Les lieux saints correspondent à trois sites de La Mecque, à savoir Mina, Arafat et Muzdalifah. Ils se situent dans le périmètre de la Grande Mosquée, à l'exception d'Arafat, qui se trouve à l'extérieur. Ce sont des lieux où les musulmans accomplissent des rituels spécifiques pendant la saison du Hadj, du 8 au 13 Dhou al-hijja (le douzième mois du calendrier hégirien) de chaque année. Les pèlerins commencent par Mina, avant de se rendre à Arafat, et enfin à Muzdalifah.
En raison de leur association avec l'accomplissement du Hadj, les musulmans accordent une attention particulière à ces sites depuis les temps les plus reculés. Sous le régime saoudien, les rois du Royaume d'Arabie saoudite n'ont cessé d'aménager ces sites, afin de pouvoir accueillir le grand nombre de pèlerins présent chaque année et de faciliter l'accomplissement des rituels sur chacun des trois lieux saints.
Les lieux saints incluent plusieurs sites du patrimoine islamique, dont beaucoup ont été préservés jusqu'à aujourd'hui. Ils comportent également l'une des plus longues zones piétonnes du monde, avec un sentier qui s'étend sur environ 25 km. Ce sentier part du mont de la Miséricorde (Jabal ar-Rahmah) à Arafat et passe par Muzdalifah avant d'atteindre Mina. Pendant la saison du Hadj, les lieux saints sont le théâtre de l'un des plus grands mouvements humains au monde.
Site de Mina
La dénomination du site de Mina
Le nom Mina se prononce avec un « i » court, à la manière de « Mi-na ». Il existe plusieurs explications à ce nom. L'historien Al-Fakihi mentionne dans son livre « Nouvelles de la Mecque » que son nom est dû au rassemblement des gens à cet endroit, les Arabes ayant l'habitude d'appeler « Mina » tout endroit où les gens se rassemblent. Yaqut Al-Hamawi affirme que son nom provient du sang versé, en référence aux animaux sacrificiels (hady) légitimement abattus par un groupe de pèlerins. Il peut par ailleurs signifier « prédétermination », comme dans « Manna Allah », qui signifie « prédéterminé ». Ibn Uyaynah affirme quant à lui que le nom vient du mot « Manaya », qui signifie « destin ».
Localisation et limites du site de Mina
Le site de Mina se trouve à environ 8,4 km de la Grande Mosquée. Il s'étend sur une superficie d'environ 16,8 km² et est l'un des lieux saints situés dans le périmètre de la Grande Mosquée. La terre de Mina se trouve au sein d'une vallée entourée de montagnes au sud et au nord, tandis que la vallée de Muhassir la borde en direction de Muzdalifah.
Mina est le premier des trois lieux saints vers lesquels les musulmans se rendent lors du pèlerinage du Hadj, qui commence le huitième jour de Dhou al-hijja.
Mina abrite plusieurs monuments. Il contient les trois piliers de pierre (Jamarat) sur lesquels les musulmans lancent des pierres durant le Hadj. Mina abrite également la mosquée Al-Khaif, située sur le versant sud de Jabal Mina. Le site est lié à des événements de l'histoire de l'islam, en raison de son statut de lieu où ont été prononcés le premier et le deuxième serment d'allégeance d'al-Aqaba. La douzième année de la prophétie (en 621 de notre ère), 12 hommes des tribus d'Aws et de Khazraj prêtèrent allégeance au prophète Mohammed, que la paix soit sur lui. Le deuxième serment, incluant 73 hommes et deux femmes, a eu lieu l'année suivante. L'un des chapitres du Coran, la sourate Al-Mursalat, a par ailleurs été révélé à Mina.
L'installation Jamarat à Mina
L'installation Jamarat, également connue sous le nom de « pont de Jamarat », fait partie du site de Mina et couvre une superficie totale de plus de 200 000 m². Cette zone est préparée pour accueillir les pèlerins lors du rituel de lapidation pendant le Hadj, au cours duquel ils jettent des pierres sur les piliers. L'installation comprend les trois piliers Jamarat, à savoir le pilier moyen (Jamrat al-Wusta), le petit pilier (Jamrat al-Sughra) et le grand pilier (Jamrat al-Aqabah). Autrefois, le site était une zone plate avec trois bassins circulaires représentant les trois Jamarat. Au fil du temps, sous le règne saoudien, le lieu a fait l'objet de plusieurs rénovations et développements. Aujourd'hui, Jamarat a une forme ovale et la zone a été réaménagée pour construire l'installation du Jamarat sur plusieurs étages. L'installation, comportant actuellement cinq étages, dispose de fondations conçues pour supporter jusqu'à douze étages à l'avenir. Chaque étage est haut de 12 m et le site de Jamarat peut accueillir environ 500 000 pèlerins par heure.
L'installation comprend également six bâtiments de service, chacun composé de douze étages, d'aires d'atterrissage pour hélicoptères et d'ascenseurs spéciaux pour le transport des ambulances entre les étages. Chaque bâtiment contient trois postes électriques et un générateur de secours. Le site est également équipé d'un système de refroidissement qui disperse une fine brume dans la zone environnante, contribuant à refroidir l'air et à réduire la température à environ 29 °C.
Outre le développement des installations, le site a été réorganisé pour faciliter la circulation des pèlerins au sein du Jamarat, avec 11 entrées et 12 sorties sur les quatre côtés, ce qui contribue à réduire l'affluence. Quatre tunnels, dédiés aux voitures et aux bus, relient les installations de Jamarat à La Mecque. Un système avancé de comptage et de surveillance des pèlerins, composé de plus de 900 caméras, est mis en place, en plus de nombreux systèmes avancés de sûreté, de sécurité et de sonorisation.
Site d'Arafat
La dénomination du site d'Arafat
Le site d'Arafat est également appelé « Arafah » et est mentionné en tant qu'« Arafat » dans le Coran. Il existe diverses explications à ce nom, enracinées dans la culture islamique. Yaqut al-Hamawi mentionne dans son livre « Mu'jam al-Buldan » que le site est nommé ainsi parce que les gens y reconnaissent ou confessent (i'tiraf) leurs péchés. Dans « Lisan al-Arab » d'Ibn Manzur, il est dit qu'Arafat est nommé ainsi parce que les gens y font connaissance (ta'aruf).
Localisation du site d'Arafat
Arafat est le seul lieu saint situé en dehors des limites de la Grande Mosquée. Il correspond à une plaine plate entourée d'un demi-cercle de montagnes, comprenant notamment le mont de la Miséricorde. Il se trouve sur la route menant à Taïf, à environ 10 km de Mina, six kilomètres de Muzdalifah et 20 km de la Grande Mosquée.
Superficie du site d'Arafat
Le site d'Arafat couvre une superficie de 33 km² et peut accueillir plus de deux millions de pèlerins. Le neuvième jour de Dhou al-hijja, les pèlerins se rendent sur ce site conformément aux enseignements de l'islam. Le site d'Arafat n'est actif que pendant les jours du Hadj et ne compte aucun bâtiment ni habitant, à l'exception de plusieurs installations gouvernementales. La Kidana Development Company a mis en œuvre un projet visant à aménager la zone autour du mont de la Miséricorde afin d'accueillir les visiteurs tout au long de l'année.
Site de Muzdalifah
La dénomination du site de Muzdalifah
En arabe, Al-Zulf signifie « Proximité, statut et rang ». Al-Fakihi évoque le site de Muzdalifah dans son livre « Nouvelles de la Mecque », consacrant une section à ses limites et à ses vertus. D'après lui, Muzdalifah est ainsi nommée parce que les gens « s'approchent » du site et ne restent pas sur ses terres pendant toute une journée. Ce lieu est également appelé « Jam », d'après Al-Hafiz Ibn Hajar, qui a mentionné qu'Adam (la paix soit sur lui) y a rencontré Hawwa (Eve) et s'est approché (Izdalaf) d'elle. Qatadah a noté que le lieu est ainsi nommé, car deux prières y sont effectuées ensemble. Certains disent que son nom vient du fait qu'on y séjourne par intervalles pendant la nuit (Zilfa), ou de sa proximité avec Mina. Une autre interprétation est qu'il décrit le rassemblement de personnes pour le culte. Muzdalifah est l'un des lieux où les musulmans se rassemblent pendant le pèlerinage du Hadj. Les pèlerins sont tenus de passer la nuit à Muzdalifah la nuit du dixième jour de Dhou al-Hijjah (la nuit de l'Aïd al-Adha), en accomplissant et en raccourcissant les prières du Maghrib et de l'Isha tous ensemble. Ils y passent la nuit, jusqu'au matin du jour suivant.
Localisation et limites du site de Muzdalifah
Muzdalifah se trouve entre les lieux saints de Mina et d'Arafat, ce qui en fait le troisième lieu saint visité par les musulmans pendant le pèlerinage du Hadj, après Mina et Arafat. D'une superficie totale d'environ 9,63 km², ses limites sont définies par la rive orientale de la vallée de Muhassir à l'ouest, ce qui le sépare du site de Mina. Il est aussi délimité par deux montagnes connues sous le nom de Mufid al-Ma'zamin à l'est, entre lesquelles se trouve une route menant à Arafat. Au nord, il est bordé par le mont Thabir al-Nas'ah, également connu sous le nom de mont Muzdalifah.
Le site a connu des expansions et des développements durant l'ère saoudienne. Les espaces ouverts ont été préparés pour les nuitées et équipés de services pour les pèlerins du Hadj. Cela inclut notamment des installations médicales et de santé, des toilettes et des centres d'orientation et de sécurité.
Monuments du patrimoine islamique au sein des lieux saints
Mosquée Al-Khayf
Mina comprend la mosquée Al-Khayf, considérée comme l'un des monuments du patrimoine islamique. La mosquée se trouve sur le versant du mont Al-Sabih, près de Jamarat Al-Aqaba Al-Sughra. Le mot « Al-Khayf » en arabe désigne la zone qui descend d'une montagne et s'élève au-dessus de la vallée. Le Prophète Mohammed (La paix soit sur lui) a prononcé un sermon sur ce site lors de son pèlerinage d'adieu, alors qu'il se trouvait à Mina. Elle est également connue sous le nom de Mosquée des Prophètes.
La mosquée a été construite dans le style arabo-islamique traditionnel et a été bien entretenue par les musulmans depuis sa construction. C'est sous l'ère saoudienne que la mosquée a connu sa plus grande expansion. En 1987, la mosquée a été agrandie pour atteindre sa superficie actuelle d'environ 23 500 m, avec une capacité d'accueil d'environ 25 000 fidèles.
Elle est équipée des installations essentielles pour accueillir les fidèles, ce qui inclut notamment l'éclairage, l'air conditionné et des toilettes. La mosquée continue à être entretenue, le ministère des Affaires islamiques, de l’Appel et de l’Orientation supervisant plusieurs projets d'entretien et de développement. Ces efforts ont notamment consisté à équiper la mosquée de tapis de haute qualité, ainsi qu'à installer 13 unités centrales de climatisation pour fournir de l'air frais et une trentaine de ventilateurs pour expulser l'air vicié. 214 unités de climatisation distinctes ont par ailleurs été installées au plafond, en plus d'écrans pour éduquer et guider les pèlerins.
Mosquée Al-Bay'ah
La mosquée Al-Bay'ah, également connue sous le nom de « mosquée Jamarat », a été construite en 761 sur le site de Mina. Elle se trouve à environ 500 m de Jamrat Al-Aqaba. Ce lieu revêt une importance historique, car c'est là que les Ansârs ont prêté allégeance au Prophète Mohammed (La paix soit sur lui). La mosquée a été construite sous le règne du calife abbasside Abu Djafar Al-Mansour. Au départ, elle représentait un lieu de prière en plein air comprenant un mihrab, une annexe et une cour. Deux pierres ont été découvertes sur le site, dont l'une portait l'inscription « Le Commandeur des croyants, qu'Allah l'honore, a ordonné la construction de cette mosquée », en référence au calife.
La mosquée conserve encore aujourd'hui certaines de ses inscriptions historiques. Elle fait partie des mosquées incluses dans le projet pour le développement des mosquées historiques de Mohammed ben Salmane, qui vise à préserver leur caractère architectural et à les protéger contre les effets potentiels du temps. La mosquée peut aujourd'hui accueillir 68 fidèles.
Mont de la Miséricorde
Le mont de la Miséricorde se trouve dans la plaine d'Arafat et est connu sous plusieurs noms, notamment Mont Arafat, Jabal Ilal, Jabal Al-Tawbah, Jabal Al-Du'a, Jabal Al-Nabit et Jabal Al-Qarin. Celui-ci est une petite colline avec une large surface, relativement plate. Située à l'est d'Arafat, la colline est constituée de pierres noires massives. Le mont de la Miséricorde mesure environ 300 mètres de long, avec une circonférence estimée à 640 mètres. Une borne de sept mètres de haut se trouve en son centre. La base de la montagne s'élève à environ 65 mètres au-dessus du sol environnant.
Mosquée de Namira
La mosquée de Namira est l'un des sites du patrimoine islamique de la plaine d'Arafat. Le nom « Namira » se prononce avec un « a » sur la première syllabe et un « i » ou un son muet au niveau de la deuxième syllabe. La mosquée se trouve à l'ouest d'Arafat, et une partie de son bâtiment se trouve dans la vallée de l'Arnah. Elle est connue sous plusieurs noms, dont Al-Khalil, Ibrahim, Arnah et Arafat. Les pèlerins s'y rassemblent pour accomplir les prières de Dhuhr et d’Asr le neuvième jour de Dhou al-hijja, conformément aux enseignements de l'islam.
La mosquée a fait l'objet d'une attention particulière sous l'ère saoudienne. Sous le règne du Roi Fondateur Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, elle a été agrandie pour devenir l'une des plus grandes mosquées de la province de La Mecque. Sa superficie dépasse 110 000 m, ce qui permet d'accueillir environ 400 000 fidèles. La mosquée comporte six minarets, chacun d'une hauteur de 60 m, trois dômes et dix entrées principales, pour un total de 64 portes. Une salle de diffusion externe est par ailleurs consacrée à la transmission par satellite du sermon et des prières de Dhuhr et d’Asr le 9 Dhou al-Hijja (le jour d'Arafat).
Mosquée Al-Mashar al-Haram.
La mosquée Al-Mashar al-Haram est située dans la plaine de Muzdalifah, à peu près à mi-chemin entre la mosquée Al-Khayf à Mina et la mosquée de Namira à Arafat, au pied d'une montagne appelée Quzah. À l'origine, la mosquée comportait un mur à l'ouest indiquant la direction de la Qibla. Au fil du temps, elle a été construite sur une superficie d'environ 1 000 m et a été rénovée à plusieurs reprises, notamment sous l'ère saoudienne en 1975. La mosquée mesure aujourd'hui environ 90 m de long pour 56 m de large, et peut accueillir environ 12 000 fidèles. Elle possède deux minarets, chacun d'une hauteur d'environ 32 m. Les entrées sont réparties sur les flancs est, nord et sud.
Le développement des lieux saints
Entité responsable du développement des lieux saints
Plusieurs entités ont entrepris de développer et d'améliorer les sites des lieux saints au fil du temps. Depuis 2021, la Kidana Development Company, une société anonyme détenue par la Commission royale pour la ville de La Mecque et les lieux saints, est chargée de superviser les travaux d'aménagement de ces lieux saints. Le décret royal ordonnant la création de la société a été émis le 7 février 2020. L'entreprise entreprend plusieurs tâches, notamment l'augmentation de la capacité des lieux saints et leur préparation à leur statut de centre culturel durable qui attire des visiteurs tout au long de l'année. Elle est impliquée dans la construction et le développement de biens immobiliers et dans la mise en œuvre de l'infrastructure des lieux saints. L'entreprise collabore par ailleurs avec les entités concernées pour appliquer des normes de qualité, garantir la sécurité des pèlerins et leur fournir des services adaptés.
Les tentes améliorées de Mina
Le gouvernement saoudien a mis plusieurs projets en place pour servir les pèlerins à Mina, notamment avec la construction de 160 000 ten
Les tentes sont fabriquées selon des techniques modernes, en fibre de verre recouverte de téflon, qui résiste aux températures élevées et au feu. Elles ne dégagent pas non plus de gaz toxiques. Les tentes sont équipées d'un système d'extinction automatique qui se déclenche lorsqu'il détecte de la chaleur. La taille des tentes varie, avec des tentes de 48 m , 64 m et 96 m. Elles sont disposées par groupes et entourées de clôtures métalliques avec des portes principales et des sorties de secours, reliées par des allées.
Environ 15 000 unités de climatisation, des toilettes, des aires d'ablution et des cuisines sont disponibles avec ces tentes. Le design des tentes répond à des normes strictes en matière de sûreté et de sécurité, avec environ 30 000 extincteurs automatiques pour les incendies et environ 3 000 caméras pour une sécurité accrue. Plus de 12 000 haut-parleurs sont installés pour guider et orienter les pèlerins. Le système comprend des réservoirs d'eau spéciaux pour la lutte contre les incendies situés dans des tunnels au sommet des montagnes de Mina, formant un réseau de lutte contre les incendies qui s'étend sur une centaine de kilomètres. Le réseau est constitué de canalisations d'un diamètre allant de 250 mm à 700 mm, alimentant 740 bouches d'incendie et environ 800 vannes. Par ailleurs, les allées du camp sont pavées, éclairées et équipées de panneaux de signalisation.
Développement du pont de Jamarat
Le pont de Jamarat à Mina a été construit sous le règne du Roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud en 1974. Il a fait l'objet de plusieurs travaux d'aménagement au fil des ans. On peut notamment citer son élargissement à une quarantaine de mètres de large, ainsi que l'ajout de deux accès par l'est et l'ouest et de deux rampes adjacentes au Jamarat Al-Aqaba depuis le niveau supérieur, au nord et au sud. D'autres travaux d'aménagement ont suivi en 1978, avec notamment la construction de rampes en béton (approches et sorties) dédiées au deuxième niveau du Jamarat, de part et d'autre du pont, en face de l'emplacement du Jamarat mineur.
En 1982, une expansion a été réalisée pour augmenter la largeur du pont d'une vingtaine de mètres et sa longueur de 120 m du côté nord. Cette expansion a été suivie d'une autre en 1987, ce qui a porté la largeur du pont à 80 m et sa longueur à environ 520 m. De plus, la rampe d'accès a été élargie à environ 40 m, pour une longueur de 300 m. Cinq tours ont été construites pour fournir des services aux pèlerins des deux côtés du pont. Une signalétique, ainsi qu'un système d'éclairage et de ventilation ont également été installés, portant à l'époque la surface totale à 57 600 m.
En 1995, le pont de Jamarat est entré dans une nouvelle phase de développement et d'organisation. Des aménagements ont été réalisés à différentes époques pour que son aspect s'adapte avec la facilitation de la circulation des pèlerins. Des modifications et des aménagements similaires ont suivi en 2005, avec notamment des changements dans la structure du pont, en plus de la modification de la forme des bassins, qui sont devenus ovales et non plus circulaires. Les marqueurs ont par ailleurs été ajustés et des sorties de secours ont été créées sur le site de Jamrat Al-Aqaba. Des panneaux d'information et des écrans reliés aux camps de pèlerins ont également été installés, fournissant des informations sur le comportement à adopter en cas de forte affluence.
Avec l'augmentation du nombre de pèlerins l'année suivante, en 2006, il a été décidé de remplacer le pont par une autre structure à plusieurs étages. Cela a permis d'accueillir un plus grand nombre de pèlerins et de contribuer à la fluidité des déplacements et à la sécurité des pèlerins. En 2011, le ministère des Affaires municipales et rurales et du Logement a aménagé le site dans le cadre du projet de développement des installations de Jamarat, en utilisant un système de suspension en porte-à-faux. Le projet a remporté plusieurs prix internationaux, dont trois dans le domaine de la construction.
Le projet a été mis en place pour accroître la capacité du site de Jamarat, qui accueille plus de six millions de pèlerins et leur permet d'accomplir le rituel de la lapidation dans un environnement sûr et sécurisé. Il a également contribué à réduire l'affluence en créant des entrées multiples et espacées sur le pont, en facilitant le flux des pèlerins grâce à l'agrandissement et à la modification des bassins et en construisant des tours de service. Il a aussi permis d'assurer des méthodes d'évacuation, d'améliorer la propreté et d'apporter les fournitures opérationnelles nécessaires.
Il comprenait également l'agrandissement des zones environnantes, en particulier les parties sud et nord, ainsi que le site de Jamrat Al-Kubra, afin de faciliter la circulation des pèlerins et d'accueillir le nouveau pont et ses extensions. Le projet incluait aussi la construction de stations à l'ouest du site de Jamarat pour l'embarquement et le débarquement des pèlerins. La place a été réorganisée suite à son agrandissement, particulièrement au niveau de sa partie orientale, afin de répartir les pèlerins de manière équilibrée.
La structure de Jamarat récemment rénovée s'élève sur plusieurs niveaux. Le niveau inférieur est destiné à l'évacuation et est relié aux niveaux supérieurs par des ascenseurs. Ce niveau est également utilisé pour récupérer les cailloux et les déchets provenant des autres niveaux du pont, afin de les transporter à l'extérieur du site de Jamarat. Le rez-de-chaussée permet aux pèlerins d'effectuer le rituel de la lapidation et est accessible depuis plusieurs directions. Le premier étage, qui dispose d'une visibilité sur le rez-de-chaussée, est accessible depuis le côté du site de Mina par deux rampes situées devant les chemins piétonniers sud et nord. Le deuxième étage est accessible par deux rampes, l'une au nord et l'autre au sud. Le troisième étage est accessible depuis Mina par une rampe partant de la route du Roi Fahd. Les pèlerins peuvent accéder au quatrième étage par le sud en empruntant une rampe sur la rue du Roi Abdelaziz.
Le bâtiment comprend deux tours de service qui ont été construites dans le cadre du projet, avec des héliports et des bureaux dédiés aux différentes entités impliquées dans le Hadj. Le projet a également mis en place un système de ventilation pour l'étage inférieur et des unités de climatisation spécifiques au désert aux premier, deuxième et troisième étages. Le quatrième étage utilise des vaporisateurs d'eau pour le refroidissement de l'air. Un système de surveillance et de contrôle des systèmes de refroidissement de l'air a par ailleurs été installé.
Un système d'éclairage, équipé de générateurs et de transformateurs de secours, a également été mis en place pour tous les étages et au niveau des tours de service, des rampes et des escalators. Un système de sonorisation et de surveillance a aussi été installé, avec des caméras couvrant toutes les parties de l'établissement. De plus, des panneaux d'orientation ont été ajoutés aux entrées, sur le pont et le long des rampes. Des barrières ont été installées au niveau des escalators et des rampes d'accès afin de contrôler l'entrée des pèlerins.
Au cours de la saison 2015 du Hadj, le pont Jamarat a fait l'objet d'une extension qui a notamment permis d'augmenter la superficie de l'esplanade ouest de près de 40 000 m sur le côté nord. Cette expansion avait pour but d'accroître sa capacité et de faire de l'esplanade une sortie menant à la ville de La Mecque. C'est à cette époque que la rue du Hadj a été réorganisée et que son élévation a été abaissée. La route menant à la rue du Prince Majed a également été restructurée, y compris l'intersection avec la rue Al-Masjid Al-Haram, afin de s'aligner sur la nouvelle expansion. Une masse montagneuse a par ailleurs été enlevée pour faciliter ces travaux. Le projet comprenait également la construction d'une route reliant le Shuaib de l'Ouest au troisième niveau du Jamarat. Les tunnels piétonniers ont aussi été agrandis et leurs tracés modifiés pour passer par la route du Roi Khaled.
L'initiative pour lutter contre la pollution visuelle dans les lieux saints
La Kidana Development Company a lancé une initiative visant à lutter contre la pollution visuelle dans les lieux saints. Cette dernière consiste à retirer les éléments non civilisés, à sensibiliser à la préservation de l'environnement, à éduquer le personnel des lieux saints sur ces questions et à protéger les installations publiques. Cette initiative soutient l'un des programmes de la Saudi Vision 2030, celui de la « Qualité de vie », et implique des secteurs opérant dans les lieux saints. Il vise à réduire la pollution visuelle en éliminant les graffitis et les enseignes commerciales illégales, et en élaguant les arbres. L'initiative se sert par ailleurs des terrains vacants comme espaces publicitaires et met en œuvre des projets visant à améliorer la circulation sur les routes principales.
Dans le cadre de son initiative, la compagnie a travaillé à l'amélioration des zones adjacentes au mont de la Miséricorde à Arafat, couvrant une superficie d'environ 200 000 m. Cela avait pour but d'améliorer les installations et les services fournis aux visiteurs tout au long de l'année, en répondant aux exigences contemporaines. L'initiative comprenait la construction d'aires de stationnement pour les bus et les véhicules des visiteurs, la construction de nouvelles toilettes et l'amélioration des toilettes existantes, ainsi que l'amélioration de l'éclairage autour du mont et de ses environs. Elle a également permis d'améliorer les piliers de contrôle climatique et les fontaines d'eau et de créer des espaces verts, des aires de repos et des sentiers de promenade. L'initiative comprenait par ailleurs la mise en place de points de vente pour les restaurants et les cafés, l'établissement d'un système d'information et la construction de tours d'observation pour renforcer la sécurité. Elle a aussi permis la mise à disposition de plateformes pour les chaînes de télévision et la création de sites pour les entités gouvernementales au service des visiteurs et des pèlerins.
Services fournis dans les lieux saints pendant la saison du Hadj
Le train Mashaer
La Saudi Railway Company « SAR » exploite le train Mashaer pendant la saison du Hadj pour faciliter le transport des pèlerins, tout en respectant les normes de qualité et de sécurité. Le train circule du 7 au 13 Dhou al-Hijja et effectue plus de 2 200 voyages. 17 trains circulent entre neuf gares, réparties sur les trois lieux saints, à savoir Mina, Arafat et Muzdalifah. Son premier voyage a eu lieu en 2010, avec un itinéraire de 20 km, reliant le sud-est d'Arafat au sud-ouest de Mina.
Le train est équipé pour permettre aux pèlerins d'y accéder facilement, par le biais d'ascenseurs, de rampes, d'escalators et d'escaliers. Des portillons électroniques séparent le train des zones d'embarquement et d'attente et se servent de capteurs pour reconnaître les détenteurs de billets. Le flux de pèlerins est géré via des chemins spécifiques menant à des zones d'attente pouvant accueillir plus de 3 000 pèlerins.
Le projet comprend 17 trains, pour 204 wagons d'une longueur de 300 mètres chacun. Chaque wagon peut accueillir environ 300 pèlerins, en plus d'un wagon avant et d'un wagon arrière. Le train fonctionne selon un système de contrôle automatisé géré par un centre d'exploitation et de surveillance. Durant son voyage, il s'arrête à trois gares, correspondant à chaque lieu saint, en commençant par Arafat, puis Muzdalifah, et enfin Mina. Il s'arrête à la première gare, puis à la deuxième gare, et enfin à la troisième gare, qui correspond au quatrième étage du bâtiment de Jamarat. Depuis la gare de Jamarat, le train revient en passant par Mina, Muzdalifah, puis Arafat, à des vitesses allant de 80 km/h à 120 km/h.
Le projet a reçu le prix mondial de la FIDIC (Fédération internationale des ingénieurs-conseils) en étant sélectionné parmi 24 projets réalisés dans le monde entier au cours des cent dernières années, pour sa contribution à la réduction des embouteillages et à la protection de l'environnement contre les émissions de gaz à effet de serre. De plus, le chemin de fer Mashaer (ligne sud), situé au sein du bâtiment de Jamarat, a remporté le prix Franz Edelman aux États-Unis pour la meilleure recherche appliquée et les meilleures études opérationnelles.
Efforts numériques pour les lieux saints
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle (SDAIA) renforce son rôle au service des pèlerins grâce à un partenariat stratégique avec le ministère de l'Intérieur. La SDAIA équipe les portes des lieux saints d'une infrastructure numérique afin de sécuriser les déplacements des pèlerins entre la Grande Mosquée de La Mecque et les lieux saints pour les rituels du Hadj en 2023.
La SDAIA soutient les entités gouvernementales, de sécurité, de services et de santé opérant pendant le Hadj, en servant de facilitateur national pour toutes les questions liées à l'intelligence artificielle et aux données. Elle permet de faciliter le déplacement et le transport des pèlerins entre les lieux saints grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle et propose une vingtaine de services pour aider les pèlerins.
La plateforme « Baseer » fait partie des services de la SDAIA, offrant un algorithme qui compte le nombre de pèlerins afin d'aider à gérer les déplacements dans les lieux saints et d'éviter une surpopulation qui pourrait conduire à des bousculades. La plateforme aide par ailleurs les entités concernées à prendre les mesures appropriées en cas d'encombrement susceptible de perturber les déplacements ou d'entraîner une forte densité au niveau de l'un des lieux saints. Elle répond à ce type de problème en orientant les pèlerins vers des zones moins fréquentées. Cette technologie permet également de localiser des personnes disparues dans de grandes foules. La SDAIA améliore ses opérations de manière continue, chaque année, afin d'améliorer les services technologiques fournis sur la base des connaissances acquises au cours de chaque saison du Hadj.
La municipalité de la capitale sainte soutient les lieux saints via divers services numériques. Durant la saison 2023 du Hadj, elle a introduit diverses applications pour gérer 28 centres de services dans les lieux saints. Ces centres contribuent au développement et à l'amélioration des performances institutionnelles en réorganisant les processus et les procédures et en permettant aux unités organisationnelles de numériser leurs opérations. Ils réalisent par ailleurs une surveillance sur le terrain et restituent cette surveillance sous différents formats (vidéo, audio, texte), en reliant toutes les images et tous les clips à des emplacements géographiques et en produisant des rapports.
Diverses applications ont été activées pour servir les pèlerins, dont une qui permet notamment de délivrer des permis temporaires aux propriétaires de cuisines. Les candidats doivent soumettre leurs demandes par l'intermédiaire du système, qui les transmet automatiquement à la municipalité pour vérification. Cela facilite les opérations des propriétaires de cuisines et de restaurants en garantissant qu'ils répondent à des exigences spécifiques, ce qui leur permet de fournir des services organisés adaptés pendant la saison du Hadj. La programmation de l'abattage est également gérée électroniquement.
La municipalité a adopté un système électronique de gestion des équipements de nettoyage afin d'offrir un environnement sûr et sain aux pèlerins dans les lieux saints. Une salle d'opération, se servant des technologies modernes, a été mise en place pour la surveillance électronique. Cela permet de garder un œil sur les équipements et les machines et de vider les conteneurs.
Ces solutions intelligentes améliorent l'expérience des pèlerins et rationalisent les procédures pendant la saison du Hadj, contribuant ainsi à la réalisation de l'objectif de la Saudi Vision 2030, qui consiste à développer les services gouvernementaux grâce aux technologies modernes.
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