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La maroquinerie dans le Royaume d'Arabie Saoudite

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La maroquinerie dans le Royaume d'Arabie Saoudite
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La maroquinerie dans le Royaume d’Arabie saoudite désigne tous les produits et outils dont la matière première est du cuir obtenu à partir du bétail (chameaux, vaches et moutons). Cela concerne également le cuir obtenu à partir d’animaux chassés, comme les gazelles et les bouquetins ainsi que les lapins et les lézards fouette-queue. La maroquinerie est utilisée dans le domaine de l’agriculture et des besoins domestiques dans diverses régions du Royaume.

Certaines professions dépendent également des matières premières dérivées du cuir, notamment le tannage et la couture, qui sont des activités pratiquées par les hommes et les femmes. Les femmes, en particulier, exercent ces professions lorsque les produits sont destinés à des besoins familiaux, comme les outres et les sacs en cuir. Les hommes, quant à eux, se lancent dans la production à l’échelle commerciale.

Tannage des produits de maroquinerie

La première étape dans la production de cuir est le tannage. Cela consiste en l’immersion de peaux sélectionnées dans des cuves remplies de tannins, provenant par exemple de grains de maïs, d’orge broyé et fermenté avec de l’eau, ou de dattes légèrement cuites. Les peaux séjournent plusieurs semaines dans ces matériaux de fermentation, jusqu’à ce qu’elles soient complètement saturées. Elles sont ensuite retirées des cuves, la laine est enlevée et elles sont nettoyées à l’aide d’un couteau de tanneur. Elles sont entreposées pendant quatre jours et retournées de temps en temps afin d’absorber l’agent tannant. Elles sont ensuite retirées, séchées et enduites d’une solution de graisse pour les rendre souples et utilisables.

Les matériaux utilisés dans le tannage du cuir varient, en effet, chaque type de matériaux donne au cuir tanné une couleur, une odeur et une souplesse distinctes. Parmi les substances les plus connues utilisées dans le tannage du cuir, on retrouve les branches et les feuilles de Calligonum, connu sous le nom d’« al-Dibagh », qui donnent une couleur rouge clair au cuir tanné. D’autres plantes comme le Millepertuis perforé (Hypericum), qui sont des buissons montagneux à petites feuilles, donnent au cuir tanné une couleur rouge foncé.

On utilise également le fruit du Tamarix et les branches de l’Alhagi, qui est une plante épineuse qui pousse abondamment dans les salines et les champs. Le bois de reinette (Dodonaea) est utilisé pour le tannage du cuir dans les provinces du sud et de l’ouest. Les plantes utilisées dans le tannage varient en fonction de la région, de ce fait on peut retrouver des substances variées comme la peau de grenade, ainsi que des plantes et buissons divers.

Les bouchers font preuve de précision lorsqu’ils séparent la viande de la peau afin de ne pas perforer cette dernière car cela nuit au processus de tannage. Ils s’assurent également que la peau est propre de toute impureté. La peau est étirée et du sel, des morceaux d’alun ou de la paille séchée et broyée sont placés à l’intérieur afin d’absorber l’eau et de dissoudre la graisse de la peau. Elle est ensuite immergée dans un récipient ou un cuve remplie d’eau mélangée à des feuilles de Dodonaea. La peau reste immergée pendant une semaine tout en étant retournée plusieurs fois par jour afin d’enlever les poils et d’éliminer les odeurs. Après, elle est retirée de l’eau, nettoyée, graissée, débarrassée des particules en suspension, exposée au soleil, puis enduite de ghee ou de beurre afin de l’assouplir et de retirer les aspérités internes. Ensuite, elle est immergée dans de l’eau avec du millepertuis perforé, une plante de montagne à tige courte, dont les racines et le bois sont pilés et cuits, ce qui renforce l’amertume, et filtrés pour être placés sur le cuir. Une fois que le cuir a absorbé le millepertuis perforé, une odeur plaisante s’en dégage. Si le cuir est préparé pour des récipients destinés à stocker l’eau tels que des outres, des pichets et des seaux, on y laisse de l’eau pendant un jour ou deux. L’eau est ensuite retirée et le procédé est repété jusqu’à ce que l’amertume du millepertuis perforé soit éliminée. Si le cuir n’est pas destiné à stocker de l’eau, mais pour des sacs, des sacoches, des pochettes et d’autres articles, il est séché et utilisé. Le goût de l’eau stockée dans les outres change au fil du temps, c’est pourquoi elles sont immergées à nouveau dans de l’eau de millepertuis perforé ou dans de l’eau de Besham afin de les débarrasser de leur salinité et d’en renouveler la qualité.

Production de seaux

La deuxième étape après le tannage est le façonnage et le piquage des produits en cuir pour fabriquer les outils nécessaires, comme le seau, qui est fabriqué à partir de peaux de chèvre, de taureau ou de chameau. Le seau est un récipient en forme de demi-ovale appelé « al-Qalas », avec deux pièces de brois entrecroisées à son sommet appelées « al-Irqah », auxquelles la corde du seau est attachée. Le seau est utilisé comme les outres, afin de récolter de l’eau dans les puits. Plus tard, le seau a commencé à être fabriqué à partir de caoutchouc au lieu du cuir. Il existe un type de seau plus grand que les seaux normaux. Ils sont fabriqués à partir de peaux de chameaux et s’appellent « al-Qalas ».

Production des outres

L’outre est fabriquée à partir de peaux de chèvre et de mouton et est utilisée afin de transporter et de refroidir de l’eau. Il s’agit d’une peau entière piquée à partir de sa base, avec les emplacements pour les pattes du mouton cousus ou attachés, laissant la zone du cou comme ouverture pour l’outre. Les peaux de chèvre et de mouton les plus grandes et intactes, ainsi qu’exemptes de trous, sont géénralement choisies pour la fabrication de l’outre. L’outre est constituée d’une corde en fibre enveloppée de lanières de tissu reliant les pattes. Il peut également y avoir deux cordes, chacune reliant individuellement une patte avant à une patte arrière. Les femmes travaillent conjointement avec les maroquiniers afin de fabriquer les outres. Les femmes utilisent les cordes afin de porter les outres sur leurs épaules lorsqu’elles les utilisent pour transporter l’eau du puits à leur domicile. Elles peuvent également placer les outres sur le dos des animaux si les puits se trouvent trop loin. Dans certains régions, les cordes en fibre ne sont pas utilisées pour porter les outres. À la place, des cordes tressées ainsi que des bandoulières en laine sont utilisées. Les outres sont utilisées pour refroidir l’eau en été. Les meilleures pour refroidir l’eau étant les outres fabriquées il y a de cela quelques années car elles deviennent sèches et dures au fil du temps. Elles sont connues sous le nom de « al-Shinnah ».

Production de l’al-Sameel ou al-shikwah (outre) ou al-Badrah

C’est un récipient similaire à l’outre, mais de plus petite taille. Il est fabriqué à partir des peaux d’agneaux ou de cabris. Il n’est pas toujours nécessaire de le coudre, il suffit d’attacher la base de la peau et les ouvertures pour les pattes. L’al-Sameel est utilisé pour baratter le lait fermenté. Le barattage avec l’al-Sameel se fait en secouant directement le récipient sur ses pieds, soit en le suspendant à un crochet ou à une cheville accrochée au plafond de la maison. Le récipient fait à partir de la peau est rempli de lait en laissant un peu d’air dans le haut. Les côtés du récipient sont ensuite étirés, ce qui lui permet de se remplir d’air afin d’occuper le reste de l’espace. Il est ensuite solidement attaché pendant qu’il est rempli d’air afin de conserver cet état. L’al-Sameel est ensuite secoué jusqu’à ce que le lait soit prêt. Une fois cela fait, le beurre est extrait et le lait restant est laissé à l’intérieur de l’al-Sameel, dans un coin de la maison, afin d’être consommé dans la journée. Le procédé est répété le jour suivant. Cette corvée est généralement effectuée par les femmes âgées tôt le matin. L’al-Sameel est également utilisé par les bergers et les voyageurs afin de transporter et de refroidir l’eau. Ce type d’al-Sameel est connu dans certaines provinces, notamment dans le sud-ouest du Royaume, sous le nom d’« al-su'an ».

Production de l’« al-Rakwah »

Dans les régions de Ghamd et de Dhahran, un récipient nommé « al-Rakwah » est fabriqué à partir de cuir de cou de chameau. Il remplit la même fonction qu’un pichet moderne. Il possède une ouverture afin de le remplir d’eau et une autre afin de se servir de l’eau. Il est plus petit que les récipients nommés précédemment et possède une poignée pour le transporter. Pour contrôler l’écoulement de l’eau pendant les ablutions, un os de mouton creux peut être utilisé comme bec verseur.

Il existe un autre type d’« al-Rakwah » qui sert de berceau pour les enfants. Il est fabriqué à partir de cuir qui a été tanné jusqu’à ce qu’il devienne souple. Il mesure environ un mètre de long et est légèrement plus étroit. Deux tiges sont attachées à ses extrémités, avec une corde attachée à chaque extrémité des tiges. Ce berceau est ouvert et posé sur le sol. Un petit matelas moelleux est placé à l’intérieur. L’enfant est placé dans le berceau, qui entoure le haut du corps et reste ouvert sur le dessus. Il est suspendu à un endroit de la maison et bercé jusqu’à ce que l’enfant s’endorme. Dans les régions d’al-Aflaj et ses environs, le berceau est appelé « al-Maizab ». L’al-Rakwah est également utilisé afin de transporter les enfants d’un endroit à l’autre.

Production de l’al-Jawa'id

Il existe plusieurs types d’al-Jawa'id, mais tous sont fabriqués à partir de peaux de moutons et de chèvres. Certains sont tannés et débarrassés de leur laine, puis portés comme gilet pour protéger les bûcherons et les moissonneurs. D’autres sont placés sur le dos du bétail en guise de selles et de couvertures. C’est l’un des éléments placés sur le dessus de l’armature de la selle en bois. L’al-Jawa'id est généralement divisé en quatre sections égales, placées sur le dos du chameau, les bosses les séparant, et il est rembourré avec de la paille.

Parmi les différents types d’al-Jawa'id on retrouve le « ja'id pour bébés », qui est placé sous un enfant pour empêcher l’urine de s’écouler. Il en existe aussi des types qui sont tannés sans que la laine ne soit débarrassée. Ils sont généralement fabriqués à partir de peaux de mouton larges et épaisses, et sont utilisés comme tapis pour s’asseoir, surtout en hiver, car ils procurent de la chaleur. Ce type de ja'id est également utilisé pour couvrir la selle du chameau lors de ses déplacements.

Autres articles de maroquinerie

L’al-Mirwab est fait à partir de cuir. Il s’agit d’un grand récipient utilisé pour faire cailler le lait avant le barattage. Il est placé dans un endroit chaud en hiver et un endroit frais en été jusqu’à ce que le lait caille. Il y a également l’« al-Ukkah », un petit récipient similaire à l’al-Sameel, généralement fabriqué à partir de peaux d’agneaux et de cabris. Il est utilisé afin de stocker le ghee. Il existe un type d’« Ukkah » fabriqué à partir de peaux de varans, notamment dans le Najd. C’est le plus petit récipient de tous. L’« Ukkah » est enduit de mélasse ou de dattes cuites (al-rub) avant de mettre du ghee à l’intérieur, car cela l’empêche de couler.

L’« al-Nahu » est similaire à l’« al-Ukkah » dans la forme et l’utilisation, à l’exception qu’il est plus grand. Il y a également l’« al-Makrash », un récipient en cuir utilisé afin de stocker le beurre une fois qu’il a été retiré de l’al-Sameel après le barattage. L’al-Rawiyah est fabriqué à partir de peaux de chameaux et ressemble à l’outre sauf qu’il est plus grand et généralement de forme carrée. L’al-Rawiyah est doté d’un goulot à son extrémité et de deux poignées de chaque côté pour le transport. L’al-Rawiyah remplit la même fonction que l’outre en transportant de l’eau, en particulier dans le désert. Cependant, il n’est pas adapté pour refroidir l’eau. L’« al-Aybah » est également fabriqué à partir de peaux de chameaux, est de forme carrée et possède deux poignées. Il est utilisé pour stocker les dattes et d’autres aliments.

L’al-Hawd est l’un des plus grands articles fabriqués à partir de peaux de chameaux. Il s’agit d’un grand récipient qui peut être fabriqué à partir de plusieurs peaux piquées ensemble et fixées sur des structures en bois. Il est placé à côté d’un puits et rempli d’eau afin que les chameaux et le bétail puisse s’y abreuvoir. Le cuir, en particulier les peaux de chameau, est également utilisé pour fabriquer des cordes et des lanières de cuir appelées « al-Qad », qui sont utilisées pour attacher et renforcer divers éléments en bois tels que les clôtures, les portes et les structures. L’un des types de corde en cuir est l’« Habl al-Sarih » (al-Miqat), et est l’une des deux cordes utilisées pour soulever les outres du puits.

Quand au « Julmud », qui est le plus petit tendon présent dans le cou du chameau, il est étiré et enveloppé, puis mis à sécher. Si nécessaire, une petite quantité d’argile est mélangée et on y enfouit le Julmud pendant un à deux jours. Pendant cette durée, il est occasionnellement humidifié jusqu’à ce qu’il deviennent souple. Le Julmud est utilisé pour attacher des articles importants, tels que des fusils, en raison de sa beauté et de sa solidité. Il est considéré comme étant supérieur à l’« al-Qad ».

Le cuir est également utilisé dans d’autres activités artisanales, telles que la cordonnerie (principalement les sandales), la fabrication de ceintures, de housses de fusils et d’« al-Duff », que les femmes utilisent comme tambour lors des célébrations de mariage et des festivals. Les hommes utilisent des tambours et des Damamim lors des performancesde l’al-Ardah et du Samri. L’« al-Haskal » est également fabriqué à partir de cuir. Il s’agit d’un contenant ayant la forme d’un étui à pistolet et qui sert à transporter de l’argent et des sangles. Il est fixé à l’aide d’une lanière de cuir tressée, ce qui permet de le porter autour du corps de manière à ce que le « Haskal » pende sous l’aisselle gauche, sa ceinture ou sa tresse reposant sur l’épaule droite.

De même, l’« al-Maysab » est fabriqué en cuir. Il ressemble à l’« al-Ukkah », mais il plus grand et est utilisé pour stocker le miel. Il y a également l’al-Simat, un contenant utilisé par les voyageurs afin de transporter leurs affaires. Il existe en deux types. De plus, il y a également l’« al-Qadha », une jupe faite de lanières de cuir que les filles de moins de 10 ans avaient l’habitude de porter. L’al-Jirab est un récipient utilisé pour stocker les graines, les dattes et la farine. L’« al-Haqu » ou « Nas'ah » est une ceinture de cuir pour les hommes, portée sur ou sous leurs vêtements. Le « Nata » est utilisé pour récolter la farine et est placé sous la meule. L’al-Qaabil est un contenant plus grand que le « Simat », il est porté sur le dos, et parfois deux Qabīls sont jumelés sur le bétail à la manière de sacoches de selle. De nombreux autres sacs et contenants sont également fabriqués à partir de cuir afin de transporter de l’argent, du café, des tasses et d’autres objets légers. Plusieurs formes sont également fabriquées à partir de lanières de cuir pour de multiples usages. Le cuir et les lanières peuvent être teints et utilisés pour décorer les articles en cuir.