Le phénomène de l’art rupestre est apparu tout au long de l’histoire de l’humanité. Il s’agit des plus anciens artéfacts humains présents sur des affleurements montagneux, des grottes ou des surfaces rocheuses. Cet art a été découvert dans des lieux considérés comme d’anciennes colonies humaines Parmi ces lieux, on retrouve l’art rupestre de la province de Haïl dans le Royaume d’Arabie saoudite, qui est un site historique mondial depuis le XIXe siècle. Les ancêtres arabes ont laissé des traces de leurs expériences à travers des dessins représentant des figures humaines et animales. Cela a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015, ce qui en fait le quatrième site archéologique saoudien sur la liste après Hégra, Diriyah et la ville historique de Djeddah.
L’art rupestre de la province de Haïl, et d’ailleurs dans le Royaume, a joué un rôle important dans la mise en valeur de la profondeur culturelle du Royaume. Au niveau mondial, le Royaume se classe quatrième région la plus riche en art rupestre, après l’Australie, l’Afrique et l’Inde. La région dispose d’un patrimoine culturel vaste et riche en termes d’art rupestre diversifié, réparti sur divers environnements topographiques. Cet art s’étend de la période du Néolithique (Âge de la pierre nouvelle) à l’ère islamique.
Histoire de l’art rupestre de Haïl
Les premières colonies et habitations humaines dans la province de Haïl ont donné lieu à l’émergence de nombreux sites archéologiques indiquant les civilisations successives qui les ont habités. Parmi les plus importants sites archéologiques, on retrouve l’art rupestre, qui se décrit par des inscriptions, des empreintes et des dessins. Il s’agit de l’un des sites culturels anciens les plus importants du Royaume, qui est considéré comme l’une des civilisations du Proche-Orient antique les plus riches en art de ce type, avec plus de 1 400 sites d’art rupestre et des centaines de milliers de figures humaines et animales.
La province de Haïl a fourni un environnement propice aux colonies. La région a été témoin de rôles et conditions climatiques changeantes, passant de l’aride au pluvieux. Dans les périodes récentes de l’ère Pléistocène (3 millions - 10 000 ans avant J.-C.), les périodes pluvieuses ont été importantes, ce qui a mené à une croissance généralisée de la végétation, tandis que d’autres phases ont vu la formation des déserts et l’assèchement des lacs. Avec le début de l’Holocène (commençant 10 000 ans avant J.-C.), le climat est devenu pluvieux avec des précipitations, des inondations de vallées et des couvertures végétales accrues. 5 000 ans avant J.-C., la dernière période de sécheresse a commencé et dure encore à ce jour.
Ces changements climatiques ont mené à l’émergence de plusieurs civilisations au fil des âges, qui ont laissé leurs empreintes dans la région. Sur les pentes et régions montagneuses, des outils en pierre qui datent du Moustérien (Ancien Âge de pierre) ont été retrouvés, datant d’il y a 120 000 et 40 000 ans. De plus, deux sites de la même période ont été découverts dans le désert du Néfoud à Jubbah, près du mont Umm Sinman. Ces sites comprennent un nombre de grattoirs à double tranchant et d’outils en forme de disque. Plusieurs sites répartis dans la région ont également été trouvés. Ils datent du Néolithique. Les outils en pierre de cette ère sont des outils faits de silex, des lames, des grattoirs, des pierres en forme de disque et plusieurs outils dentelés et crantés.
Nature de l’art rupestre
Il existe plusieurs types d’art rupestre dans le Royaume et ils expriment différents modes de vie et de communication entre les civilisations s’étant succédé. L’art rupestre, dont les gravures, les empreintes et les dessins font partie des sites culturels les plus importants des anciennes civilisations du Royaume. La plupart des œuvres d’art rupestre, dont des centaines de milliers de figures humaines et animales, ont été trouvées dans le nord et le nord-ouest du Royaume, à Al-Jouf, Sakaka, Tabuk, Tayma, Kulwa, Haïl, Djeddah, Shuwaymis, Hégra, Al-’Ula, Médine et Al-Hanakiyah. Ainsi qu’au sud et au sud-ouest du Royaume, à Taïf, Al Bahah, Asir, Abha, Najran, Hima et Jizan. En plus de certaines zones dans la région centrale du Royaume, comme Al-Quwaiiyah, Al-Duwadimi et Riyad.
L’art rupestre découvert dans le Royaume présente de nombreuses formes et méthodes de gravure. Dans la montagne Al Sulayhat à Jubbah, la montagne Al Markabah, à Shuwaymis, à Subhah, de nombreuses autres représentations de paumes humaines ont été trouvées. Cela comprend les gravures de la paume de la main seule, la paume avec l’avant-bras, la paume avec l’avant-bras et une partie du coude et du bras supérieur ou bien le bras en entier. En plus de ces figures humaines archaïques, des animaux domestiques tels que des chameaux et des lettres thamudiques sont également représentés.
Jubbah (90 km au nord de la ville d’Haïl) est l’un des sites d’art rupestre les plus célèbres du Royaume. C’est une oasis avec des vestiges d’un ancien lac qui était autrefois riche en végétation, faunes et habitats humains. Aujourd’hui, elle est entourée de sables mouvants dans le désert du Néfoud. Contrairement aux peintures et gravures du Néolithique découvertes dans d’autres régions du monde, l’art rupestre de Jubbah est caractérisé par des sculptures profondes. Ces gravures montrent des images très importantes qui conservent encore leurs caractéristiques d’origine de manière significative. Ces gravures représentent des images d’hommes et de femmes, ce qui donne des informations sur les habits et coiffures que les gens portaient à cette époque. Ces reliques montrent également des animaux, des scènes de chasse et des armes telles que des arcs, des flèches, des bâtons et des lances.
L’art rupestre de Jubbah possède des similarités avec l’art rupestre d’Afrique du Nord, dans des pays comme l’Algérie, la Libye et l’Égypte. Jubbah abrite deux des sculptures les plus symboliques du Royaume. La première gravure représente un homme en position d’autorité, vêtu de l’habit et des bijoux de la noblesse. Il semble être dominant envers ses sujets, ce qui peut laisser penser qu’il est l’un des anciens rois. La deuxième gravure représente un chariot tiré par deux chevaux.
Jubbah se distingue par le fait qu’elle a traversé trois époques différentes : l’ère moderne, l’ère thamudique et la fin de la préhistoire. De ce fait, son art rupestre n’appartient pas à une seule ère ou civilisation. Les gravures de pierre modernes consistent en de mystérieuses inscriptions en arabe sculptées avec un objet métallique. Cependant, certaines des gravures en arabe sont non datées et ont été inscrites en utilisant une autre pierre, ce qui indique qu’elles datent d’époques plus anciennes. On peut y observer des images de personnes à dos de chameaux, ainsi que de scènes de batailles avec des personnes utilisant des lances pour se battre à dos de cheval.
L’art rupestre au cours de l’histoire
La province d’Haïl a été associée avec l’art rupestre depuis des époques très anciennes, reflétant la mémoire des sociétés qui y ont vécu. Deux sites dans le désert renommés pour l’art rupestre sont le mont Umm Sinman (Jubbah) et les montagnes d’Al Manjoura et Ratta (Shuwaymis). Les ancêtres des groupes de population arabe actuels ont laissé des traces de leurs colonies, dont plusieurs panneaux de gravures rupestres ainsi que de nombreuses autres sculptures. Ces artéfacts représentent un nombre important de figures humaines et animales, datant de plus de 10 000 ans.
Ces peintures et gravures rupestres, réparties sur plusieurs sites de la province de Haïl, sont des manifestations culturelles par lesquelles les habitants de cette région, au cours des périodes préhistoriques et des époques historiques, exprimaient leur subsistance quotidienne, leurs pratiques religieuses, leurs interactions avec l’environnement et leur vie quotidienne. La plupart de ces peintures et gravures datent de l’époque préhistorique ou de l’Âge de pierre tardif (14 000 ans avant notre ère). Elles représentent plusieurs types d’animaux que les humains utilisaient ou chassaient, comme des bovins sauvages, les bouquetins, les biches, les autruches et les chèvres de montagne.
La diversité de l’art rupestre dans la province d’Haïl comprend également des images abstraites à côté de figures humaines, représentant des célébrations communautaires, des pratiques religieuses, des batailles de guerre et des duels. Elles expriment de manière vivante le rythme et le mouvement dans les pratiques de chasse, ainsi que des images d’animaux prédateurs, tels que les lions et les léopards. Il y a également des dessins datant du début de la période islamique, ainsi que des inscriptions en écritures coufiques, dont certaines remontent au VIIIe siècle.
Types d’art rupestre dans la province d’Haïl
L’art rupestre de la province d’Haïl varie selon les fins de communication des groupes civilisationnels qui se sont installés dans la région. Pendant l’ère préhistorique, le style de gravure en pierre était limité par les compétences du graveur et par la difficulté de la surface rocheuse, ce qui rend, par exemple, difficile l’identification des animaux représentés. Les graveurs comptaient sur de simples outils pour effectuer des tâches complexes. Ils utilisaient la méthode de sculpture intégrale, qui est considérée comme l’une des plus difficiles techniques d’art rupestre. Les outils utilisés dans les premières étapes du dessin et de la gravure n’étaient rien d’autre qu’un simple ciseau de pierre. Le fer n’a été utilisé que bien plus tard. Le ciseau était accompagné d’un grattoir pour enlever les parties non désirées, puis ils lissaient l’image en la frottant avec un outil en pierre.
Figures humaines
Les œuvres d’art rupestres comprennent des représentations de figures humaines représentant les hommes préhistoriques. Ils sont généralement de grande taille, ce qui indique qu’ils sont principalement des hommes. Ils semblent porter des pagnes faits d’herbe et certains types de couvre-chefs. Sur l’un des dessins, deux individus sont montrés en train d’utiliser des outils crochus, tandis que d’autres figures tiennent un arc et une flèche.
Les figures humaines constituent l’un des types d’art rupestre les plus importants. Ils varient en taille et style d’exécution d’une ère à l’autre. Il existe des représentations humaines en forme de bâton. Le bâton est constitué de lignes simples symbolisant des membres dessinés avec le moins d’effort possible par l’artiste. L’artiste représente des figures semi-humaines avec un minimum de détails identifiables.
Parmi les dessins d’art rupestre, il y a des figures humaines avec des têtes circulaires masquées depuis lesquelles émergent des bâtons ressemblant à des bannières. Il y a également énormément de figures humaines abstraites. Elles sont souvent conçues de manière complexe et peuvent être distinguées en les comparant aux dessins qui leur sont associés. Par conséquent, on constate que la forme du squelette et les traits du visage sont dessinés de manière abstraite, réduite, amplifiée, incomplète ou fortement modifiée, tout en conservant des ressemblances, soit dans la forme du corps, soit dans le torse et la tête combinés à des figures humaines. Cela nous permet de les identifier en tant que représentations d’humains.
Figures animales
De manière générale, l’art rupestre thamudique se compose principalement de sculptures en relief, dominées par des images et des sculptures de chameaux. La majorité des images de chameaux gravées sont associées à des textes qui identifient le propriétaire de l’animal. La plupart de ces textes sont écrits à la verticale, mais certains sont écrits à l’horizontale. En plus des palmiers, on peut également retrouver des autruches, des chiens et des bouquetins. Cela confirme la suggestion de certaines études archéologiques selon laquelle la société thamudique était pastorale et nomade, les animaux se déplaçant régulièrement d’un pâturage à l’autre.
La plupart des dessins identifiés désignent le bouquetin, reconnaissable à ses cornes massives recourbées vers l’arrière, à sa barbe et à sa fourrure rayée. Les dessins représentent également plusieurs bovins avec leur tête inclinée d’un côté, tandis que les ânes sauvages sont illustrés avec ce qui semble être des courtes oreilles tournées vers l’avant.
Les vestiges de Haïl comprennent également un type d’art rupestre peint en rouge, constitué de trois bovins. L’un d’entre eux semble être l’aurochs, une grande espèce bovine aujourd’hui éteinte. La couleur rouge des dessins apparaît sous deux teintes : un brun rouge utilisé pour les animaux et un rouge violacé utilisé pour les carrés et les points.
Armes
Un autre type d’art rupestre met en valeur les aspects liés aux vies des anciennes communautés, notamment des sculptures représentant diverses armes utilisées par les humains, soit dans les périodes préhistoriques, soit au cours des périodes historiques, pour chasser des animaux dans leur environnement. Ces armes étaient faites à partir de bois, de cuivre, de bronze et de fer. Parmi eux, les arcs et les flèches se démarquent comme étant les plus anciennes armes utilisées dans la péninsule arabique et sont le plus souvent représentés.
Les lances sont une autre arme souvent représentée dans l’art rupestre. Elles apparaissent comme étant une addition récente à l’arsenal d’armes dans les dessins de la péninsule arabique. Certaines personnes pensent qu’elles sont apparues durant l’ère moderne. Ce type d’arme est sensiblement associé aux cavaliers dans les scénarios de guerre ou de chasse. L’art rupestre montre également des boucliers, souvent tenus par la main gauche d’hommes, tandis qu’ils brandissent d’autres armes dans leur main droite.
Inscriptions thamudiques
Les inscriptions thamudiques de la province de Haïl comptent parmi les manifestations culturelles les plus importantes qui témoignent de l’existence du peuple Thamud de Haïl. Ces inscriptions datent de la période historique entre le VIᵉ et le Ier siècle avant J.-C. À ce jour, on ressource 5 431 inscriptions thamudiques et plus de 13 000 inscriptions rupestres provenant de différentes régions de la province de Haïl.
Ces inscriptions et écritures fournissent des informations sur la vie des habitants de Haïl durant cette ère. Elles peuvent être qualifiées d’écrits populaires en raison de leur nombre, de leur répartition et de leur contenu. On les compte par milliers et leur répartition couvre clairement toutes les régions de la péninsule arabique, du nord au sud, en passant par le centre, et de l’ouest à l’est. Le contenu de ces inscriptions reflète de façon franche la réalité de la vie humaine, sans aucun embellissement. Elles expriment les espoirs, les ambitions, les prières, les sentiments les plus intimes des individus ainsi que le moindre détail de leur vie. De plus, elles sont concises et directes. Toutes ces écritures partagent une écriture commune, connue sous le nom d’écriture thamudique.
Les inscriptions thamudiques révèlent plusieurs aspects de la vie et fournissent un aperçu de la société et des conditions de l’époque. Elles mettent en lumière les professions pratiquées par les thamudiens, les maladies qui les touchaient et les diverses coutumes sociales qu’ils pratiquaient, comme le mariage et le divorce.
Les inscriptions thamudiques sont diverses et varient selon le sujet. Dans ce contexte, les inscriptions supplicatives viennent en deuxième position après les inscriptions commémoratives, soit 146 inscriptions supplicatives. Ces inscriptions, tout comme les inscriptions commémoratives, appartiennent principalement à la période thamudique moyenne, qui a commencé aux VIIe/VIe siècles avant J.-C. Cela suggère que le niveau de religiosité et le lien avec la ou les divinités étaient plus forts au début et au milieu de la période thamudique qu’à la fin de cette période. Les inscriptions de la dernière période sont dominées par celles qui expriment le désir et l’engouement. Certaines inscriptions reflètent des parties des activités sociales de l’époque, telles que le nomadisme, la recherche de nourriture et bien d’autres événements.
Sites d’art rupestre à Haïl
Plusieurs sites de la province de Haïl présentent des traces d’art rupestre qui témoignent des sociétés de la région au cours de l’histoire. Ces œuvres offrent diverses expressions des nombreux styles de vie, ce qui fait d’elles d’immenses et ouvertes archives naturelles par nature. Plusieurs de ces sites sont éparpillés dans la province, parmi lesquels :
Jubbah
Jubbah est l’un des sites d’art rupestre les plus connus de la province de Haïl. C’est l’une des municipalités de la région, recouvrant une superficie de 12 000 km². Situé au cœur du vaste désert du Néfoud, le site est au nord-ouest de la ville de Haïl et à environ 100 km de cette dernière. De plus, Jubbah est situé sur l’ancienne route des caravanes qui relie la côte orientale méditerranéenne au plateau de Nejd. Il est renommé pour l’agriculture grâce à l’abondance d’eau dans la région.
L’origine linguistique du nom Jubbah fait référence à un type de vêtement masculin, à manches larges et ouvert devant, généralement porté par-dessus un autre vêtement. Le « Jubbah » d’une maison signifie son cœur. Le « Jubbah » d’un œil signifie sa paupière. Le « Jubbah » d’un chevalier signifie son bouclier. De la pointe de la lance, le jubbah est l’endroit où la lance pénètre.
Dans le livre, Taj al-Arus, il est mentionné un endroit dans Jubbah au sein de la montagne Tai où Al-Namir Bin Tulub a dit :
Vous avez décoré les colonnes de l’ennemi, et vous vous êtes
placés dans leurs demeures.
Le terme « jubb » signifie également un puits à fond profond et dont l’eau est abondante.
Jubbah se distingue par plusieurs sites archéologiques qui présentent les premiers styles de sculpture et de gravure. Des études récentes indiquent que Jubbah fait partie des plus anciens sites de colonies du Royaume. Deux sites remontent à l’Âge de pierre moyen (80 000 - 40 000 années de cela) ont été découverts. Le premier est situé dans le mont archéologique Umm Sinman, et le second est situé du côté est du même mont.
Les dessins et inscriptions de ces deux sites offrent des représentations riches de la vie quotidienne des humains et animaux qui habitaient la région. Leur présence peut être divisée en deux périodes : la première remonte au VIIe siècle avant J.-C. et présente des figures humaines complètes. La deuxième période correspond à l’ère thamudique, avec ses remarquables dessins rupestres et ses inscriptions représentant des chameaux.
Jubbah est considéré comme le plus grand site d’art rupestre du Royaume. Douze sites d’art rupestre ont été répertoriés, datant approximativement du début de l’ère Néolithique (approximativement 5 000 - 7 000 ans avant J.-C.). Les œuvres d’art rupestres qui datent de cette ère sont caractérisées par des images de bovins à longues cornes et de figures humaines à taille réelle. En revanche, les œuvres d’art rupestres de la fin du Néolithique (approximativement 5 000 - 3 000 ans avant J.-C.) sont caractérisées par des représentations de figures humaines et animales. Le nombre de bovins a diminué, remplacé par des représentations de cerfs, de bouquetins, de chevaux et de gazelles.
Pendant l’Âge du cuivre (approximativement 3 500 - 2 000 ans avant J.-C.), il y a eu une diminution des précipitations, qui étaient limitées à de courtes périodes saisonnières. Durant cette ère, les habitants ont commencé à s’installer en petits groupes, comme en témoignent les structures de pierre circulaires et rectangulaires. Il y avait également des outils en pierre faits de silex, dont des racloirs latéraux, des foreuses fines et de grandes haches. Les dessins dominants pendant cet Âge étaient les cerfs, les bouquetins, les chèvres, les scènes de chasse ainsi qu’un nombre limité de bovins à cornes courtes.
L’un des sites les plus connus du gouvernorat de Jubbah est le mont Umm Sinman, situé à l’ouest de la ville de Jubbah, au milieu du désert du Néfoud. Ce mont a une place historique et archéologique importante dans la péninsule arabique en général et plus particulièrement dans la province de Haïl. On y trouve de nombreuses anciennes inscriptions, dessins et formations qui remontent à l’Âge de pierre, dont certaines sont thamudiques. Le mont comprend des formations rocheuses distinctes, la plus connue étant la figure de lion. Il y a également des formations représentant le visage d’hommes portant des turbans et d’autres dessins d’animaux tels que des oiseaux, des singes et des bouquetins. Historiquement, le peuple de Jubbah les appelait les Gardiens d’Umm Sinman.
Les inscriptions et les dessins sur Jabal Umm Sinman sont vastes, reflétant la vie des humains pendant l’Âge de pierre. Environ 5 431 inscriptions thamudiques ont été répertoriées sur le mont, ainsi que 1 944 dessins de plusieurs animaux. Parmi ces dessins 1 378 sont des dessins de chameaux de différentes tailles et formes, tandis que les figures humaines sont au nombre de 262. Parmi les dessins et inscriptions rupestres les plus importants sur le mont, on trouve ceux qui représentent le premier style de gravure, qui date du VIIe millénaire avant J.-C. Ces inscriptions offrent une représentation riche de la vie quotidienne des humains et des animaux qui habitaient autrefois la région.
Les inscriptions spécifiques se remarquent sur le mont Umm Sinman, telles que l’inscription du chariot, qui est considéré comme l’un des dessins les plus importants sur le mont. Cette représentation est celle d’un chariot tiré par deux chevaux. Ce dessin indique un stade de civilisation avancé vécu par les ancêtres des Arabes dans le nord de la péninsule arabique. La représentation date de l’invention de la roue au Ve millénaire avant J.-C. dans le Sumer (il y a environ 7 000 ans). Pendant ce temps, l’utilisation de chevaux pour tirer de tels chariots remonte au IIe millénaire avant J.-C. en Chine (il y a environ 4 000 ans). Le chariot était connu dans le Levant et en Égypte vers 1 200 avant J.-C., il y a approximativement 3 200 ans.
Shuwaymis
Shuwaymis représente l’un des sites d’art rupestre les plus importants de la province de Haïl. Il est situé à environ 300 km au sud de Haïl, à la limite nord de Harrat Al Nar, près de Wadi Al Mukhait, qui sépare Harrat Layla de Harrat Al Nar. Il est également proche de la base de la course, la zone qui a été témoin de la bataille la plus longue et la plus féroce de l’histoire arabe : la bataille de Dahis et El Ghabra.
La géographie de Shuwaymis indique qu’il est constitué de hauteurs faites de grès. Ces élévations et les façades des rochers tombés au sol abritent des œuvres d’art représentant des figures humaines complètes. Elles apparaissent parfois individuellement ou accompagnées de formes animales (chiens). Les figures humaines ont des têtes de forme ovale ou qui ressemblent parfois à des têtes d’oiseaux, souvent représentées dans des scènes de chasse. De plus, il y a des sculptures d’animaux, dont des lions, des léopards, des ânes, des bouquetins, des chiens et des bovins avec de longues cornes. Toutes ces sculptures ont été faites au travers de techniques comme la friction, le burinage ou la gravure, et sont à peu près de taille réelle.
L’art rupestre de Shuwaymis se distingue des autres sites d’art rupestre de la région de par sa précision dans l’exécution et ses magnifiques frises. L’un de ces panneaux s’étend sur environ 12 m de long et comprend des formes humaines, animales et géométriques. Il y a également des humains magnifiquement sculptés (humains et enfants) et des empreintes de pas d’animaux sur la surface de l’une des pierres situées près de l’entrée d’une grotte. Le plafond de cette grotte comprend un ensemble de formes géométriques magnifiquement sculptées.
La superficie du site de Shuwaymis dépasse les 50 km². Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Les inscriptions archéologiques de ce site datent de l’Âge de pierre tardif. Le site présente un art rupestre caractérisé par des sculptures humaines et animales représentant des chameaux, des chevaux, des bouquetins et des palmiers, ainsi que des inscriptions thamudiques. Les sculptures d’hommes à dos de chameaux suggèrent l’activité de caravanes commerciales, et de magnifiques œuvres d’art rupestre représentent des humains en taille réelle, aux côtés d’animaux divers.
La zone archéologique de Shuwaymis abonde de grottes et de vestiges volcaniques. Sur le côté de Harret Al Nair, la Grotte Sha’fan est visible, et il y a également d’autres grottes autour qui sont comparables à celle de Sha’fan en taille et en valeur historique et archéologique. Jusqu’à présent, plus de dix grottes ont été explorées dans la région. De plus, la zone contient des cratères volcaniques, avec environ 12 d’entre eux ayant été découverts.
L’art rupestre et les inscriptions de Shuwaymis se déroulent sur trois périodes. La plus ancienne date du milieu du VIIe millénaire avant J.-C. Certains appartiennent à la période thamudique, entre 1 500 et 2 500 ans d’aujourd’hui, tandis que les autres datent de la période arabe. Ces inscriptions et dessins sont faits sur des façades rocheuses en utilisant des techniques d’incision et de sculpture profonde. Ils représentent des formes humaines abstraites engagées dans diverses activités ainsi que divers types d’animaux que les humains utilisaient ou chassaient, comme les bovins sauvages, les bouquetins, les cerfs, les autruches et les chèvres de montagne. Certains représentent des figures humaines abstraites adjacentes, illustrant des célébrations de groupe, des pratiques religieuses, des batailles de guerre et des combats en duo. De plus, ces dessins illustrent de façon fréquente les pratiques de chasse et les images d’animaux sauvages tels que les lions et les léopards.
Baqaa
Baqaa est situé dans la province de Haïl et compte plusieurs sites riches en art rupestre diversifié, notamment :
Les montagnes Al-Hamimiya, qui sont situées à 45 km à l’ouest de la ville de Baqaa, à gauche de la route menant de Baqaa à Haïl. En général, elles présentent une pléthore d’œuvres d’art rupestres, dont des représentations de chameaux, de bouquetins, de bovins sauvages, de lions ainsi que plusieurs figures humaines utilisant des outils de chasse et de combat.
Les montagnes Al-Remimenat, qui sont situées à environ 35 km au sud-ouest de Baqaa. Elles sont un site historique que les anciennes caravanes de voyageurs traversaient sur l’ancienne route reliant Baqaa à Haïl. L’exploratrice anglaise Anne Blunt les mentionne dans son livre A Pilgrimage to Nejd, tout comme les orientalistes Alois Musil et Julius Euting, ce dernier ayant reproduit quelques-unes des inscriptions et de l’art rupestre des montagnes. Le site est riche en art rupestre et en inscriptions.
Bab Al-Halah, il s’agit d’un lieu ou d’une habitation du peuple, situé près d’une zone appelée Qawayim, au sud-ouest de la ville de Baqaa. Le site comprend de nombreuses œuvres d’art rupestre, illustrant diverses figures humaines et animales, certaines d’entre elles étant faites dans le style Udi.
La montagne Jildiyyah, elle est située à approximativement 26 km au sud de la ville de Baqaa. Sur ses rochers on trouve de nombreuses anciennes inscriptions thamudiques et de l’art rupestre représentant diverses formes humaines et animales qui datent des périodes préhistoriques. Cette montagne a été mentionnée dans la poésie arabe et dans les ouvrages patrimoniaux par les historiens et géographes, tels que Abu Ali Al-Hijri, Al-Bakri et Al-Samhudi. Plusieurs orientalistes sont passés par cette montagne et l’ont décrit, dont Doughty, Huber, Anne Blunt, Musil et Julius Euting.
Qaltat Al-Zarqaa Al-Fouqi, ce site est situé à environ 11 km au sud-ouest de la ville de Baqaa. Le site est orné d’œuvres d’art rupestres représentant des bouquetins, des chameaux, des bovins sauvages et des figures humaines de toute taille brandissant des armes de combat, ainsi que beaucoup d’inscriptions thamudiques claires.
Ghiran Saadun, il est situé à 12 km au sud de la bille de Baqaa. Le site contient des inscriptions thamudiques qui datent d’il y a 2 500 ans. De plus, il y a une gravure islamique datant du Xe siècle. Le site dispose d’un large ensemble d’art rupestre symbolisant des mains de toute taille, des gravures représentant des scènes de chasse, une gravure d’un groupe de palmiers, ainsi que d’autres gravures montrant des figures humaines, des bouquetins, des chameaux, des marques tribales et des formes symboliques qui demeurent non identifiées.
Ville de Fayd
La ville de Fayd est une ville historique et archéologique importante dans la province de Haïl. Située à 120 km à l’est de la ville de Haïl, elle est la troisième ville sur l’ancienne route de pèlerinage, connue sous le nom de sentier de Zubayda, après Kufa et Basra. Fayd est la plus grande station sur la route du Hadj irakienne (sentier de Zubayda).
La ville de Fayd abrite plusieurs sites historiques et archéologiques remarquables dans la province de Haïl. Les vestiges de l’ancienne ville de Fayd sont situés à 1,5 km au nord de la ville moderne. Le site archéologique s’étend sur une surface d’environ 1,5 km de longueur et une largeur similaire.
Certaines sources historiques suggèrent que la ville de Fayd avait une importance particulière à l’ère abbasside. Elle était considérée la troisième ville la plus importante après Bagdad et La Mecque. Cela s’explique par le fait que Fayd est située à mi-chemin entre La Mecque et Bagdad sur l’ancienne route du Hadj, aussi connue sous le nom de sentier de Zubayda. Cette position stratégique a contribué à sa prospérité, car les pèlerins la traversaient lorsqu’il se réapprovisionnant dans la ville.
Autres sites d’arts rupestres remarquables
La province de Haïl abrite plusieurs sites archéologiques qui comprennent divers types d’art rupestre répartis sur son territoire. Parmi eux :
La montagne Abraq Ghouth, située à environ 4 km au nord de la ville de Mawqaq, c’est une montagne de taille moyenne entourée de plusieurs collines plus petites. Au nord de cette montagne, sur l’une des buttes proches, de l’art rupestre a été découvert. Ces gravures représentent principalement des hommes à dos de chevaux. Au sud de cette butte, près de la deuxième unité, deux inscriptions thamudiques bien conservées ont été découvertes sur l’un des rochers situés au nord de cette unité.
La montagne d’Hutalah, située à approximativement 5 km au nord-ouest de la ville de Muwaqqar, c’est une montagne imposante et gigantesque. La seule œuvre d’art rupestre trouvé sur cette montagne se situe sur son côté nord, représentant un homme à dos de cheval et tenant une longue lance, il se tient en position d’attaque.
La montagne Jarqouq, située à environ 15 km à l’ouest de Muwaqqar, il s’agit d’une autre montagne massive et élevée. Le site comprend des ruines en pierre, avec pas moins de onze piles de pierres, réparties de part et d’autre d’une vallée qui descend du sommet sud de la montagne.
La montagne Habashy, située à environ 175 km au sud-est de la ville de Haïl. Les preuves archéologiques trouvées sur ce site suggèrent qu’il a été habité depuis les périodes préhistoriques. Une variété d’outils en pierre y ont été trouvés, dont des haches, des grattoirs, des perceuses et des têtes de flèches en pierre. Tous ces outils appartiennent aux techniques de création d’outils en pierre qui prévalaient pendant le Néolithique.
Site de Jatha, situé à approximativement 340 km au sud-ouest de la ville de Haïl et environ 15 km à l’ouest des sites de Rata et de Manjour. Les façades des montagnes de Jatha et les rochers qui en sont tombés présentent des figures humaines et animales (dont des bovins à longues cornes, des ânes et des bouquetins), presque de grandeur nature. Elles sont faites en tapant ou sculptant les bords sans creuser les parties intérieures et on pense qu’elles remontent à l’époque du Néolithique. En plus de cet art, il y a des représentations d’animaux (chameaux et bovins) et d’autruches. Elles apparaissent de façon individuelle ou accompagnant des écritures du désert, aussi connues par certains sous le nom d’inscriptions thamudiques, exécutées presque de grandeur nature selon une technique de friction et en creusant les parties internes du corps. Le site contient également plusieurs piles et cercles de pierres.
Al-Dhubyah, c’est un plateau bas s’étendant de l’est à l’ouest dans une forme d’arc semi-circulaire. Ses façades et celles des rochers qui en sont tombés contiennent plusieurs œuvres d’arts rupestres de figures animales, dont des bouquetins, des chiens et des bovins à longues cornes. Le style ressemble beaucoup au style du début de Jubbah et des sites à l’ouest de Shuwaymis (Rata et Manjour). Le site contient également des figures de chevaux et de chameaux, exécutées presque de grandeur nature et dans un style et une taille similaires à ce que l’on trouve sur le site de Mahja situé au nord-ouest de cet endroit, à approximativement 100 km, et qui remonte à la période thamudique.
La montagne de Janin, située à environ 60 km au nord-est de la ville de Haïl, elle abrite une grotte avec un grand nombre d’inscriptions et d’œuvres d’art rupestres. Autour de l’entrée de la grotte, un ensemble d’empreintes de paumes ont été sculptées, qui datent du Moustérien. Parmi les œuvres d’art rupestres trouvés à Janin, il y a des représentations de bovins, de bouquetins et de chameaux en plus de figures humaines. Les scènes de danse sont considérées comme les plus beaux panneaux d’art rupestre de Janin, avec cinq panneaux montrant des danseurs masqués.
Al-Malehiyah, c’est l’un des sites d’art rupestre les plus distinctifs de la province de Haïl. Il contient des représentations de bovins, de cerfs à longs bois, de bouquetins et de figures humaines exécutées dans le style Uthmani. Il contient également des bovins sauvages (aurochs) représentés avec tous leurs détails. En plus de cela, il y a des représentations de divers animaux, tels que des chameaux, des chevaux, des autruches et des bouquetins. Les figures humaines représentent des groupes de danseurs qui se tiennent par la main. Ces œuvres arts rupestres suggèrent des rituels religieux. Les représentations humaines ne sont pas limitées à la danse, il y a également des scènes de chasse. À Al-Malehiyah, on retrouve environ 29 inscriptions écrites en écriture Bédouin (thamudique) et en écriture Safawi.
Mahjah, c’est le nom d’une chaîne de montagnes située à 184 km au nord-ouest d’Al Shamli. Dans cette zone, cinq sites ont été découverts contenant des œuvres d’art rupestres décrivant des chameaux et des chevaux, ainsi que certaines scènes de chasse. Le site possède également des centaines d’anciennes inscriptions d’Arabie du Nord (thamudiques), et l’une d’elles mentionne le nom de l’ancienne divinité arabe (N H Y : Nahi).
Les montagnes Arnan, situées à environ 2 km à l’ouest de la ville d’Al Shamli, des inscriptions écrites en ancienne écriture d’Arabie du Nord (thamudique) y ont été découvertes. De plus, l’art rupestre représentant des figures humaines et animales trouvé près des sources d’eau soutiennent l’idée que ce site a été habité pendant la deuxième moitié du Ier millénaire avant J.-C.
La montagne de Yatib, située à environ 30 km à l’est de la ville de Haïl, cette montagne contient un ensemble de preuves archéologiques. Sur les pentes et le sommet de la montagne, on retrouve de nombreuses inscriptions en ancienne écriture d’Arabie du Nord (thamudique), avec plus de 154 textes. La plupart de ces inscriptions sont de nature commémorative. Il y a notamment deux inscriptions : la première est écrite par une femme nommée Nuha Bint Fasah. La deuxième inscription mentionne son auteur, Nawfal Ben Umayl, exprimant son envie et son désir de retrouver sa bien-aimée, dont le nom n’est pas précisé dans le texte. La montagne de Yatib et les sites archéologiques environnants se distinguent par l’abondance et la diversité de leur art rupestre. En plus de ces diverses représentations de figures humaines, le site est riche en représentations d’animaux dont des moutons, des chameaux, des chevaux et des bovins.
La montagne Al-Asad, c’est une montagne de hauteur moyenne dont les façades rocheuses sont parsemées d’un grand nombre d’œuvres d’art rupestre. Ces œuvres représentent principalement divers animaux tels que des chameaux, des bouquetins, des lions et des figures humaines. De plus, il y a plusieurs inscriptions thamudiques sur la montagne. Six inscriptions thamudiques ont été découvertes sur ce site, avec l’une des plus importantes et des plus grandes étant inscrites sur une paroi rocheuse surplombant une vallée et comprenant neuf lignes.
Towal Al Khattah est une chaîne de montagnes située à environ 45 km au nord de la ville de Haïl. Trois sites archéologiques ont été recensés ici. Le premier site contient douze inscriptions thamudiques et une inscription islamique écrite en coufique. Le deuxième site a révélé quatre inscriptions thamudiques. Le troisième site comprend seize inscriptions thamudiques. Ces sites contiennent également de l’art rupestre qui représente divers animaux tels que des bouquetins, des autruches, des chiens et des bovins sauvages.
Al-Dahwa, ce sont des élévations faites de grès qui présentent de nombreuses peintures rupestres sur leurs façades et sur les surfaces des rochers tombés à proximité. La plupart de ces œuvres ne sont plus clairement visibles à cause de la nature de ces rochers, qui sont sujets à l’érosion rapide. Les dessins se composent principalement d’arcs et de flèches, ainsi que de diverses figures animales (bovins, ânes et bouquetins), représentées individuellement ou en groupes. Le style de ces œuvres ressemble fortement à celui du début de Jubbah, notamment les représentations des bovins.
Wadi Al-Jayb, située à environ 15 km au nord-ouest du village d’Al-Dharwah, c’est une vallée entourée de montagnes de grès de taille moyenne. Les façades de ces montagnes, ainsi que les rochers tombés à proximité, abritent une grande collection d’art rupestre. Ces œuvres présentent principalement des figures humaines presque de grandeur nature avec des têtes ovales ou des têtes d’oiseaux. Elles apparaissent parfois individuellement ou en groupes. Le style se rapproche beaucoup des premiers motifs de Jubbah, accompagné de dessins de figures animales (bovins, ânes et bouquetins) qui apparaissent parfois comme des troupeaux.
Site d’Al-Quor, situé dans le village d’Iblah dans le gouvernorat d’Al Hait à environ 9 km, ce site consiste en des élévations faites de grès. Leurs façades, ainsi que les surfaces des rochers tombés à proximité, comprennent de l’art rupestre représentant des figures humaines et animales (bovins et bouquetins). Certaines de ces œuvres d’art rupestres accompagnent parfois des figures humaines tenant des arcs et des flèches. Les dessins rupestres sont répartis sur trois sites : Al-Quor Ouest, situé au nord-ouest du village d’Iblah. Al-Quor Nord est situé au nord-ouest du village. Et Al-Quor Ouest au nord-ouest du village d’Iblah dans la province d’Al Hait. Le site archéologique contient quelques anciennes inscriptions arabes thamudiques.
Al-Ghuttah, ce sont des pics montagneux entourés de dunes de sable sur tous les côtés, situés à 10 km au nord-est de Jubbah. Ces pics contiennent un nombre considérable d’œuvres rupestres, représentant des figures humaines et animales, exécutées dans diverses techniques et styles. Parmi elles, le style de sculpture en creux se distingue, ainsi que plusieurs courtes inscriptions thamudiques.
Khashm Al-Qataa, ce sont des zones élevées de grès dont les façades et les surfaces des rochers tombés à proximité comprennent des représentations d’art rupestre de figures animales (bovins, lions, bouquetins, chiens et ânes) sculptées dans un style creux. De plus, il y a plusieurs figures humaines presque de grandeur nature, parfois représentées en mouvement sans que les détails du corps ou des vêtements ne soient visibles. Elles sont souvent observées tenant des arcs et des flèches, seules ou accompagnées de figures animales (bovins).
La montagne Al-Qaed, située à 35 km au nord de la ville de Haïl, ses pentes présentent divers arts rupestres de figures humaines et animales. Elle contient également huit sites archéologiques, comprenant un ensemble d’anciennes inscriptions d’Arabie du Nord (thamudique), qui équivaut à 83 inscriptions au total. Toutes ces inscriptions sont commémoratives, à l’exception de celle qui parle d’un individu nommé Qabs qui a commis le meurtre d’une autre personne qu’il a nommée Yishraeh dans le texte de l’inscription.
Dile Al-Asabea, ce sont plusieurs moyennes et petites montagnes aux sommets pointus, situées à environ 8 km à l’ouest de la montagne Jaldiah. Le site comprend un grand nombre d’inscriptions thamudiques et d’œuvres d’art rupestres. Le site d’Al-Asabea a été visité par de nombreux orientalistes, comme le français Charles Huber et l’allemand Julius Euting.
Shuayb Al-Buwaib, Al-Buwaib est la forme diminutive du mot Bab (porte), et il a été nommé ainsi à cause du rétrécissement du cours du ruisseau entre ces montagnes jusqu’à ce qu’il sorte d’une petite sortie ressemblant à une porte. Certains orientalistes, comme le français Charles Huber et l’allemand Julius Euting, l’ont visité, il y a de cela 137 ans. Ils ont recopié certaines des inscriptions et de l’art rupestre trouvés sur les façades rocheuses, les décrivant et les illustrant dans leurs écrits. Le savant Van den Branden l’a également visité, recopiant 26 inscriptions thamudiques
Aba Al-Sabban, situé à environ 250 km au sud-ouest de la ville de Haïl. Même si la plupart des artéfacts trouvés sur le site portent les indications de la période islamique, particulièrement les inscriptions et les vestiges des structures architecturales, certaines œuvres d’art rupestres de figures humaines ou animales suggèrent que le site d’Aba Al-Sabban a été habité durant l’ère préislamique.
Site classé au patrimoine mondial
L’art rupestre de la province de Haïl a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015, ce qui en fait le quatrième site archéologique du Royaume à y être inscrit, après Hégra, Diriyah et la ville historique de Djeddah. Cette appréciation globale est attribuée au fait qu’il s’agit d’un habitat historique pour un grand nombre d’inscriptions rupestres, réparties entre les gouvernorats de Jubbah, Rata et Manjour. L’ingéniosité de ces dessins, sculptés en utilisant des marteaux en pierre et des techniques primitives, reflète le génie de l’esprit humain. Ils constituent également un témoignage important de la résilience de l’homme face aux catastrophes environnementales.
Sites classés au patrimoine mondial
Reconnaissant leur valeur historique et civilisationnelle, l’UNESCO, lors de sa 39e session tenue à Bonn, en Allemagne, a inscrit l’art rupestre de la province de Haïl sur la liste du patrimoine mondial. Cela a suivi l’inscription de Hégra, Diriyah et la ville historique de Djeddah. Le site de Jubbah, à l’ouest de Haïl, et le site de Shuwaymis, au sud de Haïl, ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Cette reconnaissance mondiale souligne l’importance des sites d’art rupestre dans la province de Haïl et dans d’autres régions du Royaume. Ces sites, particulièrement ceux de Jubbah et de Shuwaymis, se classent parmi les sites d’art rupestre les plus importants, anciens et riches au niveau mondial.
Les sites d’art rupestre de Haïl représentent une valeur culturelle et historique pour le Royaume et l’humanité. Ces sites sont considérés comme une création humaine qui constitue un témoignage culturel des communautés humaines à travers les différentes époques qui se sont succédé dans la région. Les sujets d’art rupestre se caractérisent par leur quantité et leur manière. Ces arts révèlent les aspects sociaux, culturels et religieux de ces communautés humaines depuis les périodes préhistoriques, notamment durant la période du Néolithique, comme en témoignent des sites tels que Umm Sinman à Jubbah et Manjour à Shuwaymis, tous deux inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Ces sites s’étendent sur des périodes historiques, notamment l’époque des écrits arabes anciens (thamudiques) au cours du Ier millénaire avant J.-C., ainsi que les premières périodes islamiques.
Valeur touristique
Les sites d’art rupestre dans la province de Haïl ajoutent une importante dimension touristique à l’exploration des facettes historiques et civilisationnelles qu’ils recèlent. Ils servent de musées naturels ouverts qui reçoivent de l’attention et des soins des entités concernées. Le ministère du Tourisme a érigé des clôtures autour d’un ensemble de vestiges d’art rupestre et d’inscriptions datant de plusieurs milliers d’années au pied du mont Umm Sinman à Jubbah.
Tourisme de l’art rupestre
Étant donné la nature magnifique de la province de Haïl et les sites d’art rupestre environnant, elle est devenue une destination touristique unique. Il y a un certain nombre de sites ayant commencé à attirer des touristes, tels que :
La montagne de Yatib, un important site touristique. Il est situé à 30 km à l’est de la ville de Haïl. Ce site archéologique date du IIIe millénaire avant J.-C. L’importance touristique du site tient à sa collection de dessins et d’inscriptions rupestres thamudiques.
La montagne et la grotte de Janin, ils sont considérés comme un site touristique dans la province de Haïl. Il est renommé puisqu’il contient l’une des plus anciennes grottes archéologiques qui ont été habitées par des hommes préhistoriques dans la province de Haïl. Le site abrite également un ensemble de peintures murales artistiques, exprimant des thèmes variés, des formations et des éléments dans leurs dessins et inscriptions rupestres.
Al-Huait, situé sur les contreforts des champs de lave de Khaybar Al-Sharqi au sud d’Al-Hait, il se trouve à environ 280 km au sud-ouest de la ville de Haïl. D’un point de vue touristique, il est aussi important qu’Al-Hait. Il est considéré comme l’un des plus anciens sites archéologiques de la région. Historiquement, Al-Huait était connu sous le nom Yedea, et il date de deux périodes : l’ère préislamique, représentée par les dessins et écritures thamudiques dispersés sur les pierres de silex sur tout le site. Et le début de la période islamique, représentée par les vestiges d’une ancienne ville.
Grottes et champs de lave
Dans la province de Haïl, il y a un certain nombre de grottes et de champs de lave qui contiennent des inscriptions et dessins rupestres, ce qui en fait des destinations touristiques. Parmi les plus importantes destinations, on retrouve la grotte de Janin. Sur les bords des champs de lave d’Al-Nar émerge la grotte de Shuafan, dont l’ouverture spacieuse apparaît comme l’une des plus grandes grottes du Royaume. La grotte s’étend sur plus de 2 km de long, s’élève sur 8 m et descend sur 800 m sous le niveau de la terre. Elle contient des itinéraires latéraux sinueux dont les longueurs finales sont inconnues. Il y a d’autres grottes, comparables en taille et en valeur historique et archéologique à celle de Shuafan, réparties autour d’elle. À ce jour, plus de dix de ces caves ont été explorées. De plus, la région contient des cratères volcaniques. Environ 12 cratères ont été découverts.
Il y a plusieurs montagnes et grottes dans la région de Shuwaymis qui sont décorées d’inscriptions archéologiques. Les plus notables sont :
Les champs de lave d’Al-Nar, ce site archéologique a été découvert en 2001 par les Bédouins y vivant. Ils ont observé des dessins sur les montagnes. Des études ultérieures ont confirmé que ces dessins remontaient à plus de 14 000 ans.
Grotte de Shuafan, c’est l’une des grottes archéologiques les plus grandes du Royaume. La grotte s’étend sur approximativement 1 500 m sous terre. Sa hauteur et sa largeur varient entre 10 et 12 m, mais à certains endroits, la hauteur tombe à un demi-mètre et la largeur se réduit à environ un mètre et demi. Cette grotte est considérée comme l’une des principales attractions touristiques de Shuwaymis.
Géographie de Haïl
La province de Haïl dispose d’une situation géographique unique car elle est située au centre nord du Royaume. Elle recouvre une superficie d’approximativement 118 220 km². La ville de Haïl se trouve au centre de cette région et se situe à environ 600 km de Riyad, 450 km de Médine et 650 km de Tabuk. Son altitude d’environ 915 m au-dessus du niveau de la mer lui confère un climat modéré. La région est bordée par deux chaînes de montagnes importantes : les montagnes d’Aja à l’ouest et les montagnes de Salma au sud-est.
La ville de Haïl est située entre les montagnes d’Aja à l’ouest et la vallée de Haïl. Elle est bordée au nord par la région de la frontière nord et Al-Jouf, au sud et à l’est par la province d’Al-Qassim, et à l’ouest par les régions de Tabuk et de Médine. Pendant des siècles, Haïl était l’une des villes du désert les plus importantes, puisqu’elle servait de point de transit principal pour les pèlerins se rendant dans les deux saintes villes, La Mecque et Médine. Elle était également un centre important pour les commerçants venant du nord ou du sud de la péninsule arabique.
Cette situation géographique a offert à la ville et à la région l’opportunité de se connecter au monde extérieur par le biais de divers moyens, tels que les commerçants, les écrivains, les poètes et les pèlerins. Cette interaction a donné naissance à une tapisserie historique et urbaine dynamique. Quelques-uns des premiers habitants ont laissé des traces de leur présence, se manifestant dans d’anciens outils et dans l’art rupestre qui date d’il y a presque 10 000 ans.
La province de Haïl dispose d’une diversité naturelle importante, caractérisée par ses terrains riches, dont des grottes, des montagnes, des plaines et des volcans. Cela en a fait l’une des régions touristiques les plus importantes du Royaume et une destination pour diverses activités touristiques et sportives.
Histoire de Haïl
Le nom « Haïl » fait référence, à l’origine, à la vallée sur laquelle la ville est située. Historiquement, elle était connue comme « Le Village » ou « Le Village de Haïl ». Au fil du temps, les gens ont commencé à omettre le terme de village et à la désigner par le nom de sa vallée, Haïl. Une explication du nom suggère que la vallée, connue sous le nom d’Al-Aderea, formait une barrière entre les habitants d’Aja et de Salma lorsqu’elle était inondée. L’une des figures les plus emblématiques associées à Haïl est le légendaire Hatem at-Ta’i, réputé pour sa générosité sans limites.
Grâce à sa situation géographique stratégique et à la disponibilité des ressources naturelles dans ses environs, Haïl a été le lieu d’habitation de diverses communautés au cours de l’histoire. L’occupation de la région remonte à l’Âge de pierre. Son environnement propice a joué un rôle important en attirant et en favorisant les installations humaines.
Cette partie de l’histoire s’étend sur plusieurs ères et périodes. Depuis le Ier millénaire avant J.-C., la région de Haïl était un carrefour pour les caravanes voyageant sur la route qui s’étend de l’est à l’ouest à travers la péninsule, ainsi que la route entre le nord et le sud qui traverse la Mésopotamie et le Yémen. Au XIIe siècle, elle est devenue une route essentielle pour les pèlerins venant d’Irak et de Syrie et se rendant à Médine et La Mecque.
Historiquement, Haïl était reconnue comme l’une des places les plus fortifiées de la péninsule arabique, ce qui la protégeait des invasions des rois d’Al-Hira en Irak et des rois ghassanides au Levant. Finalement, le Roi Abdelaziz ben Abderrahmane l’a annexé en 1922, à ce qui allait devenir le Royaume, qu’il a unifié en 1932. Depuis, la région jouit de la paix et de la stabilité.
Haïl est une oasis agricole florissante où prospèrent des cultures telles que les céréales, les dattes et les fruits. Ses champs irrigués représentent la première source de blé du Royaume. De plus, Haïl abrite plusieurs sites historiques et culturels, dont Qal’at A’irif, une forteresse qui date d’il y a plus de 200 ans. En plus de tout cela, il y a plusieurs sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
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