh Issa Fatehuddin Aqili, a été à l’origine du développement progressif de la municipalité. Environ 16 maires et secrétaires lui ont succédé jusqu’en 2023.

Culture de mangues à Jizan. (SPA)

L’Université de Jizan a été créée le 7 juin 2005 par décret royal. À ses débuts, celle-ci ne comptait que cinq facultés : médecine, sciences de l’ingénieur, informatique, systèmes d’information et sociologie. Ces facultés constituaient le noyau de l’université. Elle s’est ensuite dotée d’une Faculté des Enseignants en 1981, puis de Facultés de l’Éducation pour Filles en 1992, situées dans la province. Depuis lors, d’autres facultés ont été créées et ajoutées successivement pour atteindre le nombre de 23 à la fin de l’année 2014. Par ailleurs, quatre rectorats, neuf décanats et huit instituts, centres et unités de soutien ont été mis en place.

Une vaste zone s’étendant sur 9 000 m située sur le littoral de la mer Rouge, au nord de la ville de Jizan, a été attribuée à la ville universitaire. Le Roi Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud a inauguré les travaux de la cité universitaire le 15 novembre 2006. De nombreux projets ont été menés à bien, d’autres sont sur le point de l’être et beaucoup d’autres encore sont en cours de réalisation.

L’aéroport international du Roi Abdallah fait partie des aéroports internationaux du Royaume. Il se situe à 3 km du centre-ville de Jizan. Créé en 1978, il est le seul aéroport à desservir la province. Autrefois, il servait d’aéroport régional. Afin de moderniser les aéroports nationaux et de faciliter les déplacements entre les provinces, il a été transformé en aéroport international. En 2018, les premières étapes du projet de construction d’un nouvel aéroport ont été entamées à al-Sabkha, à 30 km au nord du centre-ville de Jizan, dans le but d’augmenter les capacités de l’aéroport actuel. Ce nouvel aéroport sera l’un des principaux facteurs de développement économique et touristique de la province de Jizan. Doté d’une capacité d’accueil de 6,3 millions de passagers par an, il comprendra 39 bâtiments et se prêtera à de futures expansions. Sa capacité actuelle est de 900 000 passagers par an.

Le nouvel aéroport disposera de cinq portes d’embarquement, chacune comportant deux passerelles d’embarquement, pour un total de dix passerelles permettant le transport des passagers des avions vers l’aéroport. L’aéroport comprendra de nombreuses installations : un hall pour les passagers, un hall royal, des bâtiments de service, des parkings, des infrastructures de service et d’investissement, une station de refroidissement, une station de traitement des eaux usées, un réservoir d’eau et un bâtiment électrique. L’aéroport sera par ailleurs doté des derniers systèmes d’exploitation et de service, garantissant un maximum de confort et de sécurité aux passagers et disposant de toutes les infrastructures nécessaires.

Campus universitaire de Jizan. (Saudipedia)

Situé sur le littoral de la mer Rouge, le port de Jizan est le troisième port maritime du Royaume en termes de capacité et le plus grand port du Royaume destiné à l’importation de bétail en provenance de la Corne de l’Afrique. Inauguré en 1976, il est situé à environ 428 km du détroit de Bab-el-Mandeb. Au cours de son histoire, le port a connu trois phases de développement, avec notamment la construction des quais, de deux brise-lames, d’une tour de contrôle, d’une centrale électrique, d’entrepôts de stockage, de stations de carburant, de stations de dessalement et de pompage de l’eau, ainsi que d’infrastructures administratives et résidentielles. Le port bénéficie d’une situation stratégique, à proximité des routes commerciales maritimes orientales et occidentales entre l’Europe, l’Extrême-Orient, le golfe Persique et l’Afrique de l’Est. Le port de Jizan dispose de 12 postes d’amarrage et de trois chenaux d’accès, équipés d’une assistance à la navigation pour assurer la sécurité des navires, ainsi que d’un hall destiné aux passagers voyageant à partir des ports de Jizan et de Farasan.

La ville de Jizan comporte de nombreuses attractions touristiques, notamment le parc de la corniche nord (North Corniche Park), un site de référence en matière de qualité de vie grâce à ses nombreux services répartis sur un million de mètres carrés, qui constituent l’un des plus vastes fronts de mer du Royaume. Le parc comprend des zones de loisirs, des sentiers, un chemin de promenade, des espaces verts, des cafés, des terrains de sport, des œuvres d’art et une rue longue de 450 mètres consacrée à la culture. Il propose des parcours destinés aux personnes créatives et talentueuses, des visites, des éléments esthétiques et des lieux où se déroulent des événements destinés à promouvoir les valeurs culturelles et à s’adresser aux plus jeunes. Il comprend également les fronts de mer des corniches centrale et sud de la ville de Jizan qui constituent des sites de loisirs attractifs pour les habitants et les visiteurs.

Des événements et des activités touristiques sont organisés chaque année dans la ville de Jizan. Par exemple, le festival d’hiver de Jizan (Jazan Winter Festival) présente une multitude de spectacles folkloriques et de peintures historiques qui mettent en valeur le patrimoine, l’héritage, l’art et les modes de la province, de même que l’artisanat local dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de la plongée et du commerce des perles, ainsi que les outils utilisés pour ces activités artisanales. Le festival rassemble un grand nombre de troupes folkloriques et d’artistes traditionnels. À cela s’ajoute le festival de la mangue (Mango Festival), où sont présentées les variétés de mangues cultivées dans la région, notamment : les Tommy, les Glenn, les Zebda, les Besennara, les Kent, les Keitt, les Palmer, les Pakistanaises, les Indiennes spéciales, les Fazli, les Van Dyke et les Soudanaises. Les principaux gouvernorats de la province réputés pour la culture des mangues sont Baish, Sabya et Abou Arish.

Le festival du jasmin et des plantes aromatiques (Jasmine and Aromatic Plants Festival) constitue un autre événement de la ville. Il s’agit d’un festival touristique régional visant à mettre en valeur le jasmin, ses caractéristiques et ses liens avec le patrimoine de la province de Jizan. Le festival a également pour but de développer et de promouvoir des programmes touristiques, de faire du jasmin un signe distinctif de l’identité régionale, de diversifier les festivals organisés dans la province et d’offrir de réelles opportunités aux cultivateurs de jasmin, aux investisseurs et aux amateurs de cette plante.