L’Alardah saoudienne est une forme de performance qui est exécutée lors de célébrations, d’événements sociaux et de fêtes dans le Royaume d’Arabie saoudite. Elle est localement connue sous le nom d’« Al-Ardah Al-Najdiyah », et est une danse d’armes traditionnelle emblématique dans le Royaume. L’Alardah sert également de protocole officiel lors de grandes occasions et sert à honorer la présence de chefs d’État et de délégations touristiques étrangères.
L’art de l’Alardah saoudienne
L’Alardah était autrefois exécutée en tant qu’annonce et préparation à la guerre. Elle permettait de motiver et de rappeler la force et le courage, de renouveler la loyauté envers le chef et de promettre son soutien. Avec le renforcement de la sécurité dans le Royaume, l’Alardah est devenue une performance cinétique exprimant la joie qui est exécutée lors d’heureux évènements. Il s’agit d’une danse masculine qui repose sur des mouvements collectifs solennels simulant d’anciennes batailles avec un Mahawreb, des chevaliers, des tambours, des drapeaux, des épées et de la poésie. Cette danse était au départ associée à la déclaration de guerre. Au fil du temps, elle a connu diverses évolutions et transformations avant de devenir ce qu'elle est actuellement.
L’Alardah saoudienne commence avec l’Hawrabah, qui fait référence à l’introduction et au premier appel de l’Alardah, chantée par un artiste à la voix puissante appelé « Muhawreb », commençant par le maqâm musical d’« Al-Nawa ». Elle est ensuite suivie par la phase de « Takhmir » (gros tambours), puis de « Tathlith » (petits tambours), et se termine par la phase d’« Al-Zamiya » qui représente la fin de l’Alardah accompagnée de la récitation de la phrase « Tahta Bayraq Sayidi Sama’an Wa Ta’a » (Sous la bannière de mon Roi, nous avons écouté et nous avons obéi). Plusieurs lignes de participants peuvent exécuter l’Alardah saoudienne en même temps et dans n’importe quelle direction.
L’histoire de l’Alardah saoudienne
Le plus ancien texte faisant référence à l’Alardah est celui qui a été mentionné par Ibn Ghannam lors des événements de l’année 1764, lorsque l’imam Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud, alors qu’il était commandant des armées à l’époque de son père, emmena l’armée hors des murs de Diriyah et exécuta l’Alardah devant l’armée ennemie.
L’Alardah durant le règne du Roi Abdelaziz
L’Alardah était connue en tant que danse de guerre, pendant laquelle le Mahawreb récitait deux ou trois vers qui donnaient du courage, comme une déclaration de guerre et son premier signal. Elle était présente durant le règne du Roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud lors des guerres et batailles qu’il a menées sur différents fronts. Les vers de l’Alardah étaient expressifs et reflétaient fidèlement la réalité dans laquelle ils vivaient. Allant de la fierté et de l’enthousiasme à la démonstration de force et d’endurance, en passant par la présentation de l’équipement et de l’armement, elle était utilisée pour déclarer la guerre ou célébrer une victoire. Il est écrit que lorsque le Roi Abdelaziz avait l’intention de confronter un adversaire, il désignait un endroit pour rassembler les guerriers qui venaient en chantant les chants de l’Alardah pour annoncer qu’ils étaient prêts. Il les dirigeait au rythme des tambours et des chants, portant la bannière, se vantant fièrement de ses soldats et de ses triomphes. De plus, l’Alardah était exécutée en temps de victoire et lors d’occasions de fêtes pour célébrer la gloire. L’Histoire nous apprend que le Roi Abdelaziz a exécuté la danse avec son peuple lors de certaines occasions.
L’Alardah durant le règne du Roi Saoud
L’Alardah a continué durant le règne du Roi Saoud ben Abdelaziz Al Saoud dans le même style, soit lors de célébrations officielles ainsi que lors d’occasions festives. Depuis l’époque de son père, le Roi Saoud a participé à l’Alardah. Cependant, il a ajouté de la vitesse et de l’agilité à sa performance. Il est noté qu’il lui a accordé une attention particulière, en encourageant sa pratique et sa célébration, puisqu’elle immortalise la mémoire de la fondation du Royaume, la mémoire du fondateur ainsi que les difficultés rencontrées par le Roi et ses hommes pour faire du Royaume et de son peuple ce qu'ils sont aujourd'hui.
L’Alardah durant le règne du Roi Fayçal
L’Alardah a continué d'être exécutée durant le règne du Roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud lors de célébrations de festivals, d’occasions et lors de visites de délégations et de chefs d’État. Le Roi Fayçal faisait partie des principaux participants de l’Alardah. Sa performance était caractérisée par ses mouvements réguliers et dignes, mettant fièrement en valeur sa stature et son torse dans son lent balancement de gauche à droite. Durant son règne, les traditions de l’Alardah étaient soigneusement préservées, telles que les chants qu’il connaissait, pour la plupart, par cœur. Il a également exécuté l’Alardah pendant les visites des chefs d’État, en les faisant participer à la danse et en leur offrant son épée pour qu’ils puissent faire certains des mouvements qu’il leur avait appris. Ils appréciaient le fait de participer à ce patrimoine culturel et prenaient des photos commémoratives pendant la performance.
L’Alardah durant le règne du Roi Khaled
Le Roi Khaled ben Abdelaziz Al Saoud a poursuivi la tradition de son père, le Roi Abdelaziz, et de ses frères en célébrant la performance de l’Alardah saoudienne, lors de festivals ou d’occasions spéciales, en invoquant ses valeurs et son symbolisme, et en respectant ses caractéristiques et ses techniques. La plupart des images montrent le Roi Khaled ainsi que son frère, le Roi Fayçal, en pleine exécution de l’Alardah.
L’Alardah durant le règne du Roi Fahd
Dès son plus jeune âge, le Roi Fahd ben Abdelaziz Al Saoud a participé, avec ses frères, les rois et princes, à la performance de l’Alardah saoudienne. Il a porté la tenue traditionnelle de l’Alardah dans certaines des performances auxquelles il a participé.
L’Alardah durant le règne du Roi Abdallah
Le Roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud était un grand passionné de l’art de l’Alardah. Il a travaillé à l’enracinement et à la modernisation de l’art de l’Alardah, en établissant ses règles et en tirant une certaine fierté du fait qu’il s’agit d’un symbole identitaire. Il a encouragé sa préservation en tant que patrimoine authentique. Il a été le premier à désigner une journée dédiée à l’Alardah saoudienne, non seulement à des fins de divertissement, mais aussi pour se rappeler l’Histoire et évoquer le patrimoine culturel. C’est lui qui a unifié ses pratiques pour englober toute la zone du Royaume, notamment ses plaines et ses montagnes, du nord au sud. Par conséquent, cette forme artistique n’était plus connue sous le nom d’« Al-Ardah Al-Najdiyah », nommée d'après son lieu d’origine, Nadj, mais sous celui d’Alardah saoudienne.
L’Alardah durant le règne du Roi Salmane
L’Alardah saoudienne a reçu une attention particulière de la part du Gardien des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, lorsqu’il était le Prince de la province de Riyad. Il tenait à assister à toutes les célébrations de l’Alardah saoudienne. En effet, il participait, avec ses frères, les rois et les princes, à la performance et chantait les chants de l’Alardah. Reflétant son intérêt, il a pris la décision de créer le Centre national de l’Alardah saoudienne lorsqu’il a présidé la 48ᵉ réunion du Conseil d’administration de la Fondation du Roi Abdelaziz (Darah). Il a continué d'exécuter l’Alardah, notamment lors du festival national pour le patrimoine et la culture (le 32ᵉ « Jenadriyah »). Au cours de ce dernier, l’Alardah a fait l’objet d’un volet spécial pour les invités de marque du Royaume, parmi lesquels se trouvaient des rois, des présidents et des ambassadeurs.
Les éléments matériels de l’Alardah saoudienne
Costumes de l’Alardah saoudienne
Les participants à l’Alardah portent le costume officiel de cette danse qui préserve le port du Shemagh, de l’Agal ainsi que d’un ensemble différent de robes. Le Centre national de l’Alardah saoudienne a contribué à préserver l’imitation des costumes traditionnels de l’Alardah et ses contrôles stipulent la nécessité de les adopter. Le costume traditionnel de l’Alardah comprend : le Thobe, le Ghutra, l’Uqqal, la Sayah ou la Daqlah ainsi que l’Al-Farmaliyah pour les joueurs de tambours. Ces accessoires reflètent la diversité et la variété des costumes de l’Alardah qui comprennent :
Le costume de Murowdin
Le Murowdin se caractérise par des manches larges et un tissu ample qui s’étend sur tout le corps, couvrant des épaules jusqu’aux pieds. Ce costume est porté par-dessus le Thobe traditionnel saoudien. Le Murowdin est orné d’une épée, d’un poignard et d’une ceinture pour porter des munitions et des armes.
Daqlah
Il s’agit d’un long manteau brodé caractérisé par son col droit et ses six boutons supérieurs. Il est porté par-dessus le Murowdin. Le tissu est en cachemire lourd d'hiver. Le manteau s’ouvre souvent par le devant et s’attache avec deux fils.
Al-Farmaliyah
Connu sous le nom d’« Al-Damer », il s’agit d’un manteau court, avec de longues manches, fait en laine et brodé de fils d’or. Il faisait partie de la tenue du prince avant d’être attribué aux joueurs de tambours de l’Alardah. Il existe en plusieurs couleurs telles que le vert, le rouge et le noir.
Sayah
Un vêtement fabriqué à partir de tissu blanc léger qui est subtilement brodé et dont les fils sont à peine visibles. Il est souvent porté par les compagnons des rois dans la cour royale en dehors de l’Alardah.
Zabon
Il s’agit d’un costume rare. Il ressemble à la Daqlah, mais est plus fin. Il est également brodé de fils d’or et possède deux boutons en cordonnet en haut, près du cou, qui servent de fermeture.
Jukha
Connue sous le nom d’« Al-Mahoud », elle est fabriquée avec du tissu en laine et existe en plusieurs couleurs telles que le rouge et le vert. Elle est également brodée de fils d’or. Elle est souvent portée par des chevaliers et des dignitaires.
Armes de l’Alardah saoudienne
L’Alardah saoudienne trouve son origine dans une danse de guerre, exécutée afin de susciter de l’enthousiasme et démontrer la force ainsi que l’endurance. Les armes étaient utilisées pour exhiber la force et l’équipement, notamment les épées, les poignards, les pistolets et les fusils. L’Alardah saoudienne est rarement exécutée sans l’une de ces armes, qui sont considérées comme les piliers fondamentaux de cet art. Ces armes sont:
L’épée
Il s’agit de l’arme la plus importante et célèbre de l’Alardah saoudienne. Elle est composée de trois éléments : la lame, qui doit être fine, tranchante et légère pour pouvoir être portée et utilisée facilement (historiquement) pendant le combat. Elle se compose ensuite de la garde ou poignée, qui représente la partie avec laquelle on tient l’épée. Elle est généralement fabriquée en ivoire ou en coquillage et décorée d’or ou d’argent de manière à ne pas blesser la main de celui qui l’utilise. Enfin, il y a le fourreau, également appelé étui, qui sert à transporter l’épée. Il peut être recouvert d’or ou d’argent et est suspendu à des cordes vertes ou rouges auxquelles pendent des fils décoratifs. Il est utilisé lorsqu’il n’y a pas assez d’épées pour tous les participants. Les épées les plus populaires sont celles d’Inde et de Damas.
Le poignard
Il ressemble à une épée, mais est plus court et a une pointe arrondie. Il est considéré comme un accessoire du costume de l’Alardah, et non pas comme un outil de performance physique. Il est généralement porté sur une ceinture décorée appelée « Al-Mujanad Al-Muzahhab », et possède plusieurs noms, tels que « Al-Qadeemi », « Al-Shalqa », « Al-Shibriya », et « Al-Janbiya ». Le Centre national de l’Alardah saoudienne recommande que le poignard et l’épée ne soient pas tranchants lorsqu’ils sont utilisés pour exécuter la danse et qu’ils soient formellement identiques aux armes historiques utilisées dans l’Alardah.
Al-Fard
Il s’agit d’un pistolet compact de calibre 8 mm appelé « Al-Fard », fixé sur une ceinture en cuir. Il est considéré comme un accessoire du costume de l’Alardah, et est utilisé lors de la performance physique lorsqu’il est déchargé dans l’air. Le Centre national de l’Alardah saoudienne stipule que les armes à feu doivent être déchargées, sans aucune munition.
Le fusil
Il s’agit de l’une des armes utilisées lors de la performance physique de l’Alardah saoudienne. Il est pointé vers le ciel ou le sol pendant l’Alardah et les armes à feu sont déchargées. Il possède plusieurs noms en fonction de sa catégorie comme « Al-Fateel », « Al-Muqma’ », « Al-Musba’ », « Al-Jift », « Al-Mashkok », « Umm Khams Talqat », et « Enfield ».
Le son rythmique de l’Alardah saoudienne
Poèmes de l’Alardah saoudienne
Ils font partie des éléments moraux et des piliers de l’Alardah. La danse ne prend pas tout son sens sans les paroles que les participants de l’Alardah chantent. Le poème commence par une description des nuages, des montagnes ou de l’appel. Il passe ensuite au dénigrement des adversaires et se termine par l’expression de la force et du courage, sans s’éloigner des objectifs finaux en tant que danse de guerre. Un poème ne dépasse pas dix vers. Le poète a la liberté de choisir les mètres et les rythmes. Ces poèmes servent de références historiques, documentant de nombreux événements passés. Les générations continuent de transmettre et de préserver ces poèmes en tant que patrimoine culturel et historique. L’Alardah saoudienne a connu de nombreux poètes, à la fois anciens et modernes, tels que Mohammed Al-Aouni, Fahid ben Duhayyim, Nasser Al-Areeni, Abdallah Al-Subai, Abderrahmane Al-Bawardi, Abderrahmane Al-Safyan, et bien d’autres.
Performance vocale séquentielle
La partie chantée de l’Alardah saoudienne commence par l’Hawrabah, lorsqu’une personne à la voix puissante commence par réciter deux ou trois vers, pas plus. Cette introduction fait office de signal pour l’alignement et le début de l’Alardah. Historiquement, elle servait à annoncer le début de la guerre et à appeler les guerriers à se mettre en rang. Après cela, le poète commence à réciter le poème principal, qui provient généralement de la poésie Nabati et n’excède pas dix vers du mètre long, moyen ou court. Ensuite, le premier rang répète ce poème, tandis que le poète se tourne vers le rang suivant pour transmettre la deuxième partie, ou la réponse, et ce même rang la répète. Le son des tambours est synchronisé avec la récitation des vers. Les tambours Mawazir commencent après la récitation du vers principal, suivi des tambours Takhmir et, enfin, des tambours Tathlith. Le rythme s’accélère au fur et à mesure que les participants se rassemblent autour du chef, en levant leurs épées et en chantant des chants qui réaffirment la loyauté, le soutien et l’approbation de ce chef. Cela marque la fin de l’Alardah.
Rythmes des tambours de l’Alardah saoudienne
Les tambours sont connus pour être des instruments de musique rythmiques fabriqués à partir de bois de troncs de palmiers façonnés dans un cadre qui mesure 2 à 4 cm d’épaisseur, 75 cm de diamètre et 15 cm de largeur. La peau de chameau, après avoir été tannée et dépourvue de poils, est tendue de part et d’autre du tambour. Ses bords sont attachés à l’aide de lanières de cuir entrelacées. Le cadre en bois est ensuite percé pour y insérer une poignée, qui est à son tour attachée à une solide ceinture en cuir, permettant au joueur de tambour de le porter sur son épaule. Les tambours utilisés dans l’Alardah saoudienne sont divisés en deux catégories : les gros tambours appelés « Takhmir » et les petits tambours appelés « Tathlith ». Chaque catégorie possède un nombre de temps différents et une synchronisation distincte pour la frappe.
Pendant l’Alardah, les tambours Takhmir sont suspendus autour de l’épaule à l’aide d’une ceinture en cuir. Le joueur de tambour tient la poignée avec la main gauche et frappe l’instrument à l’aide d’une baguette épaisse dans la main droite. La baguette, qui mesure environ 30 cm de long, est fabriquée à partir de bambou et courbée à l’extrémité. On frappe le tambour sur le côté courbé tout en inclinant légèrement le tambour vers la gauche. Dans le même temps, le joueur de tambour bouge son corps vers la droite et vers la gauche, puis dans la direction opposée, en levant le pied qui se trouve du côté opposé et en pliant légèrement ses genoux vers le bas. Le nombre de joueurs de tambours Takhmir varie entre 6 et 8. Plus il y a de joueurs de tambours, plus l’Alardah devient tonitruante et majestueuse, car la multitude renforce la valeur et l’enthousiasme des danseurs.
Le joueur de tambour Tathlith exécute des pas de danse tout en frappant le tambour. Il lève la main gauche tenant le tambour et la ramène ensuite vers le bas ainsi que vers l’avant. Cette action est suivie de deux sauts consécutifs, puis d’un accroupissement, avant de revenir en position debout. C’est pour cette raison que les petits tambours doivent être légers pour pouvoir être facilement manipulés. Un morceau de tissu est enveloppé autour de la poignée pour éviter toute blessure à la main du joueur de tambour. Des pompons (familièrement appelés « Al-Raith » ou « Al-Danadish ») ornent le cadre, semblables à ceux que l’on retrouve sur les gros tambours. Les tambours sont ornés d’un grand nombre de pompons et de décorations afin de créer un effet esthétique lorsqu’ils bougent.
Les gros tambours produisent un temps appelé « Tafreda », tandis que les petits tambours produisent deux temps appelés « Muthaniyah ». C’est la raison pour laquelle ils sont appelés tambours « Tathlith », car leurs deux temps triplent (en arabe « Tuthallith ») le temps des gros tambours. Dans l’Alardah saoudienne, un schéma rythmique principal d’unités binaires est utilisé. Les temps forts du rythme, appelés « Dum », sont produits en frappant le centre du tambour avec une baguette de bambou. Le temps appelé « Tak », qui est produit en frappant le tambour au même endroit, consiste à assourdir la surface en cuir du tambour avec la même baguette. Les gros tambours sont chargés de jouer l’unité de base de ce rythme. Les contrôles du Centre national de l’Alardah saoudienne stipulent que les tambours doivent avoir deux côtés et que les tambourins, ou tout autre instrument, ne sont pas acceptés. Les tambours doivent être décorés d’objets traditionnels.
Mélodies de l’Alardah saoudienne
Aucun instrument mélodique n’est utilisé dans l’Alardah saoudienne. De plus, celle-ci est limitée aux performances vocales de poèmes accompagnées de tambours. De manière générale, les poètes de l’Alardah saoudienne utilisent une structure mélodique simple et des maqâms pour le poème de l’Alardah. Ils ne dépassent souvent pas l’échelle pentatonique (en utilisant majoritairement le premier tétracorde), comme beaucoup d’autres chansons folkloriques connues dans le monde entier pour leur simplicité. La mélodie de l’Alardah saoudienne ne dépasse pas le quatrième degré dans le maqâm utilisé pour l’Alardah. Parfois, la mélodie descend en dessous du degré tonique d’un demi-ton ou de deux. Si le maqâm utilisé est le « Sika », qui est le maqâm le plus courant et le plus utilisé dans les mélodies de l’Alardah, alors la ligne mélodique ne s’étend pas au-delà de la note « Husseini » (le quatrième degré), mais descend parfois au degré « Rasd » ou « Douka ».
L’échelle mélodique limitée de l’Alardah saoudienne peut être attribuée à sa dépendance totale du style de récitation poétique. L’origine de l’Alardah en tant que danse de guerre signifie qu’elle nécessite une récitation dramatique et intense sans ajout d’embellissements musicaux élaborés. Ce style est couramment utilisé dans le monde entier pour la composition d’épopées nationales, de segments puissants dans les compositions musicales classiques et de types de chorales tels que l’opéra et l’opérette.
Maqâms de l’Alardah saoudienne
La mélodie de la plupart des poèmes de l’Alardah saoudienne repose sur le maqâm musical appelé « Sika », qui est un maqâm de l’est. L’accent de ce maqâm est mis sur la note « Sika » dans la diatonique. Vers la fin de la performance de l’Alardah, il y a une augmentation des schémas rythmiques au fur et à mesure que les participants se dirigent vers le chef en levant leurs épées. Ce maqâm est propre à la musique arabe et il la différencie des autres traditions musicales. Il comporte des intervalles de trois quarts de ton, qui sont propres à la musique arabe et sont particulièrement évidents dans les maqâms dérivés du degré « Sika ». Ces intervalles sont une caractéristique courante dans les mélodies de l’Alardah saoudienne, ainsi que dans d’autres maqâms tels que « Huzam », « Al-Maya », « Rahat Al-Arwah », « ’Iraq », et « Shu’ar » (Musta’ar).
Le drapeau de l’Alardah saoudienne
L’Alardah saoudienne est toujours exécutée avec son drapeau, également appelé « Al-Bairaq ». Il représente un élément culturel essentiel des performances de l’Alardah. Son motif est le même que celui du drapeau saoudien. Le porteur de drapeau, qui est désigné par le terme « Hamil Al-Bairaq », prend une place centrale entre les deux groupes dans l’Alardah : le groupe des récitants de poèmes et le groupe des joueurs de tambours. Le porteur de drapeau se tient au premier plan, occupant la position la plus importante sur la scène de l’Alardah.
En ce qui concerne les contrôles réalisés par le Centre national de l’Alardah saoudienne, le drapeau doit avoir la taille adéquate (dont les dimensions ne sont pas inférieures à 120×80 cm). Selon la Loi du Drapeau et de ses règlements approuvés en la matière, le drapeau ne doit pas être vieux ou froissé, mais en bon état. Il ne doit pas toucher le sol ni être mis en berne. Le porteur de drapeau doit s’engager à porter la tenue de l’Alardah, doit être physiquement fort, doit maitriser la danse et faire preuve d’une grande vivacité d’esprit. La hampe du drapeau doit être portée sur le côté gauche, le drapeau étant placé sur l’épaule droite. La hampe du drapeau est surmontée d’un fleuron et d’une lance.
Les participants à l’Alardah saoudienne
L’Alardah saoudienne est basée sur des vers poétiques. Par conséquent, les poètes sont l’un des éléments les plus importants. Ils récitent le texte aux participants, qui le répètent ensuite. Quand le poète est absent, ce sont les remplaçants appelés « Muallim » qui transmettent les vers aux participants. Parmi les poètes les plus célèbres de l’Alardah saoudienne, nous retrouvons : Fahid ben Duhayyim, Abdallah ben Khamis, Mohammed Al-Aouni, et bien d’autres.
Le porteur de drapeau pendant l’Alardah saoudienne
Les porteurs de drapeau dans l’Alardah saoudienne sont le plus souvent ceux qui ont hérité le rôle de leur père, qui ont eux-mêmes porté le drapeau de l’unification pendant leur participation aux guerres et aux conquêtes du Roi Abdelaziz. Porter le drapeau est un honneur pour eux ainsi qu’un hommage à leurs pères.
Formation des groupes
L’Hawrabah
Au début de l’Alardah, aussi connu sous le nom d’« Al-Bayshna », l’un des chanteurs élève sa voix en prononçant deux ou trois vers de poésie de guerre. Les autres se rassemblent autour de lui et prononcent les mêmes vers, en portant le Mahawreb au-dessus de leur tête. Cela fait office de signal pour commencer l’Alardah, qui, autrefois, était une déclaration signifiant le début de la guerre.
Al-Deir
Lors des performances formelles, l’Alardah saoudienne se présente sous la forme d’une séquence qui s’apparente à un « Misbaha », dirigée par le chef, suivi de ses frères et de ses fils, tous exécutant un seul mouvement, également connu sous le nom d’« Al-Sabha ».
Khatma
Cela a lieu à la fin de l’Alardah, lorsque les participants se dirigent vers le chef, en levant leurs épées vers lui et en récitant des vers spécifiques qui expriment la loyauté et le soutien à son égard. On parle également d’« Al-Zamiya. »
Les rangs de participants (Sufuf)
Les participants de l’Alardah sont divisés en deux rangs composés uniquement d’hommes. Soit, ils se tiennent parallèlement l’un à l’autre, soit une rangée forme un demi-cercle tandis que l’autre s’aligne pour compléter le cercle. La plupart du temps, les participants se tiennent par la main et exécutent les mêmes mouvements au même rythme et à la même cadence. Par exemple, en levant et en baissant l’épée, en la levant haut ou en la posant sur l’épaule. De plus, ils se penchent à droite et à gauche, en pliant les genoux dans l’ordre. En faisant écho au chef, un rang de participants récite la moitié d’un vers, à laquelle le deuxième rang répond par la seconde moitié du vers.
Le contexte culturel de l’Alardah saoudienne
L’Alardah dans la culture locale
L’Alardah est exécutée lors de célébrations, de mariages et d’événements nationaux et culturels. Elle est également exécutée parmi d’autres danses traditionnelles lors de forums nationaux, tels que le Festival national du patrimoine et de la culture (Al-Janadriyah). L’Alardah est exécutée par deux rangs d’hommes se faisant face sur la scène, chacun muni de son épée, à l’exception du porteur de drapeau, accompagnés par le rythme des tambours et des chants de guerre. Les chansons utilisées dans l’Alardah sont celles d’Abderrahmane ben Safiyan intitulées « Al-Wadiah War » et « Ya Habeel Al-Ra’i » (chanson connue pour ses paroles « Nahmad Allah Jat Ala Ma Tamanna »), ainsi que celle de Fahid ben Duhayyim intitulée « Hin Hal Al-Adat » (chanson connue pour ses paroles « Najd Shamit »).
L’Alardah saoudienne à l’international
En 2015, l’Alardah saoudienne a été le premier élément saoudien à s’inscrire sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité du programme du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). L’Alardah saoudienne a été associée à la présence du Roi lors de la cérémonie de nuit de l’Alardah, événement marquant la fin du Festival d’Al-Janadriyah, où elle a acquis son prestige et sa renommée. La plupart des danses traditionnelles saoudiennes ont été exécutées pour la première fois dans le cadre d’une marche militaire ou d’un chant de guerre. L’Alardah saoudienne, en tant que patrimoine culturel, est passée, au cours de l’histoire du Royaume, des préparatifs des champs de bataille aux scènes des célébrations nationales.
Les efforts du Royaume pour enraciner l’art de l’Alardah saoudienne
Centre national de l’Alardah saoudienne
Le Royaume a créé le Centre national de l’Alardah saoudienne, affilié à la Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah), en tant qu’organisme officiel pour développer et faire revivre le patrimoine de l’Alardah saoudienne. Le Centre vise à diffuser la culture de l’Alardah au niveau national et international et à former des personnes à cette danse. Par ailleurs, il souhaite développer cet art en termes de performance et de forme, tout en préservant son identité et son essence. Il se concentre également sur la documentation de l’Alardah, sur le soutien à ceux qui sont affiliés à cet art et sur l’organisation de ses équipes, de ses performances et de sa participation. Le Centre comprend un conseil consultatif impliquant diverses entités gouvernementales liées, notamment les ministères de l’Intérieur, du Tourisme, de l’Éducation, de la Culture et des Médias, ainsi que la Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah).
Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah)
En 1972, la Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah) a été fondée par un décret royal (n M/45). Son objectif est de servir l’histoire, la géographie et la littérature intellectuelle et urbaine du Royaume en particulier, mais aussi de la péninsule arabique et des pays arabes et islamiques de manière générale. Son objectif est de collecter et de classer diverses sources historiques, telles que les documents et d’autres éléments liés au Royaume.
La Fondation publie également un magazine culturel spécial qui remplit les fonctions pour lesquelles il a été conçu. Une bibliothèque a été créée, contenant des documents qui aident les chercheurs et chercheuses dans les domaines d’intérêt de la Fondation. Son rôle est de documenter les recherches et les informations concernant la famille royale, de contrôler et de vérifier tout ce qui est publié au sujet du Royaume, ainsi que de corriger les éventuelles erreurs.
L’Alardah saoudienne, une étude documentée de l’Histoire
Il s’agit de l’un des projets créés par la Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah) qui a pour but de documenter l’histoire du Royaume et de perpétuer son patrimoine intellectuel et urbain. Le projet étudie l’Alardah saoudienne depuis l’époque du Roi Abdelaziz jusqu’à aujourd’hui en explorant diverses sources orales, manuscrites et illustrées. Il examine ses éléments, ses traditions, ses poètes et leurs poèmes.
Les costumes de l’Alardah saoudienne, une étude documentée de l’Histoire
Il s’agit d’un projet créé par la Fondation du Roi Abdelaziz pour la recherche et les archives (Darah) qui a pour but de documenter l’Histoire du Royaume et de perpétuer son patrimoine intellectuel et urbain. Le projet étudie les costumes traditionnels des participants de l’Alardah saoudienne, notamment les danseurs, les joueurs de tambours ainsi que les chefs de chaque rang de danseurs. L’étude comprend la conception des costumes, leurs matériaux, leur fabrication et leurs accessoires ainsi qu’un exposé chronologique de l’Histoire des costumes de l’Alardah saoudienne.
Concours folklorique
Il s’agit d’un concours national organisé par le ministère de la Culture saoudien, qui a pour objectif de servir et de perpétuer le patrimoine national immatériel, en encourageant la communauté à faire revivre les traditions folkloriques à travers l’enregistrement de clips vidéo ou audio. Le concours comprend trois catégories : des musiques, des danses ainsi que des contes et légendes folkloriques. Un prix d’environ 35 000 SAR est attribué pour chaque catégorie et décerné à dix gagnants dans chacune d’entre elles, le montant total des prix s’élevant à plus de 1 million de SAR. Ce concours vise à faire revivre et à présenter les traditions folkloriques ainsi qu’à créer une base de données de documents visuels et d'enregistrements.
L’initiative de l’Histoire orale de l’Alardah saoudienne
C’est une initiative créée par l’Autorité de développement de la porte de Diriyah (DGDA) en 2021, qui vise à préserver le patrimoine historique en faisant revivre les poèmes de l’Alardah, en introduisant ses poètes et en éduquant la communauté sur cet art ancien. Elle entre dans le cadre des initiatives pour documenter l’Histoire orale.
Exposition de l’Alardah saoudienne
En 2022, le ministère de la Culture a inauguré l’Exposition de l’Alardah saoudienne dans la ville de Riyad sur la place Al-Safat à proximité du palais d’Al-Masmak. Cette exposition avait pour but de célébrer l’Alardah en tant qu’élément authentique du patrimoine culturel saoudien et de mettre en évidence sa valeur culturelle et son lien avec l’identité nationale. L’exposition comportait une présentation visuelle de la performance de l’Alardah sur un cheval, intitulée « Heda », exécutée par le Roi Abdelaziz, qu’Allah lui fasse miséricorde, ainsi qu’une présentation de l’évolution du drapeau national tout au long de l’Histoire de l’État saoudien. Elle comportait également une présentation visuelle à travers des photographies des rois du Royaume exécutant l’Alardah lors de diverses occasions, mettant en évidence les tenues qu’ils portaient ainsi que les épées qu’ils utilisaient. L’un des pavillons de l’exposition est consacré aux artisans de l’Alardah, en mettant l’accent sur les costumes utilisés par les participants de cette danse. L’inauguration de l’exposition coïncide avec la création de l’Institut des Chevaliers de l’Alardah, qui vise à enseigner aux jeunes, et ceux intéressés, l’art de l’Alardah ainsi que ses principes sous la supervision de formateurs professionnels.
Diriyah, berceau de l’Alardah
En 2019, la DGDA a lancé l’initiative « Diriyah, berceau de l’Alardah ». Il s’agit de la première initiative de ce type dans le Royaume qui cible l’enseignement de l’Alardah traditionnelle à des jeunes âgés de 8 à 16 ans. Elle est divisée en deux parcours : le premier inclut des cours dispensés par les danseurs les plus compétents. Le second comprend l’attribution du prix « Diriyah, berceau de l’Alardah », qui exige l’inscription et la présence à des cours afin d’être éligible à la nomination et à la participation. La Commission du théâtre et des arts du spectacle au ministère de la Culture cherche à réglementer toutes les danses folkloriques, notamment l’Alardah saoudienne.
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