Les Rawashins

Les Rawashins sont des fenêtres ou des balcons en saillie faits de panneaux de bois et utilisés pour couvrir les ouvertures extérieures des maisons. Ils sont caractéristiques du style architectural Hijazi ancien dans les villes de Djeddah, La Mecque , Médine, Yanbu, et Taïf au Royaume d’Arabie saoudite.

On construisait les Rawashins dès le XII siècle parce qu’ils étaient réputés atténuer les fortes chaleurs. Leur conception graphique permettait à l’air extérieur de pénétrer dans la maison et d’assurer un rafraîchissement naturel.

Faisant évoluer l’architecture et les arts islamiques, les Rawashins étaient autrefois utilisés pour diverses raisons. Ils servaient de fenêtres laissant entrer la lumière du soleil, de rideaux pour réguler la luminosité, de meubles et d’éléments essentiels du système de ventilation de la maison. Parfois, ils permettaient de prolonger une pièce au-dessus de la rue attenante. La conception extérieure des Rawashins permet de regarder à l’extérieur tout en protégeant l’intimité des occupants à l’intérieur de la pièce. Elle permet d’ouvrir complètement ou partiellement le « qallalib » et de contrôler l’angle de vue, l’intensité de la lumière, l’effet d’éblouissement et la force des courants d’air.

Souvent, les Rawashins s’accompagnent de bancs attenants à l’extérieur de la maison, faits de pierre ou de brique, communément appelés « Dekka ». Ces bancs ne dépassent pas 60 cm de hauteur et sont de la même largeur que le mur de la maison. Ils servent principalement de sièges pour les membres les plus âgés, mais aussi pour les autres membres de la famille, offrant une vue à travers le Rawashin de l’autre côté du banc.

Dans l’architecture saoudienne, on distingue trois types de Rawashin. Le premier, Al-Masmat, dépasse légèrement le mur auquel il est attaché. En général, ce style ne comporte pas de sculptures importantes et se présente comme un habillage en bois, qui s’étend du haut de la maison jusqu’à ses fondations et à l’entrée principale. C’est le plus simple des trois types et on le trouve généralement sur l’un des côtés extérieurs, près de l’entrée de la maison. Dans son cadre, il contient des fenêtres rectangulaires ou arquées, ornées de sculptures en fer complexes. Les fenêtres rectangulaires des niveaux supérieurs indiquent le début de chaque étage de la maison. La plupart des modèles de Al-Masmat ne sont pas surmontés d’un toit en couronne ni d’un auvent.

Le second type de Rawashin est le « Al-Bariz » (style projeté) qui se caractérise par des motifs géométriques et des décorations plus complexes. Cet ouvrage minutieusement réalisé est généralement placé au-dessus des entrées des maisons, donnant une apparence élégante avec ses fils ornés et ses éléments décoratifs. En général, ce modèle particulier est conçu soit comme une suite d’unités continues qui occupent tout l’étage supérieur, soit comme un alignement vertical de blocs distincts, chacun possédant son design unique à tous les niveaux du bâtiment. Les structures des Rawashins sont embellies de décorations architecturales verticales, souvent en forme de couronne ou d’auvent creusé, situés au sommet du bâtiment.

Le troisième type est le « Roshan », qui comporte un balcon. Il se compose d’une combinaison d’éléments distincts formant une saillie sur la partie prolongée de la façade de la maison, que l’on appelle balcon. Cependant, les divisions, les grilles et les ouvertures sont plus variées. Ce type de structure consiste en un store ou un auvent qui s’étend et s’incline vers l’extérieur ou qui couvre la surface à plat. Les dimensions, les formes et les autres caractéristiques de ces stores ou auvents varient d’une maison à l’autre.

Les Rawashins sont de trois couleurs : bois, nuances de marron et vert. Ils comprennent des motifs esthétiques qui se détachent sur les murs des bâtiments, donnant sur la rue ou sur une cour centrale. Ces blocs sont soutenus par des câbles de bois en saillie, qui mettent en valeur le savoir-faire artisanal à travers des travaux de bois complexes dans les sections entremêlées et les encadrements de fenêtres. Ils sont souvent constitués de petits panneaux en treillis

Les Rawashins de la province de La Mecque sont les plus hauts et les plus grands du monde islamique. Ils sont placés en rangs superposés et s’étendent souvent du rez-de-chaussée aux étages du haut ou encerclent horizontalement les niveaux supérieurs pour couvrir l’ensemble de la façade du bâtiment.

Le quartier historique de Djeddah garde dans les ruelles d’al-Sham, al-Mazloum, al-Bahr et al-Yemen, le charme intemporel de l’architecture traditionnelle. Les fenêtres Rawashin restent les témoins de l’authenticité du style architectural hijazi ancien et apportent un supplément de patrimoine et d’histoire au quartier. En reconnaissance de son importance culturelle, le quartier historique de Djeddah a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2014.