La ville d'Al-Ukhdoud, aussi connue sous le nom de Raqamat ou de Rijmat, est un site archéologique et touristique située dans la province de Najran, au sud-ouest de l'Arabie saoudite. Le site se forme d'un mur d'enceinte, ainsi que de vestiges de bâtiments, d'objets, de tombes, d'inscriptions et de dessins. Les objets les plus anciens remontent à l'âge de pierre, tandis que les plus récents appartiennent à la période islamique, ce qui inclut des objets des époques omeyyade et abbasside.
Localisation et nom de la ville d'Al-Ukhdoud
La ville d'Al-Ukhdoud s'étend sur une superficie de cinq km² et se trouve sur la rive sud de Wadi Najran, à 14 km au sud de la ville de Najran, l'émirat de la région. La ville se trouve à côté du musée régional de Najran et est délimitée au nord par les puits de Hima, l'un des sites d'art rupestre et d'inscriptions anciennes du Royaume.
La ville a été nommée Al-Ukhdoud, ce qui signifie « fosse » ou « puits sans fond dans le sol ». On a donné ce nom à la ville en référence à l’événement mentionné dans le Coran, au sein de la sourate Al-Buruj, qui commence par le verset « Maudit fut le peuple de la fosse ». Cet événement fait référence à Dhū Nuwas, le roi de Himyar, qui aurait jeté les croyants de confession chrétienne dans une fosse enflammée après qu'ils ont refusé de se convertir au judaïsme.
Sites archéologiques d'Al-Ukhdoud
La ville d'Al-Ukhdoud comprend environ vingt-cinq bâtiments en pierre taillée et en argile. Aujourd'hui, il ne subsiste que quelques fondations et murs mesurant de 3 à 4 mètres de haut. On trouve une ancienne meule de grande taille, utilisée pour moudre les grains, juste à côté de ces bâtiments. La citadelle ou forteresse d'Al-Ukhdoud est l'élément le plus remarquable de la ville. On estime qu'elle a été construite entre 500 avant J.-C. et le milieu du premier siècle de notre ère.
La ville d'Al-Ukhdoud est entourée d'un mur de 235 mètres de long pour 220 mètres de large. Les pierres du mur sont ornées de dessins d'animaux et d'inscriptions rupestres. De plus, des restes humains datant du milieu du premier siècle de notre ère ont été découverts dans l'enceinte de la ville.
Al-Ukhdoud était autrefois une région centrale, dont les habitants s'adonnaient à l'agriculture et au commerce. La région servait d'épicentre pour la croissance et l'expansion de l'ancienne ville de Najran. Les caravanes commerciales voyageant sur la route de l'encens se servaient de la ville comme lieu de repos. Ainsi, plusieurs royaumes du sud de l'Arabie se sont disputé le contrôle de la région à divers moments de l'histoire.
Fouilles à Al-Ukhdoud
Des fouilles archéologiques dans la ville d'Al-Ukhdoud ont débuté en 1981, supervisées par des autorités gouvernementales qui ont collaboré avec des équipes de recherche locales et internationales. Dans le cadre du Programme du Gardien des Deux Saintes Mosquées pour le patrimoine culturel, qui a débuté en 2013, Al-Ukhdoud est devenu l'un des sites placés sous la supervision de la Commission du patrimoine, autrefois appelée Autorité générale pour le tourisme et le patrimoine national. Le but du programme était de continuer à préserver et à accroitre la portée des objets trouvés dans plus de quinze sites archéologiques et historiques d'Arabie saoudite.
Les fouilles en cours dans la ville ont permis de faire des découvertes exceptionnelles. Des outils pour la poterie, des figurines d'animaux, des pièces de monnaie, des pierres, des plaques de pierre et de métal portant des inscriptions, des encensoirs et des autels pour les animaux ont ainsi été découverts.
En 2018, des fouilles ont permis de découvrir le « Trésor de Najran ». Ce trésor consiste en une jarre en terre cuite, contenant plus de 2 850 pièces d’argent, enterrée depuis environ deux millénaires. Il contient également des sceaux métalliques et des pierres gravées avec l'alphabet sudarabique. Les pièces portent des images des rois de Qataban et de Himyar qui ont régné entre 300 avant J.-C. et le milieu du cinquième siècle de notre ère.
Inscriptions en alphabet sudarabique dans la ville d'Al-Ukhdoud
Lors des fouilles menées par les équipes de la Commission du patrimoine en 2023, plusieurs inscriptions en alphabet sudarabique ont été découvertes sur le site d'Al-Ukhdoud. L'une des découvertes les plus remarquables consiste en une vaste inscription gravée sur une pierre de granit, représentée en une seule ligne. Celle-ci mesure 230 cm de long pour 48 cm de haut, avec des lettres atteignant 32 cm de long. Cela représente la plus longue inscription écrite en alphabet sudarabique jamais découverte dans la région. Cette inscription est l’œuvre d’un habitant d’Al-Ukhdoud appelé « Wahb Eel ben Ma'qan », qui y a mentionné qu’il travaillait pour irriguer sa maison et possiblement son palais.
Trois bagues en or avec des gravures en forme de papillon ont également été découvertes, toutes ayant la même forme et la même taille. De plus, une tête de taureau en bronze présentant des traces d'oxydation a été découverte. La tête de taureau était un symbole extrêmement répandu au sein des royaumes du sud de l'Arabie à l'époque préislamique. Il représentait la force et la fertilité et était le symbole le plus important pour les Sabéens, les Minéens et les Qatabaniens. De plus, des jarres en terre cuite de différentes tailles, ainsi qu'un récipient en céramique attique datant du troisième siècle avant J.-C. ont également été découverts.
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