Dans le Royaume, les fouilles archéologiques comprennent les activités de prospection et d’excavation menées sur les différents sites. À cet égard, la Loi sur les antiquités, les musées et le patrimoine urbain, promulguée par un décret royal en 2014, définit les découvertes archéologiques comme ceci : « Objets mobiliers ou immobiliers, enterrés ou submergés, situés au sein des frontières du Royaume d’Arabie saoudite et dans les zones maritimes relevant de sa souveraineté ou de sa juridiction qui ont été construits, fabriqués, produits, adaptés ou dessinés par l’homme, entraînant la formation de biens archéologiques à travers les âges, y compris d’objets datant d’une période récente, à condition qu’ils aient au moins 100 ans. »
Lois saoudiennes sur les antiquités
Les lois sur les antiquités définissent les fouilles comme un procédé lié aux activités de prospection et de recherche qui ont lieu au sein des différents sites archéologiques du pays. Promulguée en 1972, la Loi sur les antiquités caractérise, à l’article 54, les recherches archéologiques d’antiquités comme suit : « toutes les opérations d’excavation, de sondage et de recherche qui sont menées afin de trouver des antiquités, mobilières ou immobilières, en surface ou sous terre, dans les cours d’eau, lacs ou eaux territoriales. »
Il faut noter que cette définition est quasiment identique à celle de la loi de 2014 sur les antiquités, les musées et le patrimoine urbain. Cette dernière définit les fouilles archéologiques comme suit : « toutes les opérations d’excavation, de sondage, de recherche et de plongée qui sont menées afin de trouver des antiquités en surface ou sous terre, dans des cours d’eaux, des lacs ou des zones maritimes relevant de la souveraineté ou de la juridiction du Royaume. » La loi de 2014 définit également le processus de prospection archéologique comme suit : « Exploration de sites archéologiques et documentation desdits sites en utilisant les méthodes scientifiques disponibles, que ce soit en surface, sous terre ou sous l’eau. »
Sites archéologiques du Royaume
Au cours des millénaires, de nombreuses civilisations ont prospéré au sein du Royaume et ont enrichi son histoire. En conséquence, des preuves intemporelles et variées ont été dispersées dans plusieurs sites archéologiques et patrimoniaux, les statistiques indiquant que le Royaume comprend environ 8 917 sites archéologiques dans ses différentes régions, inscrits au Registre national des antiquités jusqu’en avril 2024. En 2021, la Commission du patrimoine a approuvé l’inscription de 8176 sites archéologiques et historiques au Registre national des antiquités, dont 684 sites archéologiques à La Mecque, 1533 à Médine, 450 dans la province de Haïl, 175 dans la province d’Al-Jawf, 651 dans la province d’Asir, 910 dans la province de Tabuk, 269 dans la province d’Al-Houdoud ach-Chamaliya, 1534 à Riyad, 698 dans la province d’Ach-Charqiya, 211à Al-Qassim et 741 dans la province de Jizan.
Grâce à des efforts scientifiques officiels, la plupart de ces sites sont inscrits dans les archives du Royaume et constituent son patrimoine humain, car ils font partie de l’histoire collective de la civilisation humaine. Ces sites couvrent toutes les étapes et périodes culturelles et historiques du Royaume et des efforts sont déployés afin de terminer l’archivage des sites archéologiques restants.
Les débuts des fouilles au Royaume
Durant les années 1950, le Royaume a mené des fouilles archéologiques sur différents sites par le biais d'expéditions étrangères. Le gouvernement saoudien a collaboré avec des experts belges et canadiens, ainsi qu’avec l’institut royal d’archéologie à Londres pour découvrir plusieurs sites archéologiques de première importance.
Les opérations de recherche, d'excavation et de maintenance dans le Royaume ont été développées et ont adopté un nouveau modèle basé sur quatre axes. Le premier est le projet collaboratif germano-saoudien à Tayma, au nord du Royaume. Le second est le projet franco-saoudien qui étudie le site de Hegra. Le troisième est le projet britannique et saoudien qui couvre la côte de la mer Rouge. Le quatrième s’appuie sur des archéologues saoudiens pour deux sites importants : le premier est Al Khuraybah à Al-’Ula, au nord-ouest du Royaume, et le second est lié aux ruines d’Al-Mabiyat, au nord-ouest.
En 2022, afin de soutenir le développement de la recherche d’antiquités dans le Royaume, la Commission du patrimoine a lancé l’initiative Little Explorer, qui sensibilise les jeunes des différentes provinces à l’importance des fouilles archéologiques et augmente le niveau de participation de la communauté à la protection et à la préservation du patrimoine national. L’initiative se compose de trois phases. La première cible les enfants de 6 à 12 ans. La deuxième phase s’adresse aux adolescents de 13 à 15 ans, tandis que la troisième phase s’efforce d’encourager la jeunesse à participer aux fouilles menées par la Commission du patrimoine de façon continue.
Participation internationale aux fouilles archéologiques du Royaume
Les entités archéologiques du Royaume ont collaboré avec diverses équipes de fouilles et de recherches saoudiennes, européennes et asiatiques. En 2017, cinq de ces équipes internationales ont fouillé plusieurs sites dans la ville de Tabouk. Cela inclut l’expédition allemande, l’équipe polonaise qui s’occupe des excavations d’Aynuna, l’équipe japonaise qui travaille dans la vallée d’Al Muharraq, l’équipe collaborative franco-saoudienne dont la première excavation était à Al Bida, et une autre équipe collaborative qui s’occupe des excavations dans un village au nord de Tabuk.
Avec l’augmentation des fouilles et des opérations de prospections, le secteur archéologique a obtenu des résultats impressionnants qui ont permis au Royaume de devenir l’un des leaders mondiaux en matière de découvertes archéologiques et de recherches scientifiques. En 2018, plus de 40 expéditions archéologiques saoudiennes et internationales étaient en cours au sein du Royaume. Les fouilles ont révélé que le Royaume a été le théâtre des premières migrations humaines et des premières colonies, il y a de cela 90 000 ans.
Afin de suivre les efforts de fouilles archéologiques, la Commission saoudienne pour le tourisme et le patrimoine national (désormais le ministère du Tourisme) est parvenue à récupérer plus de 53 000 objets anciens dans le Royaume et à l’étranger. Ces derniers ont été inscrits sur une carte numérique conformément aux normes internationales d’enregistrement et d’archivage des données concernant les sites et objets archéologiques et patrimoniaux.
Saisons des fouilles archéologiques dans le Royaume
La Commission du patrimoine organise actuellement des opérations de prospection et de fouilles archéologiques dans le Royaume. Les prospections et les fouilles se sont davantage développées et l’approche adoptée est désormais plus globale et systématique dans sa forme et son contenu, afin d’inclure plus de sites. Avant la pandémie de Covid-19, il y a eu plus de 40 expéditions collaboratives saoudiennes et internationales dans diverses régions du Royaume.
Les opérations de prospection et d’excavation sont réalisées conformément aux méthodes scientifiques modernes et dépendent de plusieurs équipes saoudiennes et internationales, issues de différentes universités et groupes de réflexion. Cela inclut Whitman College (États-Unis), les universités de Liverpool, d’York et d’Exeter (Royaume-Uni), le centre national de la recherche scientifique (France), l’Institut archéologique allemand, l’université de Marbourg (Allemagne), l’université de Naples (Italie), l’université de Vienne (Autriche), l’université de Varsovie (Pologne), l’université d’Helsinki (Finlande), l’université de Kanazawa, l’université Waseda et la fondation Motoko Katakura (Japon), ainsi que le centre national chinois du patrimoine culturel et l’université de Queensland (Australie).
Les expéditions saoudiennes, quant à elles, effectuent actuellement des opérations de prospection et d’excavation sur six sites archéologiques. Les expéditions nationales incluent des équipes issues de l’université du Roi-Saoud, de Haïl, de Jizan, des Arab East Colleges pour les études doctorales, dans le cadre d’une coopération entre le ministère du Tourisme, des universités gouvernementales et des établissements saoudiens d’études supérieures à cycle court. Par ailleurs, un certain nombre d’activités de prospection et d’excavation archéologique sont mis en œuvre dans 16 sites situés dans les différentes régions du Royaume et remontant à plus d’un million d’années, depuis la préhistoire jusqu’à l’époque islamique (XVIe siècle après J.-C.).
Découvertes archéologiques récentes dans le Royaume
Les fouilles archéologiques au sein du Royaume ont conduit à d’importantes découvertes. Par exemple, en 2020, une équipe commune saoudienne et internationale a déterré des traces de pas d’humains, d’éléphants et de prédateurs autour d’un ancien lac asséché aux alentours de Tabuk. Ces empreintes datent d’il y a plus de 120 000 ans. Cette découverte constitue la première preuve scientifique trouvée jusqu’ici d’une présence humaine sur la péninsule arabique à cette époque. Par ailleurs, elle fournit un aperçu des êtres vivants qui accompagnaient les humains qui se déplaçaient dans la région et qui la traversaient.
Lors de cette fouille, les équipes ont également découvert les traces de pas de sept humains différents et elles ont également identifié des empreintes de chameaux, d’éléphants, et de deux autres espèces de bouquetins et de bétail. De plus, environ 233 fossiles ont été retrouvés et identifiés comme étant des restes osseux d’éléphant et d’oryx. Ces découvertes reflètent la longue et riche histoire préhistorique de la péninsule arabique et le rôle vital qu’elle a joué dans l’évolution de l’humanité.
Les opérations de prospection et d’excavation dans les diverses régions du Royaume ont également conduit à plusieurs découvertes culturelles. En 2021, une équipe archéologique travaillant à Al-’Ula, au nord-ouest du Royaume, a trouvé des ossements de chien dans un site funéraire au sein des plus anciennes tombes du pays. Ces ossements sont contemporains d’autres sites funéraires qui ont été découverts et datés plus au nord, dans le Levant. La tombe était utilisée jusqu’à 4 300 ans av. J.-C. Il s’agit de la preuve la plus ancienne que des chiens domestiqués vivaient avec des humains dans toute la péninsule arabique.
Ces découvertes sont le fruit des efforts d’une équipe conjointe saoudienne, australienne et européenne qui a concentré ses fouilles sur deux sites funéraires situés en surface, datant du 4e et 5e millénaire av. J.-C. Les archéologues ont déterré 26 os canins, et les restes osseux de 11 êtres humains, dont six adultes, un adolescent et quatre enfants.
L’histoire de la présence humaine dans le Royaume
Les opérations de prospection et d’excavation n’ont cessé d’augmenter avec le temps et elles ont conduit à plusieurs découvertes dans diverses régions du Royaume. En 2021, de nouvelles découvertes archéologiques ont été réalisées dans le nord du pays. Elles laissent penser qu’il y aurait eu de premières migrations humaines, commençant il y a environ 400 000 ans, depuis l’Afrique jusqu’à la péninsule arabique. Ces migrations remontent à 300 000, 200 000, 130 000, 75 000 et 55 000 ans. Elles ont été récurrentes sur plusieurs périodes, devenant ainsi la plus ancienne preuve de présence humaine dans la péninsule arabique.
Ces découvertes ont permis de façonner une vue plus exhaustive des différentes ères humaines et culturelles dans le Royaume. Une recherche scientifique a révélé que les industries lithiques de l’Acheuléen dataient d’il y a 200 000 ans. Khal Amishan, situé dans le désert du Néfoud, à la périphérie de Tabuk, est l’un des sites archéologiques uniques. La première couche archéologique du site, datant d’il y a 400 000 ans, a permis de trouver des haches acheuléennes. Ce sont les objets archéologiques les plus anciens de la péninsule arabique.
Des opérations de prospection archéologique ont eu lieu sur plusieurs sites du Royaume. En ajoutant à cela les avancées en matière d’exploration scientifiques, ces opérations de prospection ont donné de nombreux résultats. En 2021, sur le premier site acheuléen documenté au sein du Royaume, à Al-Naseem dans le désert du Néfoud, à Haïl (nord du Royaume), des preuves écologiques ont révélé qu’il y a eu un lac profond, probablement d’eau douce, datant de l’époque pléistocène moyenne. D’autres découvertes de nature écologique et d’objets archéologiques liés ont été réalisées et datent de la même époque.
Le site d’Al-Naseem revêt une importance historique et scientifique, car il est le site acheuléen le plus ancien jamais documenté dans le Royaume, pour l’instant. Cela a permis d’en savoir davantage sur les différents outils de pierre utilisés par les humains à l’époque pléistocène moyenne. Cela indique que des humains pénétraient régulièrement la péninsule arabique lorsqu’elle était verdoyante et qu’elle disposait de rivières et de lacs. Le site est doté d’un profond bassin dans lequel plusieurs objets archéologiques, datant du début de l’âge de pierre, ont été découverts. Par ailleurs, environ 354 haches de pierres et diverses formations rocheuses ont été découvertes.
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